PARIS, 14 oct 2008 (AFP) - Dix personnes, dont le patron de Taser-France, cinq policiers et deux membres d'une agence parisienne de détectives, ont été placées en garde à vue mardi dans l'enquête sur l'espionnage présumé du porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot. Il s'agit de cinq policiers et anciens policiers, d'un douanier, d'un fonctionnaire de police détaché auprès du Crédit lyonnais, de deux membres d'un cabinet de détectives privés Dussaucy, et d'Antoine Di Zazzo, directeurde SMP Technologies, la société qui commercialise en France le pistolet àimpulsion électrique Taser.
"Des perquisitions étant toujours en cours (mardi en fin d'après-midi,ndlr), nous n'avons pu avoir accès à l'ensemble des déclarations des gardés àvue, d'éventuelles prolongations de garde à vue ne seront décidées quemercredi matin", a indiqué le parquet de Paris. "Il est prématuré de tirer des conclusions concernant d'éventuels élémentsà charge" contre ces personnes, a-t-on précisé de même source. Le parquet de Paris avait ouvert cette enquête à la suite d'une plainte contre X de M. Besancenot pour "atteinte à la vie privée, atteinte aux droits des personnes pouvant résulter des fichiers et traitements informatiques et violation du secret professionnel".
Selon L'Express, qui avait révélé l'affaire, la vie du porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) "a été épiée, disséquée, mise en fiches par une officine de renseignement privée" entre octobre 2007 et janvier 2008. "C'est scandaleux, c'est révoltant. C'est des méthodes de barbouzards.
On al'impression d'être dans un mauvais film", a réagi M. Besancenot. L'avocate de M. di Zazzo a de son côté assuré que "SMP Technologies n'ajamais eu le moindre intérêt à commanditer un rapport concernant M. Besancenotou quelqu'un d'autre".
Me Catherine Hennequin a dénoncé "la mise en oeuvre d'une opérationpolicière très médiatique" qui est "très opportunément" intervenue quelquesjours avant la comparution pour diffamation, prévue lundi, de M. Besancenot. SMP Technologies attaque en justice le dirigeant troskiste qui avait remisen cause en 2007 le caractère "non létal" du Taser.
L'Express avait notamment évoqué, lors de la révélation de l'affaire débutmai, une "note confidentielle" qui allait jusqu'à mentionner "l'emplacement exact de l'appartement, dont la fiche cadastrale est annexée", du dirigeant trotskiste. L'hebdomadaire mentionnait également un document recensant "au centime près" les détails des comptes bancaires d'Olivier Besancenot et de sa compagne et des informations sur son véhicule obtenues "grâce au fichier administratif des cartes grises". Ce fichier aurait été consulté par l'un des policiers, en garde à vue. Ce fonctionnaire, qui appartenait à un service de la police judiciaire parisienne, a été muté récemment à Toulouse.
Selon les premiers éléments de l'enquête, le versement d'une somme d'argentpar SMP Technologies à l'agence Dussaucy, dirigée par un ancien policier, estavéré. D'autres éléments, comme des écoutes téléphoniques, relieraient SMPTechnologies à cette agence de détectives, selon des sources proches del'enquête. Le pistolet à impulsions électriques (PIE), Taser X-26, équipe depuis 2004 l'armée, la police nationale et la gendarmerie françaises. Qualifié d'arme "non-létale" par ceux qui le commercialisent, il envoie sur sa cible deux dards délivrant une forte décharge.