Même s’il s’en défend, Olivier Besancenot vient de signer son retour sur le devant de la scène politique. Lundi 28 avril, l’ex-candidat à la présidentielle a annoncé sa candidature aux européennes comme tête de liste en Ile-de-France. Une communication savamment orchestrée : une conférence de presse du Nouveau parti anticapitaliste était organisée en fin de matinée mais son porte-parole était déjà présent dans plusieurs matinales radio pour officialiser sa candidature. "Je repars au combat électoral, a-t-il ainsi expliqué sur France Inter. Je ne me suis jamais retiré de la vie politique, de la vie militante, je continuais, j'étais de tous les combats."
Ce qui l'a décidé à reprendre du service ? "L’urgence sociale et politique", répond M. Besancenot avant d'ajouter : "Il y a une situation terrible avec un gouvernement qui culpabilise des millions de personnes en nous expliquant qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses de l'Etat, et surtout plus pour les services publics, dans la santé et l'éducation." Pour Alain Krivine, figure de la Ligue communiste révolutionnaire dont M. Besancenot fut l'assistant au Parlement européen de 1999 à 2000, c'est une "bonne nouvelle". "Il est parmi les plus connus, les plus populaires, ce qui aide grandement à la campagne", estime-t-il.
"Bâton de pèlerin"
En 2009, deux ans après la présidentielle où il avait obtenu 4,08% des voix, M. Besancenot avait choisi de ne pas prendre la tête de liste aux européennes en Ile-de-France pour n’occuper que la troisième place. En 2012, l’ex-facteur de Neuilly, aujourd'hui guichetier dans le 18e arrondissement de Paris, n’avait pas non plus souhaité se représenter à la présidentielle, cédant la place à Philippe Poutou. "On avait pris note de sa volonté, à juste titre, de dépersonnaliser au maximum les élections mais il reprend le bâton de pèlerin car la situation politique le veut", confie M. Krivine.
Affaibli ces dernières années, le NPA a proposé - tardivement et en vain - à Lutte ouvrière et au Front de gauche de faire des listes communes pour ces européennes. Après avoir perdu son financement électoral suite à ses résultats aux législatives de 2012, le parti trotskiste a connu des difficultés financières. A l’été 2013, il a été contraint de lancer une souscription qui, selon M. Besancenot, leur a permis de récolter 400 000 euros. De quoi présenter des listes dans cinq des sept circonscriptions métropolitaines. "Au-delà, il aurait fallu emprunter, a expliqué l'ancien candidat à la présidentielle. D'un point de vue rapport qualité-prix, c’est ce qui nous convenait le mieux."
M. Poutou est lui tête de liste dans le Sud-Ouest. Egalement porte-parole du parti, Christine Poupin se représente dans le Nord-Ouest, où en 2009, elle avait frôlé l’élection avec 5,90% des voix. Gaël Diaferia sera tête de liste pour l'Est tandis que dans l’Ouest, c’est le syndicaliste CGT Pierre Le Ménahès, qui avait tenu tête à Nicolas Sarkozy lors d’un débat télévisé en 2010, qui part à la bataille.
"Europe anticapitaliste"
"Nous ne sommes ni nationalistes, ni européistes mais anticapitalistes", a résumé M. Besancenot. Mme Poupin a quant à elle aussi bien dénoncé la politique de Manuel Valls qui "reconduit, confirme et amplifie les mesures d’austérité" que "l'Europe du triple A : austéritaire, anti-sociale et anti-démocratique". Pour ces élections, le NPA entend s'opposer au traité de libre-échange transatlantique, à la directive sur les travailleurs détachés ou encore à "l'Europe forteresse, l'Europe de Schengen" qui, selon M. Besancenot, porte "une lourde responsabilité dans ces drames à répétition en Méditerranée".
L'ex-candidat à la présidentielle promet une campagne rythmée par des "actions coup de poing". S'il espère que son parti fera "le plus de voix possible", il reconnaît que "cette campagne ne passionne pas les foules". "Soit on se lamente contre les partis institutionnels, soit on prend nos affaires en main", lance-t-il. En Ile-de-France, à la gauche de la gauche, il sera opposé à Nathalie Arthaud, porte-parole de LO, et à Patrick Le Hyaric, député européen PCF sortant.
Sa candidature arrive à un moment où le Front de gauche, qui a largement siphonné les troupes et les électeurs du NPA ces dernières années, est en difficulté après s’être entre-déchiré aux municipales et avoir peiné à constituer ses listes pour les européennes. "C’est vrai que ça peut nous aider : Olivier a une faculté à expliquer clairement les enjeux, c’est positif mais on ne fait pas pour autant de pronostic", soutient M. Krivine qui rappelle cependant que son parti n'est jusqu'à présent pas parvenu à capitaliser sur le mécontentement populaire. "Nous avons un problème de crédibilité et pour l’instant c’est soit l’abstention, soit le populisme qui l'emportent", déplore-il.