INTERVIEW - Présent au grand meeting parisien de Philippe Poutou, jeudi soir à la Halle Georges-Carpentier, Alain Krivine défend le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) : "Notre candidat a le mérite de la franchise", assure-t-il au JDD.fr.
Philippe Poutou a ironisé sur son statut de candidat, mercredi soir sur France 2, paraissant en décalage avec les autres prétendants à l'Elysée. Cela ne peut-il pas nuire à vos idées ?Notre candidat a le mérite de la franchise. Quand Philippe Poutou passe à la télévision, il se comporte exactement comme avec ses copains. Jusqu'à hier, on nous disait qu'il paraissait ridicule. Mais depuis son passage sur France 2, il apparaît comme celui qui dit le plus la vérité. Les gens sont assez intelligents pour comprendre qu'il ne sera pas élu. Pourquoi leur mentirait-il ?
Pourquoi se présenter à l'élection présidentielle alors?Philippe Poutou porte un programme, le seul dans cette campagne qui soit anticapitaliste et vraiment démocrate. Il n'aurait pas été normal que notre mouvance, qui représente un courant d'idées concret comme l'a prouvé le mouvement des Indignés l'an dernier, ait été absente de cette présidentielle. Nous sommes donc présents, nous existons et nous portons des valeurs proches de 99% de la population. Mieux, Philippe Poutou est le seul candidat qui est vraiment issu du peuple, ouvrier de profession et loin des sphères politiciennes. Ceci dit, la présidentielle n'est qu'une première étape qui a pour but de battre Nicolas Sarkozy, et plus généralement la droite. Ensuite, il faudra continuer la lutte pour plus de justice sociale.
«L'objectif de Hollande n'est pas de mettre fin au capitalisme.»Olivier Besancenot a proposé mercredi de "construire une opposition à la gauche du gouvernement", en cas de victoire du PS. Le Front de gauche a indiqué que cette éventualité n'était pas à l'ordre du jour...Comme le NPA, Lutte ouvrière s'est toujours opposée au pouvoir exécutif tel qu'il est en France. Ce qui n'est pas le cas du Front de gauche, dont la composante principale, le Parti communiste, a été au gouvernement et pilote de nombreuses collectivités territoriales en partenariat avec le PS. Voilà pourquoi Jean-Luc Mélenchon refuse de s'engager dès maintenant contre l'austérité de gauche qu'annonce François Hollande.
Jean-Luc Mélenchon espère, par son score au premier tour de la présidentielle, imposer un rapport de forces aux socialistes...C'est une illusion. Les idées que nous défendons, et dont certaines sont partagées par le Front de gauche, peuvent influencer les militants socialistes. Mais l'appareil du PS ne bougera pas. En proposant une politique d'austérité, François Hollande, qui a le mérite de la clarté sur ce point, montre bien que son objectif n'est pas de mettre fin au capitalisme.
L'après-présidentielle se jouera-t-elle aux élections législatives?Bien sûr, dans certaines circonscriptions, nous présenterons des candidatures unitaires, avec un peu de PC, un peu de NPA. Mais dans la plupart, nous aurons nos candidats, au nombre de 400 dans la toutes les régions de France. Mais l'après-présidentielle se jouera surtout dans la rue.