Résolution sur la situation politique adoptée lors du Conseil Politique National du NPA-L'Anticapitaliste des 23 et 24 mars 2024
1. Situation
1.1. Conjoncture mondiale
La conjoncture mondiale est toujours structurée par les éléments fondamentaux de la période : la crise multidimensionnelle du capitalisme, la montée de l’extrême droite et la guerre. La crise économique se poursuit, avec une croissance nulle, une inflation ralentie mais qui continue, et une absence de perspectives de sortie de crise. D’autant que le montant élevé des taux d’intérêts et la hausse des prix continuent de rendre illusoires l’utilisation de mécanismes de type keynésiens dans les prochains mois.
L’insuffisance des réactions de la classe ouvrière et le manque de perspectives politiques ont produit une montée de l’extrême droite dans la plupart des pays du monde. Contrairement à ce qui est parfois présenté dans le mouvement révolutionnaire, la montée de l’extrême droite n’est pas une réponse à des montées révolutionnaires, mais au contraire le produit de la décomposition du mouvement ouvrier, combinée à la nécessité pour la bourgeoisie de surexploiter. On peut constater concrètement les différences qualitatives existant entre le pouvoir de la droite bourgeoise classique, celui de l’extrême droite, capable de multiplier les attaques à une très grande vitesse comme tente de le faire Milei en Argentine, et le fascisme, qui conduit à l’impossibilité de militer et d’exprimer le moindre point de vue alternatif.
D’un autre côté, la guerre se développe dans le monde, qui devient chaque jour un peu plus chaotique. À l’Est de l’Europe, la Russie s’est lancée dans une guerre d’expansion, qui l’amène aujourd’hui à mettre tous ses moyens pour briser la résistance ukrainienne et menace ouvertement l’ensemble de ses voisins. En Palestine, Israël mène une guerre génocidaire.
L’existence de grands blocs impérialistes est indéniable, autour des États-Unis et de l’Europe d’un côté, et de la Chine et de la Russie de l’autre, avec au sein de chaque bloc des États ayant une forte autonomie. Les débats au sein des classes dominantes sont importants pour choisir entre les solutions nationalistes ou l’engagement dans ces blocs, avec de très nombreuses contradictions, conséquences de la complexité de la situation et des intérêts économiques et géostratégiques multiples.
La montée des tensions est très forte et inquiétante. Nous devons lutter contre le militarisme, qui se caractérise en particulier par le développement des dépenses militaires et la militarisation croissante de la jeunesse, avec le retour de nouvelles formes d’armée de conscription. Nous soutenons toutes les résistances des peuples, aussi bien le peuple ukrainien, qui a un besoin urgent d’armement pour faire face à la machine de guerre de Poutine, que le peuple palestinien dont la survie est aujourd’hui conditionnée à un cessez-le-feu.
La lutte contre la guerre ne peut se séparer de la défense des résistances populaires, par en bas. Les mobilisations pour la Palestine qui se développent dans le monde, y compris dans une partie des pays impérialistes, en particulier les États-Unis et la Grande-Bretagne, sont les meilleurs d’appui pour la lutte contre le militarisme, et offrent des possibilités de politisations très importantes dans la classe ouvrière.
1.2. France
La montée de l’extrême droite est particulièrement forte en France. Les sondages pour les élections européennes annoncent une extrême droite au moins à 40 %. La situation est très dangereuse pour le prolétariat, dont l’extrême droite est le pire ennemi, et pour les libertés démocratiques. Cette montée de l’extrême droite s’appuie sur une offensive ultra-réactionnaire et raciste plus globale de la classe dominante, concrétisée par des mesures gouvernementales, l’approfondissement de la crise politique et le discrédit du pouvoir, ainsi que sur l’incapacité du mouvement ouvrier à proposer une alternative. En effet, Macron enchaîne les actions impopulaires, notamment dans le cadre des jeux Olympiques et le gouvernement Attal ne parvient pas du tout à relancer le quinquennat. Mais le mouvement ouvrier organisé est incapable de construire une alternative politique au pouvoir. En effet, les directions des organisations de la gauche la plus institutionnelle (PS, Écologistes et PCF) ont mis comme priorité la bataille entre elles pour sauver leurs appareils. Elles ont donné des gages au système sur la Palestine et sur le positionnement par rapport à l’Union européenne.
