Il y a quelques jours, la Première ministre Élisabeth Borne a présenté le calendrier de la future « réforme » des retraites : une présentation aux dits « partenaires sociaux » le 15 décembre, puis mi-janvier un passage en Conseil des ministres et une arrivée à l’Assemblée, pour une entrée en vigueur dès l’été prochain. Le contenu, lui, laisse peu de place à la surprise, annonçant une nouvelle offensive contre les droits du monde du travail.
Perdre sa vie à la gagner
Sous le prétexte fallacieux de garantir la pérennité de notre système par répartition, Macron et son gouvernement prétendent qu’il faudrait « travailler un peu plus longtemps » dans le public comme dans le privé. Les déficits à venir mettraient le système en péril et imposeraient donc une réforme. Pourtant, à l’inverse, le Conseil d’orientation des retraites (COR), organisme on ne peut plus officiel chargé du suivi de cette question, anticipe précisément une réduction progressive des déficits…
Après l’échec de son projet de réforme systémique fin 2019-début 2020, le pouvoir envisage donc maintenant de relever progressivement l’âge de départ de quatre mois par an afin d’atteindre en 2031 un âge légal de départ à 65 ans au lieu des 62 ans actuels. Sauf exception pour certaines catégories, le gouvernement veut aussi supprimer les régimes spéciaux pour les nouveaux embauchéEs. La seule carotte tendue serait un possible départ à 64 ans… en échange d’une augmentation du nombre de trimestres travaillés !
Plus qu’une nouvelle « réforme », cette offensive en faveur des capitalistes porte en elle le projet d’une société de sur-exploitation : travailler toujours plus, plus longtemps… et pour des revenus toujours faibles. Dans un contexte où, selon l’INSEE, les prix à la consommation ont augmenté de plus de 6 % d’une année à l’autre, la pension minimum pour une personne vivant seule, 953,45 euros (à « taux plein » ou partie à 67 ans), est déjà bien insuffisante pour (sur)vivre. Qu’en serait-il dans quelques mois si nous ne mettons pas les projets macronistes en échec…
Grèves, manifs, blocages… Riposte générale !
Fidèle à la méthode de bien des patrons, le gouvernement cherche à faire passer la pilule en voulant associer des directions syndicales à sa « réforme », cela en échange de quelques mesurettes. À cette étape, il n’a fort heureusement pas réussi, cette pilule étant tellement énorme qu’elle en étranglerait plus d’un.
C’est bien un affrontement d’ampleur qu’il faut préparer. Après le répit de cette fin d’année, la construction d’une mobilisation résolue contre le gouvernement doit être notre bonne résolution pour début 2023. Pour cela, notre camp social va devoir faire feu de tout bois, en premier lieu sur les lieux de travail, dans les entreprises et les services publics. Renouer les liens construits lors des mobilisations précédentes dans les différents collectifs et AG de luttes, les réunions interprofessionnelles, et construire une grève dans la durée quand la bataille va démarrer, :c’est essentiel. Au-delà, dans l’unité, l’ensemble de nos forces dans le monde du travail et la jeunesse – syndicats, associations et partis – va devoir peser pour imposer un rapport de forces capable de les faire reculer : manifester tous azimuts, bloquer l’économie, porter la colère sociale contre ce système basé sur l’injustice et l’exploitation.
Une grande majorité de la population refuse le recul de l’âge légal de départ à la retraite, mais aucun parlement, aucun référendum, ne peut mettre en échec le gouvernement. Contre Macron et son monde, c’est bien la mobilisation générale qu’il faut préparer pour sauver nos retraites.
Le mardi 6 décembre 2022