Le gouvernement vient d'annoncer un plan de coupes budgétaires de 331 millions d’euros dans l’enseignement supérieur et la recherche. Le candidat Macron avait pourtant annoncé lors de sa campagne qu'il souhaitait « sanctuariser le budget de l'enseignement supérieur ». On voit ce que vaut ce genre de promesses lorsqu'elles sont prononcées par des hommes politiques uniquement préoccupés de sanctuariser les intérêts des plus riches et des grandes entreprises. Edouard Philippe vient en effet d'annoncer une baisse de l'impôt sur les grandes fortunes (ISF) et de l'impôt sur les bénéfices des sociétés. La première fera gagner aux ménages les plus riches – et coûtera à l'Etat – 3 milliards d'euros, le Premier ministre précisant sans rire : « C'est 3 milliards d'euros qui sont rendus aux Français ». Preuve que les coupes imposées à l'Université ne découlent pas d'une implacable logique comptable (un manque d'argent dans les caisses de l'Etat) mais d'un pur choix politique : celui d'une redistribution des richesses à l'envers, puisqu'une nouvelle fois on veut prendre au service public pour donner aux plus riches, qui ne se sont pourtant jamais portés si bien. Mais ce n'est pas tout. Profitant d'une situation absurde créée par les gouvernements successifs, où 87 000 bacheliers se retrouvent sans affectation universitaire, la classe dominante est à l'initiative pour tenter d'imposer – une nouvelle fois ! – la prétendue nécessité d'une sélection à l'université. Un éditorial du Monde plaide ainsi pour cette vieille lubie des gouvernements conservateurs en prétendant que la sélection scolaire – dont on sait qu'elle est aussi sociale, puisqu'elle aboutit à éliminer prioritairement les jeunes des classes populaires – serait plus juste que le tirage au sort. Cette fausse alternative doit être dénoncée : elle n'a pour fonction que de justifier la destruction déjà en cours de l'Université publique. Remarquons au passage la profonde injustice qu’il y a à vouloir instaurer une sélection à présent que le bac est devenu plus accessible au plus grand nombre, et notamment aux enfants des classes populaires. Ce dont l'Université a besoin, c'est donc de davantage de moyens : pour permettre à chaque bachelierE de suivre des études dans la filière de son choix, pour améliorer les conditions d'accueil et d'étude des étudiantEs (il n'y a pas de raison que l'Etat n'aligne pas les moyens de l'Université sur ceux accordés aux classes préparatoires aux grandes écoles), pour embaucher les dizaines de milliers de précaires – personnels BIATSS et enseignantEs-chercheurEs – sans lesquelLEs l'Université ne pourrait fonctionner, et pour revaloriser les salaires. Le NPA appelle donc à la mobilisation la plus large, dès la rentrée universitaire, pour imposer le retrait des coupes budgétaires dans l'enseignement supérieur et la recherche, contre l'instauration d'une sélection, et pour une véritable démocratisation des études supérieures. Ni tirage au sort, ni sélection : il faut un plan d'investissement public massif dans l'Université et la recherche publiques ! Montreuil, le 20 juillet 2017
Crédit Photo
DR.