Le NPA tient son université d'été à Leucate jusqu'au 29 août. Entretien avec Philippe Poutou.
Quelle est la teneur de votre discours durant cette université d'été ?Philippe Poutou: Nous allons parler de la rentrée sociale que nous annonçons chaude depuis des années et qui j'espère cette fois-ci le sera vraiment. Et puis, il y a le point majeur : la construction d'une opposition de gauche à ce gouvernement. Il faut construire une riposte unitaire avec Lutte Ouvrière et le Front de Gauche et ne surtout pas laisser le terrain à la droite et à l'extrême droite.
Cela fait des années que ce projet d'union à la gauche de la gauche existe. Que manque-t-il pour la construire ?Entre militants, les liens existent déjà. Parce qu'on se croise dans les luttes sociales, dans les manifestations. Aux organisations, maintenant, de s'entendre. On échange des courriers, on les invite pour nos universités, mais il faut aller au-delà, sinon on n'y arrivera pas.
Un premier bilan de la présidence Hollande ?On a dégagé Sarko et sa bande, c'est bien ! Est-ce qu'à présent, c'est mieux ? Deux exemples de bonnes mesures : l'encadrement des loyers et la retraite à 60 ans sous certaines conditions. Mais ce gouvernement reste soumis au libéralisme, aux patrons qui dictent leurs lois et licencient à tour de bras. Et lorsqu'on entend Valls, au sujet des Roms, on n'est plus à gauche, c'est choquant. Il a les mêmes objectifs que Guéant !
Qu'entendez-vous faire pour inverser la tendance ?Sans l'union de la gauche de la gauche, on n'y arrivera pas. Il faut absolument exproprier les secteurs bancaire et de l'énergie, par exemple. Et pour ça, il faut que nos organisations puissent peser. Alors, on pèse dans le débat maintenant ou on attend cinq ans, avec le risque que tout cela profite à l'extrême droite ? Moi, je dis qu'on ne pourra pas attendre ! Nous appelons à une riposte unitaire.
Comment vous sentez-vous au sortir de cette année électorale ?Fatigué mais intact. Cette expérience a confirmé ce que je savais déjà. Ce mépris social d'une certaine élite médiatico-politique. Mais on a fait entendre notre voix anticapitaliste.
On dit le NPA en mauvaise santé…Ces dernières années, on a perdu quelques forces, on a vu s'éloigner des militants (Ndlr : plus de 3 000 revendiqués à ce jour). Notre but, à la base, c'était de créer ce grand parti des gens d'en bas, des opprimés, c'est compliqué. On a vécu des débats, des crises internes. La création du Front de Gauche ne nous a pas aidés, certains ont préféré y trouver refuge. On est affaibli, moins nombreux, mais on n'est pas au fond du trou ! On garde le moral, d'autant que les événements nous donnent raison et que le futur nous donnera raison.