Avec la NUPES, LFI avait trouvé une solution permettant de conjuguer une unité de la gauche très large, incluant le PS, EELV et le PS, tout en situant le curseur de l’union dans la gauche antilibérale. Cette situation, qui a su donner confiance aux secteurs de la classe ouvrière ayant un certain degré de conscience de classe, a profondément évolué. Le PCF, EELV et le PS se sont affranchis de la NUPES et essayent, chacun avec ses spécificités, de recréer une nouvelle mouture de la gauche plurielle, celle qui vise à cogérer avec la bourgeoisie les politiques libérales à l’échelle nationale et européenne. LFI refuse de faire son deuil de cette situation et d’assumer pleinement qu’il n’y a pas de possibilité de faire cohabiter une orientation de rupture avec celle de la gauche libérale. Cela d’autant plus que la montée de l’extrême droite accentue dans une série de milieux la pression à devoir impérativement proposer une alternance de gauche majoritaire pour les prochaines échéances électorales, à défaut de construire une véritable alternative de rupture avec les systèmes.
Ces constats sont d’autant plus terribles que, même si la défaite du mouvement sur les retraites a provoqué une forte apathie, et en particulier contribué à fortement ralentir les mobilisations sur les salaires, des mobilisations existent. Il y a eu les manifestations contre la loi Darmanin, en particulier dans la jeunesse. Mais aussi le mouvement des agriculteurs, qui a exprimé des revendications hétérogènes, avec une colère dans la petite paysannerie contre les politiques ultra-libérales, en même temps que les réclamations productivistes des exploitants les plus riches. Si la FNSEA a gardé la main, tout en voyant son hégémonie menacée par la Coordination rurale, la Confédération paysanne a réussi à défendre une orientation sociale et écologiste, qui reste minoritaire mais a eu un écho. Les mobilisations écologistes perdurent, notamment autour de l’A69, tandis que le gouvernement n’a pas réussi à dissoudre les Soulèvements de la Terre. Les manifestations du 8 mars ont été imposantes, et la grève féministe, année après année, se renforce ; des milliers de femmes, notamment dans la jeunesse, la construisent maintenant chaque année, renouvelant considérablement les collectifs militants. Cette année elle a été d’autant plus un succès qu’elle a été en outre préparée par les syndicats, ce qui était une première.
La mobilisation dans l’Éducation nationale, pour des moyens autour de l’exigence d’un plan d’urgence départemental et contre les nouvelles réformes (groupes de niveau en collège, etc.), est importante dans le 93 et s’inscrit dans la durée.
Mais elle doit se solidifier et s’étendre.. Dans le public, la colère est forte : la grève du 19 mars était faible mais a permis de rassembler les équipes militantes, et nous verrons dans la durée si cela constitue une première étape de sortie de la période ayant suivi la défaite sur les retraites. Dans le privé, les luttes sur les salaires restent régulières, mais très locales et limitées.
Enfin, la mobilisation sur la Palestine constitue un point d’appui important dans la reconstruction d’une conscience de classe internationaliste. En effet, ce sont les couches les plus populaires, en particulier chez les personnes racisé·es qui luttent, reconstruisent une capacité d’action, après les attaques effroyables menées par la classe dominante avec l’offensive sur l’abaya, les violences policières et racistes, la loi Darmanin, sans parler de la casse des services publics et de la préparation, particulièrement antisociale, des JO. La mobilisation sur la Palestine permet de construire des collectifs de lutte, dans es quartiers populaires, mais aussi, petit à petit, dans les syndicats et les lieux de travail. Elle constitue un point d’appui dans la construction de la conscience de classe, en particulier dans les couches racisées, et l’opposition à l’hégémonie bourgeoise.
2. Orientation
2.1. Nécessité de l’unité permanente, d’un parti des exploité·es
Le recul des organisations du mouvement ouvrier et leurs divisions sont tels que la bourgeoisie dispose d’un boulevard pour défendre sa politique, malgré sa base sociale très réduite, et malgré la force des contestations qui s’opposent à elle.
Au lendemain de l’élection présidentielle, nous analysions la situation en considérant qu’elle se caractérisait par la mise en place de trois pôles de forces relativement équivalentes, l’extrême droite, une gauche renouvelée et un centre très instable. Force est de constater qu’avec l’accélération de la crise économique et la défaite du mouvement sur les retraites, les rapports de forces se sont dégradés, que tout le spectre politique s’est déplacé vers la droite, avec un renforcement de l’extrême droite et un affaiblissement de la gauche, dû à la fois à son morcellement et à la défaite de la lutte contre la réforme des retraites.
