REPORTAGE - Depuis plusieurs semaines, il est davantage présent.Mardisoir, Olivier Besancenot était à Paris pour animer une réunion publique. Dans un bar parisien, l'ancien candidat à la présidentielle a défendu la candidature de Philippe Poutou, un homme qui "a du cran, de l'authenticité".
Un rendez-vous "à l'ancienne, avec les moyens du bord". Mardi soir, Olivier Besancenot a animé une réunion-débat dans un petit bar du 20e arrondissement de Paris. L'objectif :défendre la candidature de Philippe Poutou- qui n'était pas présent - et discuter des réponses du NPA à la crise du capitalisme. "On est en train de vivre une campagne complètement hors sol", a lancé l'ancien candidat à la présidentielle - en jean, baskets, verre d'eau pétillante et petit carnet de note - entouré de Wafa Guiga, membre du parti, et d'un postier de Nanterre actuellement en grève, venu expliquer les raisons du conflit. Dans une ambiance détendue, et devant une soixantaine de personnes, Olivier Besancenot a commencé par décrire les "paradoxes" de la période actuelle. Le monde "qui bascule" mais qui "a tellement de mal à s'inviter dans la campagne" d'abord. La crise environnementale "dont on ne parle plus" sauf pour "défendre le nucléaire et Fessenheim" ensuite. Mais celui qui se définit comme "le facteur attitré de Philippe Poutou" s'en est également pris aux "quatre favoris des sondages". Il a dénoncé Nicolas Sarkozy et son bilan qui devrait "faire qu'on ne parle même plus de son éventuelle réélection"; Marine Le Pen qui place le FNsurdes "bases nationalistes et anticapitalistes", "logiciel de l'extrême-droite des années 30"; François Bayrou qui "est de droite" et François Hollande qui, "pour la bonne nouvelle, battra peut-être Sarkozy", mais "pas son véritable adversaire, la finance".
"Ça sera à l'arrache, ça sera compliqué"
D'ailleurs, Olivier Besancenot l'a assuré mardi soir. En cas de victoire du candidat socialiste en mai prochain, le NPA "n'ira pas" dans le gouvernementde François Hollande. "Car nous, on écoute" le député de Corrèze, a-t-il expliqué, refusant de faire le "grand écart" entre des positions qui divergent sur un certain nombre de points. Et d'insister, dans un calme attentif, sur plusieurs sujets essentiels à ses yeux : l'anticapitalisme, la démocratie sociale, l'internationalisme et la nécessité d'une "révolution fiscale", "pas des réformettes comme le propose le Parti socialiste". "Pourquoi des gens, une majorité de la population, qui n'est pas responsable de la criseactuelle, devrait payer cette situation?", s'est interrogé Olivier Besancenot, reprenant le slogan de campagne de Philippe Poutou : "aux capitalistes de payer leurs crises". Philippe Poutou justement,qui peine à recueillir les parrainages nécessaires– il en a 416 pour le moment. "Ça sera à l'arrache, ça sera compliqué, mais ça se jouera, d'après nos projections, à quelques voix près (…) On enfile ça à la perle, mais bien sûr qu'on y croit", a expliqué Olivier Besancenot auJDD.frquelques minutes avant d'animer la réunion parisienne. "On a un retour du terrain de maires qui disent craindre la perte de telle ou telle subvention. Les partis institutionnels mettent beaucoup trop d'obstacles à l'obtention" des signatures, critique l'ancien candidat, qui défend un système de parrainages populaires.
Besancenot prendra un mois de congés
Face aux sympathisants et curieux d'un soir, Olivier Besancenot a vanté la candidature de Philippe Poutou, "son candidat". "Il a du cran, de l'authenticité", assure l'ancien porte-parole du NPA, qui monte au créneau depuis quelques semaines et a même posé un mois de congés, "sur le dernier mois de la campagne" pour soutenir l'ouvrier de l'usine First-Ford de Blanquefort dans la dernière ligne droite. Olivier Besancenot défend aussi "la marque de fabrique politique" du NPA : "dire que des travailleurs peuvent chercher à tenir tête à des politiciens professionnels qui connaissent très sincèrement pratiquement rien de nos vies quotidiennes et qui pourtant s'apprêtent à décider pour nous." Mardi, dans le bar parisien, la soirée s'est terminée par une série de questions-réponses. Des prises de parole timides - "réveillez-vous", lance une sympathisante - à des échanges plus affirmés sur la dette, la situation en Grèce ou encore les propositions du NPA. Le tout dans la bonne humeur. "Tu participes à la scène slam?", demande à Olivier Besancenot un habitué du lieu, où se déroule chaque semaine des concours de poésie. "Il a slamé là, c'est de l'impro", ironise un autre. Reste à convaincre les gens de déposer un bulletin NPA dans l'urne le 22 avril prochain. "Ce n'est pas une candidature de témoignage. Il faut voter Poutou, ce sera utile. Et quitte à ne pas voter utile, voter le plus à gauche possible, je pense que vous tomberez sur nous", a déclaré Olivier Besancenot. A-t-il convaincu? "C'est un très bon orateur. On adhère facilement sur la forme", explique à la sortie Gwenaël, 27 ans, venu "par curiosité" pour "pouvoir comparer avec les autres". Mais malgré tout, il ne votera "certainement pas" pour le candidat du NPA. Pour le parti et son candidat, tout reste encore à faire.
Anne-Charlotte Dusseaulx - leJDD.fr