Publié le Lundi 29 janvier 2024 à 12h51.

Résolution sur la situation politique - CPN des 27 et 28 janvier 2024

Résolution sur la situation politique adoptée lors du Conseil Politique National du NPA-L'Anticapitaliste des 27 et 28 janvier 2024.

 

1. Situation sociale et politique

 

La bourgeoisie mondiale continue d’engranger des profits records. Pour pouvoir poursuivre en ce sens, elle a décidé́ de ne rien lâcher aux travailleurEs et s’enfonce dans une fuite en avant mortifère pour garder ses privilèges. C’est ainsi que de plus en plus, elle développe une politique répressive, autoritaire et réactionnaire, croyant ainsi canaliser la colère populaire. L’option d’une droite dure et extrême n’est plus un tabou, et les difficultés du capitalisme mondial à trouver de quoi se relancer après la pandémie, l’inflation, rendent la pression sur les salaires de plus en plus difficile à supporter.

 

Redéploiement de l’impérialisme avec toujours les enjeux pétroliers : la COP28 qui s’est tenue à Dubaï̈ aux Émirats arabes 20 unis, a été un exemple d’enfumage de la part des plus gros pollueurs qui en plus se présentent comme des porte-paroles du droit au développement du « Sud global ». La COP 29 aura lieu en à Bakou en Azerbaïdjan, un autre état pétrolier et une autre dictature ! De COP en COP, l’inaction climatique se poursuit sous le vocabulaire des « émissions nettes nulles » qui permet de poursuivre l’exploitation des énergies fossiles en prétendant absorber et stocker le CO2. Dans le même temps pèsent sur les plus pauvres, les populations racisées et les peuples autochtones, à la fois les conséquences dramatiques des 25 phénomènes extrêmes dus ou aggravés par le bouleversement climatique et le coût des pseudo-compensations.

 

Les conséquences écologiques sont de plus en plus catastrophiques et inacceptables. Le capitalisme vert ne peut plus prétendre être une solution crédible pour les masses. La bourgeoisie assume de plus en plus ses choix destructeurs et leurs conséquences avec l’injonction à l’adaptation, tout en prétendant prendre des mesures historiques pour le climat. En France, la poursuite de l’offensive du lobby nucléaire, le retour de la transition énergétique sous la coupe du ministère de l’Économie pendant que la FNSEA garde son meilleur soutien à l’agriculture, la déclaration de Macron qui considère que son gouvernement a déjà « pris des décisions historiques et qu’elles sont les bonnes », mais s’inquiète de « trop de normes inutiles qui découragent les entrepreneurs, les industriels, les commerçants, les agriculteurs, les artisans, les maires, ceux qui font », les lourdes peines contre les anti-bassines, indiquent l’aggravation du cours productiviste et répressif.  

 

Dans ce contexte international, l’Europe retrouve ses vieux démons et se met au diapason : l’Italie et son gouvernement, les Pays-Bas et Geert Wilders, la Hongrie de Victor Orban, la percée électorale de l’extrême droite comme l’AfD en Allemagne, Vox en Espagne, en Finlande, en Suède, en Grèce, les politiques anti-immigréEs au Royaume-Uni.... Aujourd’hui, le RN est crédité d’un socle de 30 % d’électeurs dans de nombreux sondages pour les élections européennes. Alors que l’idée d’un cadre politique européen avait été prétendument créé pour ne plus connaître de crise politique comparable à celle qui avait amené l’extrême droite au pouvoir, on voit les extrêmes droites redevenir une « solution politique » envisageable pour les classes dominantes. Le recours à l’extrême droite par la bourgeoisie n’est plus motivé par la peur d’une alternative du côté du mouvement ouvrier, mais par l’instabilité liée à la décrédibilisation des institutions et des forces politiques qui les gèrent. Les frontières entre droites diverses et extrêmes droites sont devenues poreuses, autorisant des recompositions et alliances inclusives avec le RN en France par exemple. L’ensemble est également marqué par l’impact à gauche et dans le mouvement ouvrier d’approches sécuritaires, relevant du souverainisme, de la xénophobie et de l’islamophobie (comme l’exprime la scission dans Die Linke en Allemagne et la politique de la social-démocratie danoise).

 

Cette perte de légitimité nourrit l’éruptivité de mouvements populaires capables de s’ancrer dans la durée et donc de peser sur le fonctionnement de l’économie, mais pas de produire des éléments de réponses politiques de rupture (Gilets Jaunes et mouvement contre la réforme des retraites, mouvement des Parapluies à Hong-Kong, insurrection en Birmanie, Hirak en Algérie, mouvements sociaux et politiques au Chili et en Argentine, mouvement des femmes en Iran, mouvement de la société́ civile au Soudan...). Même si ces mouvements ont des causes directes et des ressorts différents, ils sont pour les classes dirigeantes prédatrices un obstacle à une exploitation du travail organisée à l’échelle mondiale, un signal d’alerte pour le moment de faible intensité. En Europe, cette instabilité est aussi nourrie par la précarité généralisée du monde du travail et la peur du déclassement face à la mise en concurrence de travailleurEs. Ce sont ces peurs sur lesquelles surfent les extrêmes droites avec la complicité de la politique de l’Europe forteresse. Cette situation impose donc de repenser les dangers d’une accession au pouvoir des extrêmes droites qui ne reproduiraient pas les formes de violences de classes des années 1930, mais dont on a tout à craindre dans l’inventivité de nouvelles barbaries.