Devant ce constat, nous devons plus que jamais réaffirmer la nécessité d’une unité permanente des forces défendant les intérêts des exploité·es et des opprimé·es. C’est le cas dans le cadre du syndicalisme, où nous portons la nécessité de l’unification syndicale des forces les plus combatives (CGT, FSU, Solidaires). Nous défendons une unification par en bas, rassemblant et dynamisant les équipes militantes, afin de revivifier la démocratie syndicale, les cadres d’organisations au plus près des travailleurs/ses, de combattre la bureaucratisation, en s’appuyant sur l’auto-activité des secteurs militants.
C’est aussi le cas dans les luttes, nous y reviendrons.
Mais c’est aussi, et c’est nouveau à ce point, une nécessité dans le champ politique. L’espace est très réduit pour la gauche révolutionnaire, qui ne peut plus incarner l’aile radicale d’une gauche suffisamment forte pour représenter et défendre les intérêts immédiats de la grande masse des travailleurs/ses. Nous devons prendre notre part dans la reconstruction d’un outil pour les exploité·es et les opprimé·es, un parti de classe, militant, démocratique implanté dans les entreprises et les quartiers populaires, se proposant de combattre le capitalisme. Nous devons aider à ce que la conscience, même pleine d’illusions, se cristallise dans le pays, afin de contenir l’offensive bourgeoise et préparer les prochains combats.
En tant que militant·es révolutionnaires, nous devons aussi militer pour qu’il n’y ait pas de retour aux anciens modèles où la gauche, dominée par le PS, était intégrée au système, et défendait la politique de la classe dominante auprès des classes populaires.
Enfin, nous devons proposer à l’ensemble du mouvement social les acquis de notre courant en termes de stratégie, ainsi que nous élaborations concernant la période et le programme.
2.2. Construire les luttes sociales
Dans les luttes, notre priorité est de construire des cadres à vocation de masse pour organiser la lutte. Nous ne pouvons pas nous contenter d’apporter nos orientations, même si cela est nécessaire, nous nous rendons également utiles pour bâtir des fronts de lutte à la base, appuyés sur une politique unitaire de la base au sommet. Nous battre pour l’unité ne nous empêche pas de défendre notre stratégie, cela permet même de le faire dans des cadres plus larges, mais nous devons prendre garde à ne pas découper, à montrer que les débats au sein du mouvement ouvrier n’empêchent pas l’action commune.
Dans l’immédiat, la construction des luttes sur les salaires est aujourd’hui un axe majeur. Mais d’autres luttes peuvent aussi constituer des outils pour lutter contre les politiques antisociales et répressives, à l’exemple des combats pour la gratuité, ou encore des luttes contre les grands projets inutiles, à l’exemples de celles qui peuvent se développer contre les JO de Paris ou les JO à venir dans les Alpes.
Dans le 93 également, une mobilisation intersyndicale revendiquant un « plan d’urgence éducation » prend de l’ampleur depuis un mois avec des moyens de lutte variés (grèves reconductibles ou ponctuelles, blocages, actions symboliques...) réunissant les personnels de l’éducation, les parents et les élèves. Construite à partir des revendications du terrain, avec un budget chiffré, cette mobilisation s’articule avec une bataille contre le projet de destruction du collège unique d’Attal et de Macron et contre les mesures dites du « choc des savoirs ».
Cette lutte s’inscrit dans une démarche offensive, pour revendiquer plus de droits pour le département le plus pauvre et le plus jeune de France métropolitaine, pour que l’école puisse réduire les inégalités sociales et pour qu’elle cesse enfin de les creuser. La poursuite de cette lutte et les points qu’elle marquera sont un encouragement les luttes de tout le secteur de l’éducation (mêlant plan d’urgence locaux et opposition au choc des savoirs). Cela permettra d’augmenter le rapport de force et d’imposer des reculs au gouvernement. Nous devons rendre visible cette lutte avec des vidéos et en impulsant des communiqués unitaires de soutien ainsi qu’en partageant la caisse de grève.
Nous devons maintenir la bataille pour les droits des migrant·es, contre la loi Darmanin, pour des régularisations, l’accueil digne, tout en combinant ces actions concrètes avec notre mot d’ordre de la liberté de circulation et d’installation.
