Olivier Besancenot traverse-t-il une mauvaise passe ? Alors que le contexte de crise devrait normalement être très favorable à sa formation d’extrême gauche, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), le vent ne semble pour l’instant pas si bon.
Les derniers sondages montrent un tassement du NPA qui tourne autour des 5 % d’intentions de vote pour les élections européennes du 7 juin.
« On prend cela au sérieux, évidemment, reconnaît Pierre-François Grond, un membre de la direction, mais nous ne commentions pas les sondages quand ils nous étaient favorables ; on ne va pas s’y attarder non plus quand ils sont moins bons. » Grond concède toutefois que son parti traverse « un petit trou d’air ».
Le «trou d’air » semble profiter au Front de gauche composé de Jean-Luc Mélenchon et du Parti communiste, qui se trouve au coude-à-coude dans les sondages avec le parti de Besancenot. Un Front de gauche que le NPA avait refusé de rejoindre pour les européennes, estimant qu’il ne s’engageait pas à refuser l’alliance avec le PS pour les prochaines élections nationales. « Leur refus de l’unité se retourne contre eux », interprète Christian Picquet, ancien membre du NPA aujourd’hui numéro trois de la liste Front de gauche en Ile-de-France. « Ensemble, on serait à plus de 10 % » Beaucoup d’électeurs ne comprennent pas le choix du NPA. « Pourquoi Besancenot ne va-t-il pas avec Mélenchon ? Ensemble, on serait à plus de 10 % », interroge Jean-Marc, venu hier soutenir les salariés de l’entreprise Celanese qui manifestaient près de l’Assemblée nationale en présence du facteur de Neuilly. « Cette attitude sert la droite », fustige-il.
Au sein même du NPA, ce refus d’une alliance fait encore grincer des dents. « C’est une sacrée claque pour mon parti, car ce résultat invalide toute son orientation », explique sur son blog Gilles Suze, militant de Charente-Maritime, commentant les derniers sondages. Un courant Convergences et Alternatives s’est même créé au sein du NPA pour appeler à « un front unitaire dans les luttes comme dans les élections ».
Preuve d’un véritable malaise.Besancenot, lui, balaie toutes ces critiques et refuse de penser que son parti paie le refus du rassemblement. Il explique les sondages par le manque de mobilisation : « Les abstentionnistes sont du côté des jeunes. Or ce sont eux qui votent pour nous habituellement », assure-t-il.
Peu impliqué jusqu’à présent dans la campagne, Besancenot, numéro 3 en Ile-de-France, va commencer à être plus visible jusqu’au scrutin du 7 juin en multipliant les meetings. Il sera ce soir à Bordeaux, auprès de la tête de liste du Sud-Ouest Myriam Martin. Même s’il se défend d’être « dans une course à l’échalote avec le Front de gauche », il compte bien arriver en tête de l’extrême gauche. Besancenot le sait : le contraire serait interprété comme un échec pour son nouveau parti, qui affronte son premier test électoral.
Rosalie Lucas