Suite à une première rencontre avec la France insoumise, voici ci-dessous un courrier adressé à LFI concernant les élections européennes. Ce courrier public a été adopté mercredi 3 janvier 2024 par le Conseil politique national, instance de direction du NPA.
Aux camarades de la France Insoumise
Il y a quelques mois maintenant, dans un contexte marqué par la bataille des retraites, le soulèvement des quartiers populaires et de puissantes mobilisations contre des projets écocides, nous nous adressions largement aux forces du mouvement ouvrier pour rassembler une gauche de combat dans la rue et lors des prochaines élections européennes. Nous nous sommes depuis adressés directement à vous pour renouveler notre appel. La rencontre que nous avons eue il y a quelques semaines a permis de commencer à préciser le périmètre de ce que pourrait être une campagne commune lors des prochaines élections européennes.
Depuis, la situation a connu de nouvelles évolutions. L’adoption de la Loi Darmanin qui consacre une victoire politique de l'extrême droite et l'alignement du macronisme autoritaire sur ses idées, est une accélération, un saut qualitatif, dans la montée du danger fasciste dans notre pays, qui rend de plus en plus crédible la prise du pouvoir du RN. Après la marche du dimanche 12 novembre, l’alliance autour de cette loi des droites et de l’extrême droite sur les idées de cette dernière marque un moment de bascule qui exige la résistance et l’unité la plus large.
Bien sûr, nous serons, tout comme vous, dans la rue dès janvier pour combattre pied à pied cette loi et travailler à construire un mouvement de résistance massif, populaire, qui nécessite l’unité de notre camp social.
L’offensive de l’extrême droite et des classes dominantes, qui est intimement liée au contexte plus global d’un capitalisme en crise profonde, que ce soit la crise sociale, le basculement climatique, les guerres, nécessitent la construction, de toute urgence, d’une alternative à ce système, construite sur les mobilisations sociales.
Les prochaines élections européennes – comme une éventuelle dissolution de l’Assemblée – représentent une échéance importante pour la reconstruction d’une gauche de combat, d’opposition aux politiques capitalistes, à l’échelle de la France et de l’Europe. Mais surtout, il faudra une large unité des forces du mouvement ouvrier pour mettre un premier coup d'arrêt à une progression des forces fascistes qui semble inexorable.
De plus, le contexte international donne une importance particulière à ces élections européennes : même si nous avons des divergences, nous pensons qu’ensemble, nous nous positionnons contre la guerre, contre l’impérialisme, pour le droit des peuples à disposer d’eux-même, contre la course aux armements, et pour un accueil digne pour les réfugiéEs.
Pour construire l’unité, il faut un accord sur le contenu. Le programme de la NUPES représente pour nous une avancée par rapport aux politiques menées par la gauche sociale-libérale de Hollande. Nous sommes prêtEs à défendre ce programme avec vous dans les prochaines élections, malgré les désaccords que nous avons avec. Ces désaccords sont connus, ils sont publics et ne disparaîtront pas. Nous conservons notre stratégie et notre indépendance, mais dans la période d'extrême danger que nous vivons, ces désaccords ne sont pas suffisamment importants pour justifier d’aller séparément dans la bataille électorale.
C’est d’ailleurs ce que nous ont signifié militant.es, sympathisant.es et électeurs.trices dans les précédentes échéances électorales : insoumis, anticapitalistes et révolutionnaires doivent se donner les moyens d’infliger une défaite à Macron et à l’extrême droite.
Nous sommes donc d’accord pour défendre le programme de la NUPES comme un ensemble de mesures d’urgence, parce qu’il apparaît à une large échelle comme un outil de résistance face au RN et une alternative au macronisme ultra libéral et autoritaire. Il comporte des éléments de rupture avec le capitalisme et la logique de l’Union européenne, et des avancées importantes pour les classes populaires. Ainsi, nous pouvons défendre ensemble des mesures sociales, pour les salaires, pour un smic européen, la protection sociale, la convergence des droits par en haut à l’échelle européenne, et le refus de la construction d’une Europe libérale qui détruit les droits des classes populaires, que ce soit dans les pays membres ou dans ceux qui aspirent à y entrer. Nous voulons défendre une politique internationaliste, en lien avec d’autres forces anticapitalistes et antilibérales à l’échelle européenne. Nous voulons une autre politique énergétique, qui permette de faire face à la crise climatique, et une Europe pour l’égalité des droits entre toutes et tous, notamment pour ce qui concerne les droits des femmes, en particulier pour l’accès à l’IVG et les droits des LGBTI.
Et nous pensons qu’il y a un enjeu crucial à ce qu’une liste de rupture obtienne le score le plus haut possible et se retrouve devant l'extrême droite aux élections européennes.
C’est pourquoi nous sommes prêts à nous engager dès maintenant dans une telle campagne et à la faire vivre de la base au sommet, si nous arrivons, dans les jours qui viennent, à nous mettre d’accord sur la place que le NPA pourrait prendre sur la liste et dans une campagne commune. Une campagne que nous voulons dynamique, militante et dans la durée pour contribuer à reconstruire une gauche de combat indépendante du social-libéralisme.
Veuillez recevoir nos salutations anticapitalistes.
Le Nouveau Parti anticapitaliste
Le mercredi 3 janvier 2024