Nous luttons aussi contre tous les racismes, qui constituent une oppression systémique de plus en plus structurante dans les pays impérialistes. À ce sujet, nous devons nous engager réellement dans une intervention contre l’islamophobie, qui constitue le racisme dominant dans notre pays.
Nous poursuivons la construction de cadres permanents d’action féministes, en s’appuyant sur la réussite du 8 mars.
2.3. Contre les guerres impérialistes
La mobilisation sur la Palestine obtient des résultats, avec l’affaiblissement de Biden et, par ricochet, de Netanyahou, le changement de discours public de Macron et la victoire à la Cour internationale de Justice. Nous n’avons aucune illusion sur les volontés de pression des impérialistes sur Israël, mais cela montre que la mobilisation est efficace.
Nous devons renforcer notre investissement dans la construction de cadres locaux, à l’image d’Urgence Palestine, leur action quotidienne dans les quartiers populaires, et leur centralisation. Les conséquences des désaccords autour de l’appréciation du 7 octobre pèsent encore fortement à gauche et dans les organisations de masse, mais l’urgence à se mobiliser devant l’ampleur de la catastrophe que vit le peuple palestinien permet de construire des cadres de mobilisations actifs et de relancer des actions unitaires. L’offensive menée par le pouvoir et les sionistes autour de l’instrumentalisation du 8 mars et dans les universités a une efficacité limitée, et les manifestations du 9 mars ont montré que le mouvement garde une grande force.
Pour obtenir de nouveaux succès, nous devons continuer à organiser des manifestations, des actions locales à vocation de masse, des actions de boycott, des affichages, des diffusions massives. Nous dénonçons aussi les provocations répétées, qui tentent d’assimiler le nécessaire combat contre l’occupation coloniale sioniste et l’antisémitisme dont nous sommes les adversaires les plus résolus.
Cette mobilisation contre l’action génocidaire d’Israël, avec la complicité des puissances occidentales, va durer encore plusieurs mois, en raison de la guerre, mais aussi de ses conséquences désastreuses sur les infrastructures et la vie des Palestinien·nes. C’est une priorité pour l’organisation.
La mobilisation sur la Palestine permet également de redonner du souffle aux actions contre la guerre en Ukraine et les interventions impérialistes en Afrique, notamment de la part de la France.
Les difficultés de la résistance ukrainienne impliquent aussi que nous redoublions nos actions de solidarité envers le peuple ukrainien. La politique ultralibérale du gouvernement Zelenski met en difficulté la résistance alors que, pour gagner, il faudrait une mobilisation générale.
Comme pour la Palestine, nous défendons inconditionnellement le droit à la résistance armée et non armée face à l’occupation.
Nous revendiquons l’annulation de la dette de l’Ukraine et l’armement de la résistance, afin qu’elle ait les moyens de résister à la Russie, tout en conservant son indépendance, politique et économique. Mais nous nous opposerons à toute intervention militaire occidentale directe, qui ne correspond pas à la demande des Ukrainiens.
Nous dénonçons les discours bellicistes de Macron, qui cachent son inaction réelle, puisque la France n’a en réalité livré que très peu d’armes à l’Ukraine mais aussi sa politique de militarisation qui se traduit par l’augmentation des budgets militaires, sans aucun rapport avec l’Ukraine.
Nous soutenons la campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires ICAN.
2.4. Élections européennes
Les élections européennes ne passionnent traditionnellement pas les masses, mais celles-ci en particulier ont des enjeux importants, dans le contexte de la montée de l’extrême droite, des politiques anti-immigré·es, ou des mobilisations agricoles. De plus, les résultats de ces élections peuvent produire des effets (d’entraînement, de démobilisation...) sur la lutte des classes. Ainsi, savoir qui sera en tête à gauche dans cette élection n’est pas anodin. En cas de recul important de LFI, l’extrême droite sera la seule opposition perçue comme radicale face au gouvernement, et disposera donc d’un boulevard.
Et dans le débat à gauche, la consolidation d’une orientation de rupture, même partielle, est un enjeu pour la suite.
Si nous ne partageons pas leur volonté de mener campagne contre l’adhésion de l’Ukraine à l’union européenne, les positions de LFI sont globalement correctes sur leur critique de l’Union européenne et sur les mesures antilibérales du programme de la Nupes qui vont dans le bon sens et sur l’opposition au militarisme.
