La victoire de Barack Obama dans un pays marqué par le rejet de la minorité noire, l'esclavage, la ségrégation et les discriminations, est vécue aux Etats-Unis et dans le monde comme une victoire symbolique majeure contre le racisme.
L'élection d'Obama s'explique d'abord par le discrédit du gouvernement Bush : Mac Cain incarnait la continuité de sa politique antisociale et de guerre. Dans un pays qui se trouve au cœur de la crise qui secoue le capitalisme, la volonté de changement a nourri une mobilisation populaire très forte sur le terrain électoral.
Cependant Barack Obama va se trouver confronté à une véritable débâcle. L'économie est entrée en récession, et la crise économique va forcément entraîner une crise sociale très profonde. L'une des caractéristiques du modèle US est en effet un creusement spectaculaire des inégalités : la part du revenu total allant aux 10 % les plus riches est passée en 8 ans de 35 % à près de 50 %. L'écrasante majorité de la population a vu son niveau de vie stagner, voire reculer. Le marché de l'emploi se dégrade sans cesse, le chômage a atteint au mois d'octobre son plus haut niveau depuis 14 ans.
Soutenu par les patrons et les financiers
Il y a donc une forte attente dans les classes populaires américaines, mais celles-ci risquent de déchanter très vite. On ne peut oublier que le parti démocrate est un des deux partis du système, et qu'aucune mesure favorable aux travailleurs ne figure à son programme.
Barack Obama, c'est le candidat qui a été choisi par une grande partie de la classe possédante et des milieux de la finance pour prendre des mesures de sauvetage du capitalisme et de leurs intérêts. Ainsi, le principal journal (« Financial Times ») et le premier magazine (« The Economist ») de référence des grands patrons et banquiers américains, ont tous deux appelé à voter Obama.
Pas d'illusion non plus en ce qui concerne la politique étrangère. Si Obama a affirmé vouloir retirer en seize mois les troupes stationnées en Irak, il compte renforcer la présence américaine en Afghanistan et se dit prêt à envoyer des soldats au Pakistan. Le 8 novembre, le futur numéro un américain a même pris des accents « bushiens » pour menacer l'Iran.
Afin que les travailleurs et les classes populaires américaines ne se réveillent pas avec la « gueule de bois », il faut espérer que la liesse populaire ouvre la voie à une résistance à la politique qu'Obama va appliquer, à une mobilisation pour imposer des mesures sociales face à la crise et le retrait des troupes américaines d'Irak et d'Afghanistan.
Le 10 novembre 2008