Une situation inextricable qui conduit l'Etat à agir. Dix jours après le début du conflit social chez le transporteur Phébus, la préfecture prend les choses en main alors que pratiquement aucun bus ne circule. Un médiateur -- un fonctionnaire de l'Inspection du travail -- a été nommé, lundi après-midi, afin d'engager direction et syndicats à se parler. La démarche n'a pas abouti mais le fil a été renoué. Hier matin, le tribunal de grande instance a examiné un référé de la direction de l'entreprise dénonçant le blocage du dépôt des Mortemets par les chauffeurs grévistes. « Je pense que ce n'est pas le tribunal compétent puisque les salariés occupent l'espace public et non l'entreprise. Ils n'empêchent pas le personnel de Phébus de travailler. C'est le tribunal administratif qui doit statuer au nom de l'administration », commente David Métin, avocat de l'intersyndicale. Quoi qu'il en soit, la décision du tribunal, qui devrait tomber en fin de matinée aujourd'hui, est très attendue. Notamment de la part des pouvoirs publics. « Le préfet privilégie une solution négociée mais avisera en fonction de ce que dira la justice en laissant toutes les options ouvertes », déclare un de ses proches collaborateurs. « Il faudra que cela aille vite après la décision du juge », prévient cette même source, qui se montre cependant gênée par la tournure des événements dans ce conflit où les deux parties restent enracinées sur leurs positions. Du côté des grévistes, la solidarité reste de mise. En début de soirée, sous une pluie battante, ils ont reçu la visite d'Olivier Besancenot, le chef de file du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), en tournée dans le département. Après avoir écouté un résumé de la situation, il a apporté son soutien aux salariés. « Si vous êtes reçus par les pouvoirs publics, dites leur de faire pression sur la SNCF, votre actionnaire, car ils ont encore du pouvoir sur elle », a lancé le leader du NPA qui a aussi invité les grévistes à en faire autant avec le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), bailleur de fonds des transporteurs et émanation de la région d'Ile-de-France. La baisse d'une prime a déclenché la grève C'est aussi le sens de la lettre adressée, hier, par François de Mazières, le maire DVD de Versailles, à Jean-Paul Huchon, président PS de la région, pour qu'il intervienne auprès de l'opérateur afin de rétablir le service « au plus vite » et qu'il procéde à « un remboursement » envers les usagers. Les grévistes sont toujours déterminés. « C'est la baisse subite de la prime de 800 à 200 EUR qui a fait monter la pression. Cet argent, on en a besoin pour payer les impôts », affirme un chauffeur. Du côté de la direction, c'est encore la fermeté qui prime. « Nous attendons la décision du juge et tant que le trafic ne reprendra pas, il n'y aura aucune négociation possible », martèle Grégoire Maës, le directeur de Phébus. Y a-t-il des avancées possibles, à ses yeux ? « Aucune à ce stade », répond ce dernier.
Laurent Mauron