Des interrogations subsistent sur leur positionnement par rapport au soutien réel à la résistance ukrainienne, comme l’ont montré les arguments utilisés lors du débat sur l’accord bilatéral de sécurité à l’Assemblée nationale.
Sur la Palestine ou les migrant·es, sur les banques et la dette, et sur d’autres questions stratégiques, bien que nos désaccords soient substantiels, ils sont imperceptibles à une échelle de masse, en raison de l’opposition frontale de la bourgeoisie à ce que défend LFI.
Enfin, pour porter la nécessité d’un parti pour les exploité·es et les opprimé·es, nous devons à l’occasion de cette campagne électorale nous adresser, voire tenter de nous lier, aux militant·es les plus favorables au rassemblement large de la gauche de combat alors que la liste UP sera limitée sur ce plan car la FI n’a pas su ou pas voulu rassembler plus largement autour d’elle.
Malgré l’échec de notre proposition à la LFI d’une liste commune et dans ce contexte compliqué, nous maintenons la logique que nous avons entamée à l’automne et valorisons l’enjeu d’un score élevé de la liste de l’Union populaire, tout en menant campagne avec notre matériel propre, et là où les conditions sont réunies, en participant à la campagne de l’Union populaire, en proposant des actions communes à la base.
Notre campagne défendra nos positions contre l’Union européenne, pour une Europe des travailleurs/ses et des peuples, contre l’impérialisme européen et l’OTAN, pour la liberté de circulation et d’installation, la réquisition des banques et des grandes entreprises de l’énergie, pour une transition écologique rompant avec le capitalisme et le productivisme, et une harmonisation vers le haut des droits sociaux européens. Nous proposons à d’autres courants ou regroupements (comme Rejoignons-nous) de faire campagne avec nous dans ce sens.
Lors d’un CPN en visio avant fin avril, en fonction des éléments concrets de la campagne, nous trancherons les modalités d’un appel au vote, si possible nous dépassant, et que nous préparons dès maintenant.
3. Le NPA
3.1 Face à la scission
La scission et ses conséquences nous aspirent hélas beaucoup d’énergie. Nous devons assumer que nous représentons la continuité politique et organisationnelle du NPA. Le NPA-C reste une agglomération de fractions qui ont un positionnement sectaire face au reste du mouvement social et dont les positions sont souvent problématiques. Leur récente affirmation qu’ils seront présents « en toutes indépendance des GAFAM, de la FI et de l’OTAN » en est une caricature désolante. Cette politique participe de la confusion générale dans une période complexe où les cartes sont déjà largement brouillées en termes de repères de classe.
Nous avons cherché un accord politique et financier jusqu’au bout avec le NPA-C, et la judiciarisation en cours est de son entière responsabilité. Après nous avoir accusés de tous les mots, sa direction a demandé à la justice de nous priver de notre journal, de notre site, et nous accuse de contrefaçon ! Nous refuserons par tous les moyens à notre portée que le NPA-C puisse utiliser le nom et le logo du NPA dans les élections européennes.
3.2. Construction
Le NPA a du mal à faire les preuves de la pertinence de son orientation et de son utilité. Notre surface sociale et le trop faible niveau d’implantation dans le mouvement social ne nous permettent pas de peser. Si notre voix reste supérieure à notre réalité, sur la base de notre histoire et de notre légitimité, elle tend à s’affaiblir, cherchant un espace entre un pôle révolutionnaire très identitaire et un gauche institutionnelle antilibérale. Il y a pourtant un enjeu à faire vivre notre courant, qui depuis plus d’un demi-siècle a su allier ce qui pourrait apparaître comme des contraires – un marxisme ouvert, non sectaire, dans une optique révolutionnaire et unitaire, la lutte contre l’exploitation et contre toutes les oppressions, un équilibre entre un héritage fort et une capacité d’intégrer les apports de chaque nouvelle génération militante... Il nous faut à présent réussir à traduire ce programme de parti en un espace politique.
Les éléments qui structuraient la période au moment de la fondation du NPA ont significativement évolué vers une dégradation du rapport de force, la poussée de l’extrême droite, un renouveau du réformisme à gauche sur des bases plus radicales. Cela nécessite donc de remettre à jour notre stratégie, nos positionnements tactiques, afin de pouvoir construire un courant politique indépendant à la fois unitaire et révolutionnaire. L’urgence écologique, les batailles pour l’égalité des droits (féminisme, racisme, partage des richesses) ainsi que la lutte contre le colonialisme et les guerres sont actuellement au cœur des préoccupations, notamment dans la jeunesse. Nos réponses non dogmatiques et démocratiques attirent des jeunes. Il faut privilégier la diffusion de nos idées et la construction dans la jeunesse.
