Rentrée pourrie pour Olivier Besancenot. Comme si les difficultés de son Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ne suffisaient pas, le postier a été condamné hier par le tribunal correctionnel de Nanterre pour «séquestration».
Avec dix collègues, il écope d’une amende de 1 500 euros avec sursis et 500 euros de dommages et intérêts pour avoir, selon le tribunal, retenu des cadres de la Poste en mai 2010 lors d’une occupation des locaux de l’entreprise à Nanterre. «Je suis révolté ! déclare Besancenot. Nous sommes condamnés pour une séquestration qui n’a pas eu lieu ! Cette décision peut faire jurisprudence ! Le moindre fait de grève avec occupation pourra être requalifié en séquestration.»
Le tribunal a relaxé quatre autres postiers et n’a pas retenu le délit d’«entrave à la liberté du travail». «Une décision équilibrée, assure Me Bernard Dartevelle, avocat des cadres. Il fallait un rappel à la loi, on ne peut pas se tromper d’interlocuteur en s’en prenant à des salariés. Il y a des méthodes dans le combat syndical qui ne sont pas acceptables en République.»
Me Antoine Comte, avocat des postiers, a déploré, hier, «une décision incompréhensible» dans «un dossier sans preuve». Il a annoncé qu’il allait faire appel de la décision. Après avoir mobilisé plusieurs responsables politiques lors du procès dont Nicolas Hulot, Benoît Hamon et Arlette Laguiller, Olivier Besancenot compte continuer à médiatiser cette condamnation : «On n’a pas le médecin de Jacques Chirac ni le bras aussi long que Bernard Tapie. Il y a deux poids deux mesures, dénonce-t-il. Ceux qui lutteront cet automne sont prévenus de ce qui les attend en cas de grève sur leur lieu de travail. On cherche à faire de nous un exemple !»
L’ex-porte-parole du NPA craint aussi que cette condamnation «inscrite au casier judiciaire, puisse être utilisée pour engager une procédure de licenciement». «Je suis étonné, car ils avaient la possibilité de demander au tribunal la non-inscription au casier judiciaire, or ils ne l’ont pas fait», rétorque Me Dartevelle. Bien échauffé, même s’il n’est pas candidat en 2012, Olivier Besancenot promet un «bon début de rentrée».
Lilian Alemagna