PARIS, 5 mai 2011 (AFP) - Olivier Besancenot a officiellement fait savoir jeudi qu'il refusait d'être candidat pour la troisième fois à l'élection présidentielle, préférant "passer le relais" à une nouvelle figure du Nouveau parti anticapitaliste, une décision qui pourrait changer la donne à gauche. Dans une lettre envoyée aux militants, le facteur de Neuilly, 37 ans, "assume" : "je ne serai pas le candidat du Nouveau parti anticapitaliste l'élection présidentielle de 2012". "Si je souhaite aujourd'hui passer le relais à un(e) de nos camarades, je ne renonce pas à m'impliquer, bien au contraire, dans tous nos combats" poursuit-il, assurant qu'il s'investira "à 100%" dans la campagne et "épaulera" le futur candidat. Après 10 ans en haut de l'affiche de son parti et des médias, qui l'ont toutefois quelque peu boudé depuis l'essor de Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), M. Besancenot n'a jamais fait mystère de son désir de ne pas y aller en 2012, soulignant constamment les "risques" de "la personnalisation à outrance" et de la professionnalisation de la politique. "Militant je suis, militant je veux rester", dit-il. A la direction, certains espéraient pourtant que celui qui refusait d'être "l'éternel candidat d'extrême gauche" comme Arlette Laguiller (Lutt ouvrière), finirait par se sacrifier. Cette décision n'est "pas une surprise", assure Myriam Martin, l'une des deux nouvelles porte-parole du NPA avec Christine Poupin depuis fin mars. C'est "un choix respectable" mais "ce n'est pas la voie de la facilité pour nous" vu sa popularité, résume pour l'AFP Alain Krivine. Pour le co-fondateur de la Ligue communiste révolutionnaire (devenue NPA en février 2009), la présidentielle reste toutefois "pour un petit parti comme nous, le seul moyen de faire connaître des têtes nouvelles". Le NPA, déjà à la recherche des signatures de maires, se décidera sur le candidat lors d'un conseil politique national les 14 et 15 mai, avant un vote des militants les 18 et 19 juin. "On ne va pas faire un Besancenot bis", note M. Krivine, "et ce serait bien que ce soit une femme", "peut-être" l'une des deux porte-paroles. Les intéressées n'en disent mot. "Ce n'est pas un truc pour lequel les gens se bousculent", confie Mme Martin, alors que l'appel du NPA au "rassemblemen anticapitaliste" semble faire flop. En 2002, encore inconnu quelques mois avant le scrutin, M. Besancenot avait obtenu 4,25% pour la LCR. Il s'était maintenu avec un bon 4,08% en 2007 tandi que les autres partis de gauche s'effondraient, victimes du vote utile en faveur du PS (1,93% pour le PCF, 1,57% pour les Verts). Dans les récents sondages, il oscillait entre un petit 4% et un large 11% suscitant l'incompréhension de l'entourage de M. Mélenchon (4-7%) après le succès du Front de gauche PCF-PG aux européennes et aux régionales. Sa non-candidature aura-t-elle des conséquences à gauche ? Pour Eric Coquerel (PG) qui imagine toujours une candidature commune possible, "le NPA va se retrouver en situation de savoir s'il a son propre candidat ou pas". Sa décision "change largement la donne pour la lutte" entre le Front de gauche et le NPA, estime Frédéric Dabi (Ifop), cela "libère un espace à la gauche de la gauche". "Qui va s'y engouffrer? Ca peut profiter largement plus à Mélenchon, s'il est désigné candidat" qu'à Nathalie Arthaud (LO) ou au remplaçant de M.Besancenot, pense le politologue, pointant toutefois un "océan d'incertitudes". Quant au PS, il "vaut mieux aussi un candidat moins connu que le charismatique Besancenot, ça ne peut pas être mauvais", juge M. Dabi. gd-jud/rh/ed
Par Guillaume DAUDIN et Julie DUCOURAU