Nous devons poursuivre notre travail de réorganisation et de formation pour nous solidifier. La tenue de stages de formation (à commencer par le stage d’accueil national du 9 au 12 mai), l’édition de livres, la vitalité de notre presse et nos vidéos sont des signes d’un certain renouveau, permis par la séparation.
3.3. Renforcer nos capacités militantes
Nous avons toutefois besoin de renforcer les capacités politiques de la direction, en permettant à plusieurs camarades du CPN d’avoir un permanentat dans la perspective du renouvellement du CE. Du temps doit être consacré à notre site internet, à la diffusion de notre presse, mais aussi à notre renforcement organisationnel et financier. Le CE est mandaté pour avancer dans cette direction et pour clarifier et améliorer la répartition des tâches à l’intérieur du CPN. Notre politique doit également être assumée publiquement, par des campagnes de réunions publiques. Il faut se fixerl’objectif d’organiser au moins une réunion publique dans chaque département d’ici l’été. En région parisienne, du fait des besoins de construction et de visibilité nationale, nous avons besoin de travailler nos apparitions et expressions publiques, en particulier en organisant régulièrement des initiatives type meetings, réunions publiques de débat, rencontres...
À la rentrée, il nous faudra mettre en place notre projet d’achat de l’immeuble hébergeant Rotographie. Pour l’achat et les travaux, l’accueil de la librairie, la construction d’une grande salle de réunion, nous aurons besoin de beaucoup d’argent.
Une campagne de souscription exceptionnelle sera donc organisée de septembre à décembre pour permettre la réalisation de nos objectifs.
3.4. Week-end féministe, salariéEs public privé et RIJ
D’ici l’été, nous avons également deux échéances importantes, le week-end féministe et la réunion public privé. Tou·tes les militant·es qui participent aux activités féministes, de près ou de très loin, et tou·tes les camarades qui militent dans lieux de travail, ont vocation à trouver leur place dans ces échéances, ainsi que les sympathisant·es que nous associons à ces activités.
Enfin, les rencontres internationales de jeunes de la IVe Internationale, qui auront lieu en France encore cette année, et l’université d’été, doivent faire l’objet de vraies campagnes d’inscription.
3.5. Préparer les congrès du NPA et de la IVe Internationale
La tenue d’un congrès du NPA en fin d’année, en articulation avec celui de la Quatrième Internationale début 2025, doit être l’occasion d’une actualisation et d’une réappropriation de notre projet par l’ensemble des militant·es. C’est l’opportunité de former de nombreux/ses militant·es qui n’ont jamais connu de réels débats hors des batailles de fractions, de nous homogénéiser, de redonner un nouveau souffle à un projet éco-socialiste émancipateur. Les débats qui ont lieu au niveau de la Quatrième Internationale peuvent et doivent alimenter nos débats nationaux et sont l’occasion de donner une réalité et de renforcer nos liens. Les quatre textes en discussion abordent la situation mondiale, l’intervention dans les mouvements sociaux, le rôle et les tâches de la Quatrième internationale, et le manifeste écosocialiste qui constitue une actualisation programmatique qui est souhaitée marquante et à diffusion large. Ces textes devront être distribué·es aux militant·es et des AG locales organisées, l’objectif recherché étant de s’approprier suffisamment les débats dans la perspective de préparer un débat sur nos relations futures avec l’Internationale.
Concernant le congrès du NPA, les débats de l’Internationale alimenteront notre compréhension globale de la situation et des tâches dans la période. Cela permettra de discuter avec du recul du renouvellement de notre projet politique, de notre refondation en lien avec la recomposition du mouvement ouvrier en cours.
Les questions de fonctionnement, de nos lieux d’intervention, les perspectives politique et stratégique que nous défendons, seront au cœur de nos débats. Ils ne pourront évidemment tout régler, mais ils ont vocation à entamer le long travail de refondation et de reconstruction qui est nécessaire pour construire l’outil politique dont nous avons besoin. Pour ce faire, il est essentiel qu’un processus s’enclenche permettant au maximum de militant·es de se saisir des débats et des décisions.