Le facteur ne sonnera pas une troisième fois ! En annonçant aujourd’hui par lettre aux militants du NPA qu’il ne sera pas candidat en 2012, Olivier Besancenot crée la surprise à plusieurs égards.
Première surprise : il n’est pas si fréquent de voir un candidat renoncer à la présidentielle, surtout quand les sondages lui sont favorables. Les dernières enquêtes d’opinion donnent le postier à un haut niveau, souvent entre 6% et 9%. La preuve qu’il y a toujours dans l’opinion un "effet Besancenot" - c’est le titre d’un ouvrage de Denis Pingaud - alors même que le postier s’était fait beaucoup plus discret ces dernières semaines.
Deuxième surprise : la grande fragilité de son parti, le NPA, renforçait l’idée d’une troisième candidature d’affilée. Lancé en février 2009, le nouveau parti anticapitaliste est en effet mal en point : il a connu des revers électoraux (régionales 2010), une hémorragie militante, et il reste profondément divisé sur des questions comme l’affaire de la candidate voilée ou l’alliance ou non avec le Front de gauche de Mélenchon.
Ses amis répétaient d’ailleurs à Besancenot : en 2012, on a encore besoin de toi ! "Il y a son souhait et la nécessité", disait même il y a quelques mois le numéro 2, Pierre-François Grond. On ne peut pas être plus clair. En renonçant, Besancenot sait donc qu’il prend le risque de fragiliser ce mouvement qu’il a pourtant personnellement voulu et porté sur ses épaules. C’est pour "Olivier" que beaucoup de jeunes avaient adhéré au nouveau parti. Il en était le ciment. Le porte parole incontesté. Et bien sûr le candidat naturel. Que devient le NPA sans lui aux avant postes ?
Mais Olivier Besancenot a le mérite d’être cohérent. Dans sa lettre, il le dit d’ailleurs : sa décision n’est pas une "grande surprise" pour ses amis. Le jeune homme n’a jamais caché qu’il n’était pas très enthousiaste pour le job. En 2002, comme en 2007, il avait traîné des pieds pour être candidat. Dans une interview donnée en 2004, il parlait de "souffrance" et disait même : "Il est exclu que la Ligue fasse avec moi ce que Lutte ouvrière a fait avec Arlette".
Autrement dit, je ne serai pas le candidat perpétuel ! Depuis la création du NPA, il poussait en interne pour installer de nouveaux porte-parole. Pour préparer l’avenir et montrer que le NPA avait aussi fait venir de nouveaux profils. Certes, à court terme, reconnaissait-il, son parti serait fragilisé. Mais c’était mieux pour le long terme. Et Besancenot est très bien placé pour le savoir : si un nouveau visage du NPA doit émerger dans les années qui viennent, cela passe nécessairement par la campagne présidentielle. Il en est le meilleur exemple ! Inconnu en 2002, "Olivier, 27 ans, facteur" est devenu La figure de la gauche radicale en France à la faveur de deux campagnes.
Ces derniers mois, Besancenot ne cachait pas non plus son envie de faire autre chose dans le mouvement : participer au débat d’idées (dans les pas de Daniel Bensaïd disparu l’an passé) ou à la construction d’un mouvement anticapitaliste européen. A sa demande, le NPA s’est enfin choisi deux nouvelles porte-paroles – Myriam Martin et Christine Poupin (deux anciennes de la LCR) en mars dernier. Ses amis espéraient ainsi soulager « Olivier » et le convaincre d’y retourner une troisième fois. Mais le bon petit soldat montre qu’il a aussi ses limites personnelles.
Maël Thierry - Le Nouvel Observateur