PARIS, 18 oct 2008 (AFP) - Alors que le directeur de Taser France est mis en examen pour avoir commandité l'espionnage d'Olivier Besancenot, le duel entre les deux hommes prendra une autre dimension lundi, avec le procès du porte-parole de la LCR, assigné pour avoir affirmé que le Taser avait fait des morts.
Si Olivier Besancenot devrait être présent au TGI de Paris, le directeur de SMP Technologies Antoine Di Zazzo, qui importe le Taser en France, ignorait encore vendredi s'il pourrait se rendre à l'audience. Concrètement, SMP Technologies reproche au dirigeant trotskiste d'avoir affirmé sur son blog, en juin 2007, que les pistolets à impulsions électriques Taser "auraient probablement déjà fait taire plus de 150 personnes aux USA", propos qu'il avait réitérés dans une interview au quotidien 20 minutes. La société, qui l'a assigné en diffamation, lui réclame 50.000 euros de dommages et intérêts, soit la même somme qu'au Réseau d'alerte et d'intervention pour les droits de l'Homme (RAID-H), également poursuivi par SMP Technologies pour avoir "dénigré" le Taser et en avoir fait un engin de mort. C'est "dans un but de santé publique" que la société SMP Technologies dit avoir "été contrainte et forcée de saisir le tribunal". Dénonçant des "contrevérités", elle devrait tenter lundi de convaincre le tribunal que le Taser est bien "une technologie non mortelle révolutionnaire". Un médecin est notamment appelé à témoigner en ce sens.
Mini-coup de théâtre vendredi: la 17e chambre civile a annoncé qu'elle repoussait au 27 octobre la décision concernant RAID-H. Initialement, celle-ci devait être rendue lundi à 13H30, soit trente minutes avant l'examen du dossier Besancenot. Les avocats de SMP Technologies ne pourront donc avoir connaissance des motivations de ce premier jugement pour réorienter leur argumentaire. D'anecdotique, cette dernière affaire prend une toute autre ampleur, compte tenu de la mise en examen d'Antoine Di Zazzo dans l'affaire d'espionnage présumée d'Olivier Besancenot.
Les deux affaires sont en effet étroitement imbriquées, M. Di Zazzo reconnaissant lui-même avoir engagé des détectives privés afin de lui "trouver l'adresse de Besancenot" pour lui adresser son assignation. Le directeur de SMP Technologies admet également avoir demandé aux détectives de l'agence Dussaucy de "faire des vérifications sur le patrimoine de M. Besancenot". "Je savais que je risquais de me retrouver confronté à lui dans des face-à-face médiatiques et qu'il allait se lancer dans des tirades sur le capitalisme. Je voulais m'en servir comme d'un argument médiatique, pouvoir lui dire +comparons nos patrimoines+", a-t-il expliqué vendredi à l'AFP. Pour le reste, il dément en bloc. Jamais, dit-il, il n'a demandé d'espionner les comptes d'0livier Besancenot ou les allées et venues de sa compagne et de son fils.
Jeudi, sept personnes ont été mises en examen dans cette affaire: outre M. Di Zazzo, trois policiers, un douanier et les deux membres de l'agence Dussaucy sont mis en cause. L'affaire avait débuté en mai par un article de l'Express. L'hebdomadaire avait alors révélé que la vie d'Olivier Besancenot avait été "épiée, disséquée, mise en fiches par une officine de renseignement privée" entre octobre et janvier 2008. Le journal évoquait déjà un lien possible entre cette surveillance et SMP Technologies. Olivier Besancenot avait alors déposé plainte contre X et une enquête avait été ouverte.