Titre d’un de leur dernier morceau, cette expression résume assez bien l’état d’esprit du groupe HK & les Saltimbanks. À l’occasion de leur concert lors de l’université d’été du NPA, nous nous sommes entretenus avec Kaddour, leur chanteur.Pourquoi avoir accepté cette invitation à venir jouer à l’Université d’été du NPA ?Déjà parce que l’invitation nous a été lancée par des amiEs. Des gens que je connais depuis plusieurs années maintenant et que j’ai eu l’occasion de côtoyer sur le terrain de différentes luttes partagées. Je crois beaucoup en cette idée de communauté de valeurs et de combats. L’un est militant associatif, l’autre est dans la sphère politique ou syndicale, un autre milite au quotidien dans son cercle familial ou professionnel... Chacun apporte chaque jour sa petite pierre à sa façon, avec ce qu’il sait faire. J’aime l’idée que l’histoire avec un grand H n’est rien d’autre que la somme de toutes nos petites histoires. C’est important de savoir se « reconnaître » et de pouvoir, à l’occasion, se filer des coups de pinces dans nos combats respectifs. C’est une manière de faire converger toutes nos histoires d’un même côté de la balance.Les choses sont-elles plus compliquées aujourd’hui dans le milieu musical qu’il y a quelques années ?Cela va bien au-delà du « sarkozysme, musical ou non ». Il y a surtout l’époque : celle des médias de masse qui décident de ce que les « consommateurs moyens » vont pouvoir « voir et entendre ». C’est l’époque du jetable : on voit, on veut, on achète, on consomme, on jette. Il faut du brillant, du clinquant, le truc qui va t’en foutre plein la vue, qui va t’aveugler juste le temps que tu sortes ta carte bleue. Le truc facile qui ne dérange pas trop. On en revient à cette notion de « temps de cerveau disponible ». Vraiment, dans cette expression, tout était dit. Ces médias savent ce qu’ils veulent. C’est drôle, car avant dans les maisons de disque, on avait affaire au « directeur artistique ». De plus en plus, on voit apparaître les « chefs de produits ». Nos grands médias et nos grands labels de musique ne sont pas des diffuseurs d’art et de culture, encore moins si l’art en question véhicule un discours un tant soit peu subversif. Ils façonnent notre société à leur image selon leurs intérêts.Pour ce qui nous concerne, comme d’autres dans d’autres domaines, on fait avec ces règles, on essaie d’en jouer, de les esquiver, de les détourner, de s’en libérer. Pour HK & les Saltimbanks, il semble qu’on y arrive. Déjà parce qu’on est avant tout des artistes de scène, donc on arrive à développer nos propres espaces, chaque soir, sur scène. On se fout pas de la gueule des gens. Je crois qu’ils le voient et qu’ils nous le rendent bien.Ensuite, il faut quand même dire que tout le système dont je parle est en train de sacrément se casser la gueule. Les maisons de disque disent que c’est la faute du téléchargement illégal, mais à mon avis, ils ont tellement saturé l’espace médiatique de daubes en tout genre, ils ont tellement tiré sur la corde qu’elle a fini par lâcher. Les « consommateurs » ont fini par retrouver un petit bout de cerveau indisponible comprenant qu’on les prenait littéralement pour des abrutis.Enfin, de notre côté, on garde toujours cette idée d’essayer de faire connaître notre musique au plus grand nombre. Donc on essaie de profiter du moindre espace qui s’ouvre à nous et qui nous permet de faire entendre notre musique et nos discours à la radio ou à la télé. Des fois, certaines personnes ne comprennent pas qu’on aille à telle ou telle émission. Nous, on voit les choses autrement. Je crois que c’est vous qui avez ce slogan « tout est à nous, rien n’est à eux ». J’aime cette idée. On l’applique à notre manière, en nous réappropriant les espaces existants à chaque fois qu’on le peut.Tu as plusieurs projets musicaux, et même un livre paru il y a quelques mois... Quelles sont tes envies pour la suite ?Continuer !Propos recueillis par Manu BichindaritzSite internet (avec les vidéos et les dates de concert) :http://www.saltimbanks.fr/Dernier album, Les temps modernes (Blueline)
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Photothèque Rouge/Romain Hingant