Porté par le vent de la crise, Olivier Besancenot disposait avant-même son déclenchement d'un solide capital de sympathie dans l'opinion. C'est ce que traduit une enquête inédite, réalisée par Opinion Way, les 17 et 18 septembre, auprès de 1 005 personnes. L'étude révélée par Denis Pingaud, directeur de l'institut de sondage, dans son livre L'effet Besancenot à paraître le 6 novembre (Seuil, 195 pages, 16 euros), montre que le poids électoral du jeune leader de la LCR a progressé.
Au sein de toute la gauche.Selon cette étude, si les Français avaient dû voter à la mi-septembre pour le premier tour de l'élection présidentielle, 13 % auraient donné leur suffrage au facteur révolutionnaire. Et ce, quel que soit le candidat du Parti socialiste.69 % des sympathisants de gauche ont une bonne image du leader de la LCR.
A leurs yeux, il est " sympathique " (86 %), " proche des gens " (83 %), " courageux " (83 %) et " honnête " (77 %). L'explication de cette empathie : pour une grosse majorité de sympathisants de gauche, le postier " s'exprime avec des mots simples ", est " intéressant " et " convaincant ". Cette popularité reste cependant très attachée à la personne de M. Besancenot, tempère Vincent Tiberj, chercheur au Centre d'études de la vie politique française (Cevipof).
" Du potentiel électoral au vote, il y a une marge ", précise le politologue.L'étude dessine en creux les défauts des autres leaders de gauche, en particulier ceux du PS. Quand on interroge les Français sur l'image donnée par M. Besancenot comme opposant à Nicolas Sarkozy, ils sont 71 % à trouver qu'il " critique à juste titre le manque de réactions du PS " et 70 % qu'il est toujours " aux côtés de ceux qui combattent les réformes du gouvernement ". La proportion pour ces deux questions monte à 81 % et 79 % pour les sympathisants de gauche.Le reproche en pointillé est encore plus criant quand les auteurs de l'étude ont demandé aux sondés ce qu'ils pensaient de l'utilité pour la gauche du leader de la LCR. Pour 73 % des sympathisants de gauche, il " pousse le Parti socialiste à prendre en compte ses propositions " et fait bien le jeu de la gauche en étant " complémentaire des autres leaders de l'opposition ".
La critique d'un Besancenot allié objectif de M. Sarkozy, voire dangereux pour la gauche, ne prend pas. "
LE PS NE FAIT PAS SON BOULOT
" Dès la mi-septembre, les électeurs de gauche attendaient des réponses plus radicales et le disaient. 65 % considéraient que " la France a besoin d'un parti anticapitaliste " et plébiscitaient les slogans de la LCR, comme l'interdiction des licenciements et, dans une moindre mesure, l'augmentation de 300 euros net de tous les salaires.83 % des sympathisants socialistes pensaient déjà que l'interdiction des licenciements devait être défendue par l'ensemble de la gauche.
" Besancenot est populaire parce que le PS ne fait pas son boulot. L'enquête confirme que les électeurs du PS restent fidèles aux valeurs de gauche ", remarque M. Tiberj. Les études sur la proximité partisane le montrent : seuls 4 % des Français se disent proches de l'extrême gauche.Le facteur révolutionnaire est perçu comme un leader à prendre au sérieux. Dans la même étude d'Opinion Way, 84 % des électeurs de gauche estiment que le PS devrait " dialoguer " avec lui, au lieu de l'ignorer, " pour rechercher d'éventuelles alliances électorales ". M. Besancenot a beau répéter qu'il souhaite " rester totalement indépendant ", les sympathisants de gauche souhaitent son ancrage dans un rassemblement de l'opposition. 55 % (62 % au PS) estiment qu'en 2012, M. Besancenot devrait " appeler à voter clairement pour le candidat " du PS.Ses partisans ne sont que 42 % à partager cette opinion. Mais ils jugent qu'en cas de victoire de la gauche en 2012, leur champion devrait participer au gouvernement. Cette attente d'alliances souligne un peu plus le fossé entre les sympathisants de la gauche et leurs leaders. Y compris M. Besancenot.
Sylvia Zappi