Retour sur le meeting de rentrée du NPA, organisé lors de notre université d’été.
Alors que les mobilisations de la jeunesse pour alerter sur l’urgence climatique ont imposé aux dirigeants du G7 de mettre, en toute hypocrisie, cette question au centre de leur « sommet contre les inégalités », alors que la forêt amazonienne est en feu, Christine Poupin est revenue sur l’ampleur de la crise écologique.
Révolution écologique
Pour le NPA, il ne s’agit pas simplement de dire : vous ne pouvez plus ignorer que le bilan de santé de la planète et de ses habitantEs indique une menace directe pour l’avenir de l’humanité. Il s’agit de nommer les responsables et de tracer des perspectives pour éviter la catastrophe. Il n’y a pas de responsabilité partagée, mais bien celle d’un système économique et de ses dirigeants. Il n’y aura donc pas de « transition écologique tranquille ». C’est d’une révolution écologique dont nous avons besoin, qui ne pourra être que sociale, politique et culturelle. Une révolution qui ne naîtra pas de rien, mais qui chemine dans les mobilisations en cours : des peuples indigènes, des sans-terre, des luttes contre les grands projets, dans les grèves de la jeunesse, les mouvements de solidarité avec les réfugiéEs, les luttes et grèves pour défendre les services publics, le renouveau féministe ou les Gilets jaunes.
Jeunes, postierEs, hospitalierEs…
Philomène, étudiante à Paris 7, a évoqué la prise de conscience d’une partie de la jeunesse à travers les mobilisations contre les lois travail, la loi ORE et Parcoursup, contre les violences faites aux femmes et les violences policières, mais aussi, évidemment, contre le réchauffement climatique et en solidarité avec les Gilets jaunes. Gaël est revenu sur la grève de 463 jours des postierEs du 92, contre les réorganisations et la répression syndicale. Épaulée par de larges réseaux de solidarité, la grève a non seulement imposé un report des réorganisations et des embauches d’intérimaires. A également été posée l’urgence de surmonter l’éparpillement des dates en cette rentrée. Pauline a rappelé comment les mobilisations dans la santé ont acquis une visibilité nationale grâce au mouvement des urgences, avec des caractéristiques nouvelles d’organisation dans des cadres comme le collectif inter- urgences, et la recherche de moyens de « désobéir » pour rendre effective la grève dans un secteur où les grévistes sont légalement « assignéEs » c’est-à-dire empêchéEs de faire grève.
Des Gilets jaunes à l’Algérie
Deux invités ont fait partager le souffle des mobilisations de cette année. Sur la scène française, Antoine Boudinet a décrit comment, depuis 8 mois, il est devenu Gilet jaune et handicapé, sa main arrachée par une grenade, revenant sur un processus de radicalisation lié à la prise de conscience de ce qu’est l’État et de la nécessité incontournable de l’affronter. Et il a témoigné de sa confiance pour la relance des mobilisations. Sur la scène internationale, Yani, étudiant à Alger et militant du Parti socialiste des travailleurs, a fait retentir les revendications des millions d’AlgérienEs qui manifestent chaque vendredi depuis 6 mois pour exiger le départ des oligarques : « Vous avez bouffé le pays, bande de voleurs ». Et d’exprimer la politisation de leurs aspirations, en rupture avec la politique « d’aplatventrisme » du pouvoir devant l’impérialisme. Pour conclure, en citant D. Bensaïd, qu’en Algérie « le champ des possibles est ouvert » et que l’issue dépendra aussi de l’écho que trouveront les propositions des révolutionnaires.
Un système qui craque
Enfin, Olivier Besancenot a développé notre analyse de la conjoncture, et le pari que nous proposons pour y intervenir. Les luttes, nationales et internationales, dessinent les contours d’une nouvelle phase de contestation d’un capitalisme qui craque de partout, mais qui ne s’effondrera pas tout seul. Au contraire, l’agonie est monstrueuse. D’où l’enjeu de saisir les contradictions de la période. Au plan national, l’évolution autoritaire du pouvoir et les menaces pour nos droits démocratiques ne doivent pas masquer la situation de fragilité de ce pouvoir, exacerbée par la présomption d’un Macron qui pense pouvoir continuer à dérouler, même chaotiquement, son entreprise de contre-réformes. Mais justement, cette fragilité d’un pouvoir à la base sociale restreinte a provoqué une crise, surgie là où personne ne l’attendait, avec les Gilets jaunes. Et cela se reproduira. Mais ce qui aujourd’hui limite la portée de la contestation c’est notamment la responsabilité des organisations syndicales et politiques, qui ont été incapables de proposer une perspective crédible d’union des colères du monde du travail, des quartiers populaires, de la jeunesse, des féministes, des antiracistes… avec les Gilets jaunes.
Être à l’offensive
On peut pronostiquer que les mois qui viennent verront émerger de nouvelles contestations. Pour le NPA, l’enjeu est donc de surmonter les tendances à la dispersion, en regroupant à tous les niveaux, dans les entreprises, les villes, les régions, celles et ceux qui partagent le besoin de tirer le meilleur des expériences des Gilets jaunes et du mouvement ouvrier autour d’un projet de construction de blocage du pays par les manifestations, les occupations, les blocages et les grèves, une grève générale. Pour atteindre cet objectif, nous aurons besoin de lieux de débats dans lesquels discuter stratégies d’affrontement, enjeux de pouvoirs politiques, économiques, défense des valeurs de solidarité contre toutes les formes de discriminations. Et le NPA compte bien y intervenir pour défendre des perspectives anticapitalistes et révolutionnaires, internationalistes, féministes, antiracistes et écologistes.
Cathy Billard