Vendredi 11 novembre, les troupes ukrainiennes libéraient Kherson, la seule capitale régionale prise par l’armée de Poutine depuis le déclenchement de son invasion de l’Ukraine il y a neuf mois. Deux jours plus tôt, l’état-major russe avait annoncé son retrait de cette ville et de tous les territoires conquis sur la rive droite du Dniepr depuis le 24 février dernier.
L’état-major avait ainsi entériné un revers majeur pour Poutine, avec l’impossibilité pour ses troupes dont les voies d’approvisionnement étaient coupées, d’éviter une débâcle à court ou moyen terme dans cette région. Pourtant, le 30 septembre, Poutine avait proclamé l’annexion à la Russie des oblasts (régions administratives) de Kherson comme ceux de Zaporijjia, Donetsk et Louhansk, précisant que les habitantEs de ces régions « deviennent nos citoyens pour toujours ».
Crimes de guerre à grande échelle
L’accueil populaire des troupes et autorités ukrainiennes à Kherson et dans les zones libérées ces derniers jours souligne le caractère fantoche des résultats des « référendums » organisés en septembre par l’occupant pour couvrir ses annexions. Cependant, le soulagement de cette libération ne peut faire oublier les exactions qui y ont été commises par les troupes russes contre les habitantEs, accompagnées du pillage des biens de consommation et de la destruction systématique des infrastructures et des réseaux d’approvisionnement en eau et énergie, que ne peuvent que très insuffisamment pallier les autorités et la société civile ukrainiennes, et qui laissent les populations démunies alors que l’hiver s’installe. Et une grande partie des régions du sud et de l’est de l’Ukraine restent occupées, les combats s’y poursuivant.
Plus globalement, on voit combien l’autocrate russe est déterminé à poursuivre sa guerre, en renforçant les bombardements par missiles et drones pour détruire l’ensemble du système énergétique du pays à l’approche des grands froids, y compris en aggravant les risques majeurs concernant les installations nucléaires comme la centrale de Zaporijjia, pour contraindre le peuple ukrainien à la reddition. En soi, cette politique constitue un crime de guerre à grande échelle, complétant ceux constitués par les tortures, viols, assassinats et déportations contre les Ukrainiens et Ukrainiennes, et l’enlèvement de dizaines de milliers d’enfants, qui tendent à constituer un crime contre l’humanité. Et cette politique criminelle va même au-delà, frappant aussi les soldats russes et les autres peuples de la Fédération de Russie, de plus en plus engagés de force pour combattre dans des conditions effroyables, comme ces prisonniers de droit commun poussés en première ligne comme chair à canon et sauvagement exécutés s’ils se détournent du combat.
Se mobiliser en solidarité
Avec les récents reculs russes, les appels à des négociations de paix immédiates suggérés ou assumés par des gouvernements ou des forces politiques de droite comme de gauche, ne peuvent qu’être suspects s’ils font pression, de fait, d’abord sur la partie ukrainienne, et éludent la nécessité du retrait des troupes russes des territoires ukrainiens, et l’assurance que l’expansionnisme grand-russe soit mis hors d’état de nuire à moyen terme. C’est pourquoi il est plus que jamais indispensable de mobiliser notre camp social pour une paix juste et durable qui passe par une victoire du peuple ukrainien, avec les moyens militaires qui le permettent — nous mobiliser cependant en indépendance totale de tout impérialisme et de tout gouvernement, y compris du gouvernement ukrainien qui approfondit une politique ultra-libérale aux conséquences dramatiques et mettant en danger la résistance populaire. Donc, nous mobiliser avec la société civile et les forces de gauche et anticapitalistes d’Ukraine, de Russie et des pays d’Europe orientale, comme nous le ferons à Paris en meeting le 5 décembre et en manifestation le 10 décembre.