Reprendre pied… au bord de la mer. Après une saison agitée en interne, des luttes sociales difficiles et un échec cinglant aux régionales (2,5% contre 6,9% pour le Front de gauche), Olivier Besancenot et les siens entament aujourd’hui leur opération sauvetage du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA).
Quatre jours d’université d’été à Port-Leucate (Aude) pour disserter du «socialisme du XXIe siècle». Et mettre à plat, à trois mois du prochain congrès, en novembre, les différends qui minent les militants depuis un an : la stratégie électorale, la question du voile et le choix des successeurs de Besancenot.
Alliances. L’épineux sujet des relations avec les autres formations de gauche en vue de 2012 doit être tranché au congrès. Mais les militants attendent de pouvoir avancer là-dessus dès cette rentrée. «Les délais pour préparer le congrès sont courts. Ce serait pas mal de profiter de cette université d’été pour clarifier notre stratégie», plaide Danièle Obono, comptant, au sein de la direction, parmi les plus enclins aux alliances avec le Front de gauche. «Le NPA n’est pas divisé entre plus unitaires et moins unitaires… réfute Omar Slaouti, ancienne tête de liste aux européennes. La vraie question à poser est : que peut-on attendre des autres partis sur leur programme et sur leur indépendance par rapport au PS ? C’est la frontière sur laquelle on travaille.» «Il y a besoin de rendre le NPA plus utile, plus crédible, milite pour sa part Christian N’Guyen, au comité exécutif. Etre ancré dans la réalité pour préparer un renversement du système capitaliste sans pour autant attendre le grand soir.»
Deuxième chantier : la place de ces nouvelles militantes qui portent le foulard. Dans un parti tiraillé par les questions de religion, laïcité et féminisme, les débats sur le sujet devraient faire le plein.
Enfin, cette université d’été pourrait être la dernière d’Olivier Besancenot comme porte-parole unique du NPA. Le leader anticapitaliste a annoncé, avant les vacances, son «envie de prendre une place nouvelle dans la direction», et de laisser la place à plusieurs de ses camarades. «Mais c’est encore un tabou au sein de la direction. On n’en a jamais parlé ouvertement entre nous !» soupire un membre de l’exécutif.
Mobilisation. Pas question pour autant de régler tous ces problèmes en quatre jours. «On ne veut pas que cette université d’été soit simplement un lieu de débat interne, fait valoir Sandra Demarq, une des dirigeantes. L’axe principal sera de combattre Sarkozy, sur les retraites et sur la sécurité.» Besancenot et les siens veulent faire de leur rentrée la première mobilisation «unitaire» contre la réforme des retraites. Vendredi, des représentants de la fondation Copernic, d’Attac, de la CGT, du Parti de gauche, du PCF et des Verts précéderont l’intervention de Besancenot. «Le mot d’ordre est simple, explique Frédéric Borras, de la direction : Faire converger les luttes et les mobilisations pour obtenir le retrait pur et simple de la réforme Woerth.» En appelant à la «grève générale reconductible»à partir des manifestations du 4 et du 7 septembre, le NPA espère ressouder ses troupes sur le terrain de la lutte sociale.
«Notre université d’été, contrairement à d’autres, ne sera pas axée sur 2012 et le candidat», ironise Sandra Demarq. Mais on en causera quand même beaucoup.
Par Lilian Alemagna.