En décidant de jeter l'éponge pour 2012, Olivier Besancenot a-t-il mesuré la crise qu'il déclenchait au Nouveau Parti anticapitaliste ? Ou a-t-il sciemment décidé de pratiquer la politique de la terre brûlée ?
L'organisation révolutionnaire réunit, samedi 25 et dimanche 26 juin à Nanterre (Hauts-de-Seine), une conférence nationale pour désigner le ou la camarade qui portera ses couleurs en 2012. Mais c'est dans un climat de profonde division que l'organisation va tenter de trouver son nouveau porte-drapeau. Signe du désarroi, seuls 3 100 militants ont voté lors de cette consultation. Divisé, amoindri, le NPA plafonne à 0,5 % dans les sondages. Depuis l'envoi de sa lettre aux militants datée du 5 mai, où il annonçait qu'il ne voulait pas être candidat à la présidentielle et souhaitait "passer le relais à un(e) autre camarade", l'ex-porte-parole du NPA a activement participé aux débats qui ont mené à l'explosion de la majorité et de la direction du parti, entraînant une déflagration majeure dans toute l'organisation.
Que cherche-t-il ? On le savait hésitant depuis de longs mois sur sa présence à la présidentielle de 2012. Il n'avait pas envie de devenir une "Arlette bis", en référence aux six candidatures successives de la représentante de Lutte ouvrière (LO). Il voulait amoindrir la pression médiatique et passer à autre chose. Mais à la veille du congrès de février, il rassurait ses amis : il repartirait pour un tour à la présidentielle.
Deux mois plus tard, en avril, le NPA propose à l'ensemble de la gauche radicale l'idée d'une "candidature du mouvement social" pour tenter de mettre Jean-Luc Mélenchon en porte-à-faux. Les dirigeants du NPA entament même des discussions sur un possible programme présidentiel. Sans conclusions, mais l'attitude demeure plus ouverte que lors des régionales de mars 2010.
DEUX CAMPS SE TOISENT
M. Besancenot vit mal cet entre-deux. Il souhaite stopper les discussions avec le Parti de gauche et le PCF, qu'il juge vaines et susceptibles de brouiller l'image radicale du NPA qu'il avait réussi à imposer. Il change alors de pied et annonce à ses mentors, Alain Krivine et François Sabado, qu'il n'y va plus. Le leader envoie sa lettre à l'organisation et mène bataille pour imposer le lancement d'une candidature "pur jus" le plus rapidement possible. Il y parvient lors du conseil politique national qui suit, mais au prix d'un éclatement de la majorité. Autour de lui restent des personnalités comme Alain Krivine et Christine Poupin, qui décident de s'allier aux plus identitaires du parti venus de LO ou de groupuscules révolutionnaires.
Ses anciens alliés Pierre-François Grond ou Frédéric Borras se retrouvent, eux, dans la minorité. Ainsi que Myriam Martin, l'autre porte-parole, dont le nom avait été évoqué pour porter les couleurs du parti en 2012.
Lors de la consultation des militants, organisée depuis dix jours, la nouvelle majorité emmenée par M. Besancenot a obtenu 50,2 % des voix, contre 41 % à la plate-forme défendue par ses anciens proches. Un autre petit courant plus sectaire atteint 5,75 %.
Désormais, les deux camps se toisent. Les proches de M. Besancenot accusent les minoritaires de vouloir "créer un bloc regroupant à la gauche du PS", et de regarder du côté du PCF, "qui est mouillé jusqu'au cou dans les institutions du capitalisme". Les autres dénoncent une majorité qui "cultive l'isolement comme une vertu".
La direction a décidé de présenter la candidature à l'élection présidentielle de Philippe Poutou, ouvrier du secteur automobile, syndicaliste CGT de 44 ans. L'homme a fait ses premières armes comme candidat aux européennes en 2009 puis aux régionales de 2010. Il milite à Bordeaux où les anciens de LO tiennent le NPA local. Pas vraiment une image d'ouverture.
Sylvia Zappi