Depuis 7 mois, le peuple du Rif mène une lutte ininterrompue pour défendre ses droits sociaux, démocratiques, culturels. Il exige de véritables services publics, la construction d’hôpitaux et de dispensaires de santé, des infrastructures scolaires et universitaires, des centres de loisirs et culturels, l’arrêt de la corruption et des mafias maritimes et forestières, un véritable désenclavement de la région, des projets créateurs d’emplois, l’arrêt du harcèlement des petits paysans et de la confiscation de leurs terres, l’usage de la langue amazigh dans les administrations locales.
Il réclame la fin de la militarisation qui règne depuis les années 50, la vérité et la justice pour les jeunes assassinés durant le Mouvement du 20 février en 2011, la libération des prisonniers du mouvement, la condamnation des responsables de la mort de Mohcine FIKRY broyé dans une benne à ordure.
Depuis plusieurs mois des comités de base structurent dans toutes les localités le mouvement populaire. Il s’agit d’un véritable mouvement de masse qui n’a cessé de s'étendre. En face le pouvoir a mené une propagande haineuse visant à délégitimer et criminaliser la contestation. Il l’a présenté comme étant instrumentalisée par des séparatistes inféodés à des intérêts étrangers visant à créer la sédition et provoquer un scénario à la libyenne. Il a multiplié les interventions répressives et utilisé les nervis (baltagias) du régime. Coté carotte, il a fait miroiter des projets de plusieurs milliards de dirhams supposés répondre aux demandes sociales. Rien pour autant n’a arrêté la mobilisation : ni les dénigrements, ni la menace d’une répression sanglante, ni les promesses faites par les ministres. A juste titre, la population demande à ceux d’en haut, "s'ils sont un gouvernement ou un gang". Pour elle, les corrompus doivent dégager, le Rif est une terre libre et le système du Makhzen n’a rien à y faire. Le préalable de toute négociation est la libération des détenus, la levée de la militarisation, les seuls interlocuteurs légitimes sont les représentants du mouvement populaire et il n’y aura pas d’arrêt de la lutte sans la satisfaction des revendications.
Le succès de la journée du 18 mai, où à Al Hoceima a vu affluer des dizaines de milliers de personnes bravant les barrages militaires avec une grève générale totale, a montré que le mouvement était loin de refluer. Depuis, la lutte n’a cessé de s’étendre et de gagner diverses villes du royaume. L’affolement gagne le pouvoir qui réprime à tout va au risque de voir la situation lui échapper. Des dizaines d’animateurs et des portes paroles de la lutte comme Nasser ZAFZAFI sont arrêtés. Depuis plusieurs nuits, les heurts sont incessants et les manifestations quotidiennes.
Le NPA affirme sa solidarité totale avec la lutte du peuple du Rif et l’ensemble du peuple marocain pour la liberté, la dignité et justice sociale. Il condamne la répression et sa militarisation, et exige la libération de tous les détenus et l’arrêt des poursuites. Il appelle à la construction d’un vaste mouvement de solidarité internationale jusqu’à la satisfaction des revendications de la population. Il s’associe à tous ceux et celles qui luttent pour un Maroc délivré de la dictature, de l’oppression et de la misère.
Montreuil, le 31 mai 2017