Macron s’est fait depuis plusieurs années le roi d’un double discours sur la position de la France dans le monde. D’un côté il prétend restituer des œuvres d’art volées aux pays d’Afrique et reconnait formellement la responsabilité de la France dans la colonisation. Mais, « en même temps », il multiplie les mesures racistes et colonialistes. Le « sommet Afrique-France » de Montpellier est un nouvel exemple de cette hypocrisie. Le NPA sera présent et manifestera lors du contre-sommet, avec son candidat Philippe Poutou.
Macron maintient la dépendance financière des État africains
La fin du Franc CFA a été annoncée. Celui-ci a permis jusqu’à aujourd’hui à la France de contrôler la monnaie de ses anciennes colonies d’Afrique, de maintenir 50% des réserves de change des pays ouest-africains au Trésor français, de faciliter la vie financière des entreprises européennes en Afrique en termes d’investissements et de vente de leurs produits.
Face à la contestation contre le Franc CFA, une nouvelle monnaie est en préparation, l’ECO, mais elle permettra de maintenir la domination de la France et de ses multinationales (Bolloré, Total…) sur les économies africaines.
De plus, la « dette » de l’Afrique continue à se développer, elle a été multipliée par trois en 10 ans, les remboursements représentant le quart des revenus de nombreux pays, à tel point que même le FMI a recommandé la suspension du remboursement pour 77 pays pauvres, dont certains en Afrique.
Il faut annuler la dette des États africains, maintes fois remboursée, et c’est aux puissances coloniales de rembourser ce qu’elles ont pillé.
La présence militaire maintenue
Sous prétexte de guerre contre le terrorisme, la France maintient près de 9000 militaires en Afrique, sans compter les mercenaires, dont 5100 au Sahel dans le cadre de l’opération Barkahne qui a coûté officiellement près d’un milliard d’euros. Et quand aujourd’hui Macron décide de réduire Barkhane, ce n’est que pour remplacer une partie de ses troupes par des troupes de pays africains sous contrôle de la France.
Cette présence militaire permet à la France d’exercer un contrôle sur les relations entre les pays, de garder la possibilité d’intervenir contre des régimes trop indépendants de sa domination ou contre des mouvements menaçant ses alliés dictateurs, au nom de la « lutte antiterroriste ».
Nous réclamons le retrait de toutes les troupes françaises d’Afrique. Leur présence fait partie du problème et non de la solution pour les peuples africains en quête d’émancipation.
Politique coloniale en Afrique… et en France
Le gouvernement vient de décider de limiter drastiquement les visas depuis le Maghreb, participant à la campagne xénophobe anti-immigréEs. Même le Figaro s’interroge : « Est-ce l'effet Zemmour sur la campagne présidentielle ? Emmanuel Macron, en tout cas, durcit singulièrement le ton sur l’immigration. »
Ce sont ainsi des familles qui peuvent restées séparées, des étudiantEs privéEs d’études, des victimes de la répression, de la crise climatique ou économique qui ne peuvent pas émigrer, et des échanges culturels, touristiques et scientifiques qui sont impossibles. Les frais d’inscription des étudiantEs étrangerEs, ont été décuplés, passant à 2770 euros en licence là où les européenEs paient 170 euros, les extra-européenEs ne bénéficiant qui plus est pas de bourses.
La liberté de circulation et d’installation est pour nous la seule réponse à donner pour faciliter les échanges, supprimer le travail clandestin, la pauvreté et les trafics, reconstruire une solidarité entre celles et ceux d’en bas plutôt que la concurrence, permettre le développement des pays dominés.
La politique coloniale a aussi un volet intérieur, avec les contrôles au faciès, les blessures et morts par des policiers, ainsi que les discours islamophobes qui ne sont certes pas une nouveauté mais perpétuent les rapports coloniaux entre l’État français et les étrangerEs et descendantEs d’immigréEs. Notre anticolonialisme est aussi un antiracisme !
Le 6 octobre 2021