PORT-LEUCATE (Aude), 26 août 2010 (AFP) - Solutions anticapitalistes, question du voile, "compromission" du Front de gauche avec le PS : les militants du NPA, réunis sous un soleil de plomb à Port-Leucate planchent sur l'avenir d'un parti en crise qu'Olivier Besancenot ne veut plus incarner seul. Au village-vacances des Carrats où un bon millier d'adhérents sur les 8.000 que compte le parti participent à l'université d'été, l'heure est au débat et à la réflexion après l'échec électoral des régionales (2,5%). Devant la mini-boutique du NPA où elle vient d'acheter un tee-shirt "Révolution" à son mari, Nathalie Ménard, quadragénaire de Cherbourg, affirme que "plus ça avance, plus (elle est) convaincue" qu'il faut "une gauche de gauche sur des bases clairement anticapitalistes". Celle qui a adhéré à la LCR (devenue NPA) au soir du 21 avril 2002 quand Jean-Marie Le Pen atteignait le second tour de la présidentielle, mise sur le "ras-le-bol" des "flagrants délits de connivence entre politiques et milieu d'affaires" et sur la mobilisation pour les retraites pour redonner des couleurs au NPA. Non loin d'une affiche imitant un billet de 500 euros avec Nicolas Sarkozy et Eric Woerth ("dehors! parce qu'ils ne valent rien!"), Matthieu Pierangelo de Besançon, reconnaît que le NPA "a eu l'illusion d'être tout seul à la gauche du PS" au moment de sa fondation (février 2009) et "on a enterré le PC un peu vite". Mais ce fonctionnaire de 29 ans pour qui les scores électoraux importent finalement peu, est confiant sur l'avenir du NPA, jugeant que "la crise grecque, les expulsions de logements aux Etats-Unis ou la crise nationale rendent "nécessaires les solutions anticapitalistes". Dans les salles Karl Marx et Che Guevara ou sous le chapiteau Louise Michel installé devant la plage et toujours bien rempli malgré les 33°, les débat sur la crise, le "socialisme du XXIe siècle" ou la religion se succèdent, dans un parti secoué par la polémique pour sa candidate voilée présentée au régionales dans le Vaucluse. "Quand une personne veut adhérer au NPA, si elle est anticapitaliste et défend les valeurs féministes, peu importe qu'elle soit catholique, protestante ou musulmane", argue Céline Isnardon, une croix autour du cou. Pour cette jeune Nîmoise, "certaines femmes non voilées sont bien plus opprimées". Mais, comme beaucoup d'autres, Nathalie, "féministe et laïque", juge que "porter le voile est une forme d'oppression". La question pourrait être tranchée au congrès de novembre dans un parti qui lorgne l'électorat des quartiers populaires et propose des repas spécial ramadan à Port-Leucate. Tous sont en revanche unanimes sur la ligne anti-PS. Difficile en effet de trouver dans les allées des militants pro-unité avec le Front de gauche (PCF-Parti de gauche), accusé de "pactiser" avec les socialistes. "Battre Sarkozy d'accord" mais "pas de compromis possible" avec le PS, "un parti libéral", fait valoir Manu, militant toulousain. Pour 2012, une candidature NPA semble donc toute tracée. Mais Olivier Besancenot qui ne veut plus être l'unique porte-parole rechigne à se présenter pour la troisième fois alors que la direction l'y pousse. Pour Monique, née "en plein Front populaire", il sera "difficile" de "trouver quelqu'un avec son bagout". "On rame un peu", reconnaît-elle, tout en déplorant le "piège de la personnalisation" dans lequel "nous enferment" le médias. jud/mad/phb