Un être s’en va et… c’est la galère présidentielle. Lutte ouvrière (LO) et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) s’apprêtent à concourir en 2012 sans leurs candidats fétiches : Arlette Laguiller et Olivier Besancenot. La première avait annoncé depuis belle lurette qu’après six courses à l’Elysée, elle laissait sa place à Nathalie Arthaud. Le second, surdoué de feu la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et postulant en 2002 et 2007, a lâché l’affaire début mai, accentuant la crise postnatale du NPA et mettant ses camarades dans la panade pour lui trouver un successeur.
Fini les temps bénis d’une extrême gauche à 10% et les records de 5,72% pour Arlette Laguiller et 4,25% pour Olivier Besancenot en 2002. Privés de tête de gondole électorale et sectarisés par un Front de gauche qui, autour du Parti communiste et de Jean-Luc Mélenchon, agrège la kyrielle de microformations gravitant à la gauche du PS, les cousins trotskistes, loin de viser la barre des 5%, vont devoir lutter pour ne pas finir, le 22 avril 2012, lanterne rouge de la gauche française.
LO, la «révolution» Arthaud
Dans la chapelle de l’Union communiste - nom officiel de LO - on aime que ça ne bouge pas trop… Voire pas du tout. La fête du parti à Presles (Val-d’Oise) se déroule de samedi à lundi pour la 40e fois. Même la mort de son fondateur, Robert Barcia, alias Hardy, n’a été révélée qu’en septembre 2010… Soit plus d’un an après son décès. Alors remplacer Laguiller et son «Travailleurs, travailleuses !» pour concourir à l’Elysée est une révolution ! Mais avec Nathalie Arthaud, 40 ans, professeure d’économie-gestion dans un lycée d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), pas de danger. Le discours n’a pas changé d’une virgule : interdiction de licencier, haro sur les «banquiers et les gros actionnaires assistés par l’Etat». La candidate de LO est rodée. Porte-parole depuis 2008, Arthaud a été lancée dans la joute présidentielle par son parti en décembre 2010. Laguiller l’épaule et lui accorde son crédit d’image, notamment pour trouver les 500 parrainages d’élus. «On va chercher auprès de maires de milieux populaires que nos camarades connaissent. On n’est pas inquiets», dit-on à LO. Tomber à 1% ? Pas grave. L’objectif : utiliser l’équité du temps de parole pour faire passer le message de la lutte des classes. C’est si important qu’Arthaud «trouverait regrettable si le NPA ne se présentait pas».
NPA cherche jeune ouvrier
Au NPA, le problème de l’après-Besancenot est autre : «Notre candidat de la génération d’Arlette, c’était Alain Krivine, fait remarquer Pierre-François Grond, du comité exécutif. Le risque, on l’a pris il y a dix ans !» Mais à 37 ans et après deux présidentielles, Besancenot a dit stop. Dix ans après sa première candidature, il ne sera pas à la famille NPA ce qu’Arlette Laguiller a été chez LO. Le mégaphone de porte-parole transmis à Myriam Martin et Christine Poupin début avril, le facteur de Neuilly passe aussi le brassard pour l’Elysée et aggrave la crise d’identité du NPA. La conférence nationale, prévue les 25 et 26 juin à Nanterre (Hauts-de-Seine), s’annonce chargée en divisions. Deux positions s’affrontent. La A - de Besancenot, Poupin, mais aussi des historiques Alain Krivine et François Sabado -, majoritaire lors du dernier conseil politique national (le «parlement» du NPA), ne veut plus entendre parler de discussions avec le Front de gauche. La B - avec Grond et Martin - propose de «doter le NPA d’une orientation unitaire» et critique un «isolement» de la formation. Même clivage pour le candidat : si la position B l’emporte, ce sera la Toulousaine Myriam Martin, 43 ans, prof de lettres et d’histoire-géo en lycée professionnel. Sinon, on complique encore les choses : chez les A, une commission recense les possibilités. Profil recherché : jeune, si possible ouvrier et actif dans les mobilisations. Un(e) Besancenot(e) bis… Un remake du pari tenté par Krivine et Sabado lorsqu’en mars 2001, ils ont lancé Besancenot. Mais ce sera difficile de trouver un surdoué politique du même calibre : le NPA, entre 6 et 9% dans les sondages avant son refus, s’est effondré à… 0,5%.
Lilian Alemagna