Le 1er février 2021, l’armée birmane a renoué avec sa tradition putschiste en déposant le gouvernement et arrêtant de nombreux militants politiques, associatifs et artistes. La clique de militaires menée par Min Aung Hlaing, le chef de l’armée, n’a pas supporté la défaite cinglante de son parti, l’USDP, aux élections parlementaires de novembre dernier. La LND, parti d’Aung San Suu Kyi avait en effet obtenu le score de 83 %, ne laissant que 33 sièges à l’USDP en plus des 25 % attribués d’office à l’armée. Cette large majorité et la dynamique populaire qu’elle exprime, de manière certes déformée, pouvaient faire craindre à l’armée des réformes démocratiques dont le putsch démontre — s’il le fallait — l’urgence.
Les putschistes et Min Aung Hlaing en premier lieu sont tristement célèbres pour le génocide contre les Rohyingas après l’avoir été pour la répression contre les moines en 2007 lors de la « révolution de safran », et pour la répression de la minorité Karen. Après avoir passé des décennies à amasser une fortune considérable grâce à ses participations dans les conglomérats les plus profitables du pays, il ne semblait pas disposé à raccrocher les galons en juin dernier et s’exposer aux procédures en cours devant les juridictions internationales qui le visent.
Des centaines de milliers de jeunes, de travailleurs, de paysans mais aussi d’infirmiers, de moines, de juges se sont levés contre les putschistes. Ils étaient des milliers dans les rues du pays dès le 6 février. Les putschistes ont fait pleuvoir contre eux la répression aux multiples visages. Cette dernière a pu prendre la forme de l’intervention des forces anti-émeutes, des arrestations, de la censure d’Internet, jusqu’aux nombreux morts dans les manifestations, en particulier ce dernier week-end. Mais la junte a aussi acheté des pauvres — dont la pandémie actuelle a encore empiré la situation — et libéré des prisonniers pour les jeter contre les manifestants…
Mais cette répression insupportable, ces manœuvres, n’ont pour le moment pas entaché la détermination du peuple birman qui s’est à nouveau soulevé ces derniers week-ends dans la plus grande révolte de l’histoire moderne du pays. Le peuple birman peut également s’appuyer sur les expériences de mobilisations de ces derniers mois à Hong Kong et en Thaïlande dont elle a d’ailleurs adapté le signe de ralliement : les trois doigts levés.
Le NPA adresse au peuple birman toute sa solidarité militante dans son combat pour la liberté, la démocratie et pour des élections libres. Nous exigeons avec lui la reconnaissance des élections de novembre et la libération immédiate de tous les prisonniers politiques.
A Montreuil, le lundi 1er mars 2021