Article de Rodolphe Geisler sur Le Figaro du 23 décembre.
Véritable spécificité française en Europe, voire dans le monde, l'extrême gauche croit fermement en son destin, crise financière oblige. Elle espère, au moins, être en mesure de «faire une percée» aux européennes de juin.
Pourtant, elle n'est jamais apparue aussi atomisée, même si, paradoxalement, tous ses leaders appellent sur le papier à «l'unité». Certes, pour la «grande manif» prévue le 29 janvier, tous devraient se retrouver dans la rue, derrière des drapeaux rouges. Mais aux européennes, tout semble indiquer que la gauche de la gauche partira, une fois encore, en ordre dispersé.
L'échéance de juin, au scrutin proportionnel, devrait être une occasion pour les différentes composantes de l'extrême gauche, actuellement en pleine recomposition, de se compter. En premier lieu le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot, qui entend à cette occasion s'affirmer comme seconde force de gauche, après le PS. Le diagnostic du fondateur de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Alain Krivine, est sans appel. «Derrière l'apparence de confusion qui règne à gauche, la situation est plus simple qu'il n'y paraît. D'un côté, on trouve le PS, qui, tout discrédité soit-il, reste une force électorale décisive. Et de l'autre, le NPA qui monte. Au milieu, on trouve une nébuleuse de petites formations qui se cherchent. Quant au PCF, à part une centaine de bastions, ce n'est plus une force électorale» , analyse l'ancien candidat aux présidentielles de 1969 et 1974.
Hégémonique le futur NPA ? Initialement prévu le 1er février, son congrès fondateur a finalement été reporté au 8 février. Soit le même week-end que celui du nouveau Parti de gauche du sénateur de l'Essonne, Jean-Luc Mélenchon, démissionnaire du PS ! Mais Krivine jure qu'il s'agit d'un «simple hasard de calendrier» et que l'objectif n'était pas de voler la vedette médiatique à Mélenchon…
En attendant, Mélenchon, qui devrait monter des listes aux européennes avec le PCF, tente des «rapprochements» à tout va. Ce qui n'est pas du goût de Besancenot, même si une rencontre est prévue avant leurs congrès respectifs. Le 10 décembre, Mélenchon a rencontré le secrétaire national (lambertiste) du Parti ouvrier indépendant (POI), ex-Parti des travailleurs (PT), Daniel Gluckstein. «Retour aux sources», glisse, avec ironie, un cadre de la LCR, rappelant le passé trotskiste du sénateur de l'Essonne.