L’assassinat du général iranien Ghassem Soleimani par les États-Unis, le 3 janvier à Bagdad, est un coup de tonnerre dans un ciel déjà fort peu serein. C’est un sérieux palier qui a été franchi par Trump, dont la conséquence sera d’approfondir encore un peu plus le chaos dans la région.
Soleimani était une figure essentielle du régime iranien. Commandant de la Force Al-Qods, il était considéré comme le numéro 2 du régime. Les résultats de cet assassinat ne se sont d’ailleurs pas fait attendre, avec l’annonce faite par l’Iran de son émancipation de l’accord sur le nucléaire, et le vote par le Parlement irakien d’un texte demandant le départ des troupes US. L’Iran a en outre fait part de son intention de venger Soleimani, sans que l’on sache le type et l’ampleur de la riposte envisagée.
De son côté, Donald Trump a annoncé qu’en cas de riposte de l’Iran les États-Unis lanceraient une opération d’envergure contre 52 sites « de très haut niveau et très importants pour l’Iran et pour la culture iranienne ».
Dimanche 5 janvier, Macron s’entretenait au téléphone avec Trump pour l’assurer de son « entière solidarité », menaçant l’Iran à mots à peine couverts. Soit, aux lendemains d’une agression caractérisée, un alignement de facto sur les positions belliqueuses des États-Unis, qui pourraient conduire à une généralisation du chaos régional.
Le NPA condamne l’assassinat de Soleimani, affirme son opposition aux aventures militaires meurtrières de Trump et de ses alliés, dont la France, et exige qu’ils stoppent toutes leurs interventions et ingérences militaires dans la région.
Ce qui ne nous amène pas à repeindre l’Iran en force anti-impérialiste, avec un Souleimani érigé en martyr et ami des peuples. Il est en effet, entre autres, celui qui a dirigé l’intervention iranienne en Syrie, destinée à détruire, au côté des forces russes, le soulèvement anti-Assad, avec pour résultat des centaines de milliers de mortEs et des millions de réfugiéEs et déplacéEs.
Les rivalités inter-impérialistes, les ambitions des puissances régionales et les politiques autoritaires se nourrissent pour écraser les peuples. L’une des conséquences de l’assassinat de Soleimani pourrait être l’affaiblissement du mouvement populaire en Irak, au nom de la solidarité avec l’Iran et de l’opposition aux USA, et une marginalisation accrue des forces progressistes en Iran, deux mois après le soulèvement contre la vie chère et contre le régime, réprimé dans le sang.
Opposés aux menaces de guerre régionale totale agitées par Trump avec le soutien de Macron, c’est aux peuples de la région, en première ligne face à une telle fuite en avant, que nous apportons notre soutien, déjà meurtris dans leur chair par les guerres et les politiques autoritaires.
Montreuil, le 7 janvier 2019.