 

La stratégie du « choc des civilisations » enclenchée en 2001 est toujours le mantra du bloc «occidental » - repris et adapté par les autres puissances mondiales. En effet, les grandes puissances cherchent, comme toujours dans l’histoire, à justifier leur agressivité dans les rapports internationaux par des explications morales plus ou moins fallacieuses. Elles veillent ainsi à se présenter comme la Civilisation qu’elles auraient la charge de défendre par tous les moyens. Cette justification est la défense morale de l’impérialisme, depuis les premiers mouvements coloniaux. L’opposition à l’islam est aujourd’hui le relais de cette antienne : la civilisation libérale occidentale était ainsi opposée hier aux communistes comme elle l’est aujourd’hui aux musulmans. Elle justifie 5 l’interventionnisme occidental partout, et la déstabilisation des peuples. Surtout, cette opposition est aussi le relais de la réactivation du thème de l’ennemi intérieur de la nation : l’antisémitisme qui a prospéré en Europe est ainsi le modèle de l’islamophobie contemporaine à l’intérieur des États occidentaux, tandis que la défense de la Civilisation blanche justifie à l’extérieur la guerre généralisée contre toutes les populations musulmanes. Ainsi avait été généralisée « la guerre contre le terrorisme » en 2001, pour justifier l’intervention en Irak et en Afghanistan. Les discours sur le 7 octobre, sur les organi- 10 sations terroristes en Palestine, mais aussi en Afrique, s’inscrivent dans cette logique. Les dénonciations sont sélectives, comme la dénonciation de Poutine et la Chine, tandis que les grandes puissances effacent facilement les crimes de leurs alliés, en particulier l’Arabie saoudite ou le Qatar... Le soutien à Israël, les courses aux armements, tout cela se ferait au nom de la démocratie. Nous ne sommes pas campistes, nous ne pensons pas que les ennemis des États-Unis vaudraient mieux que les Occidentaux, mais nous ne sommes pas naïfs non plus. Nous rejetons globalement les puissances impérialistes, et 15 nous nous situons du côté des peuples opprimés et des forces qui défendent au mieux leurs intérêts, que ce soit en Palestine, en Ukraine, en Arménie, au Xinjiang, en Birmanie, en Afrique ou ailleurs.

La guerre en Ukraine est un cas d’école de ce point de vue : les grandes puissances ont tenté́ de freiner l’offensive de la Russie, un de leur concurrent direct dans la bataille de partage du monde, et se sont positionnées en soutien à l’Ukraine.

 

Mais elles l’ont toujours fait en tentant de vassaliser le gouvernement libéral de Zélensky, et ne sont pas prêtes à y perdre des milliards. De fait, les difficultés militaires et la contradiction pour les impérialistes de soutenir en même temps l’Ukraine et Israël, les amènent à prioriser le soutien à Israël, car son rôle est capital dans la domination impérialiste au Moyen-Orient.
De notre côté, plus que jamais, nous soutenons le droit de la population ukrainienne à défendre ses droits et son indépendance contre l’invasion des troupes russes.

 

2. En France : l’instabilité́ et la fuite en avant de la bourgeoisie

 

La dernière séquence est marquée par le soutien politique inconditionnel du gouvernement à l’État d’Israël, par la légitimation d’un « arc républicain » qui englobe le RN et Reconquête et exclut LFI, pour finir avec le vote de la loi immigration le 19 décembre avec les voix des républicains et du RN.
 

La nomination du nouveau gouvernement indique un saut qualitatif et une orientation de plus en plus claire « à droite toute » : suppression de certains ministères à proprement dit comme celui de l’Éducation et de la Santé, intégration de ministres clairement réactionnaires, homophobes, transphobes ou corrompus. Un gouvernement restreint qui montre à la fois que la macronie a un réservoir politique diminué mais également une volonté de concentrer les pouvoirs. Le slogan 35 « ordre et progrès » repris par Macron lors de la conférence de presse du 16 janvier et pioché dans le logiciel du positivisme du XIXe siècle ou encore celui « Pour que la France reste la France » emprunté à Zemmour sont autant d’expressions de cette extrême droitisation du pouvoir.
 

Le pouvoir en place, de plus en plus fragilisé et illégitime, s’appuie sur le fond idéologique populiste et réactionnaire de l’extrême droite dans une fuite en avant autoritaire et raciste. Cela au nom du « combat contre l’extrême-droite » dixit 40 Macron. Mais son attaque principale est devenue « le RN, c’est le parti de l’appauvrissement collectif, le parti du mensonge, le parti du programme qu’il a complètement piqué à l’extrême gauche ». Cela montre l’absence de perspective pour la bourgeoisie en France mais aussi dans de nombreux pays européens dans un contexte économique et social de crise permanente. La bourgeoisie est en panne de solutions et d’espaces qui lui permettraient de maintenir son taux de profits et sa compétitivité : aucun traité depuis le traité constitutionnel de Lisbonne (2007), un rétrécissement de son influence à l’échelle internationale notamment en Afrique, des marchés occupés par la concurrence de la Chine mais aussi de l’Inde, de la Turquie ou du Brésil...

 

Dans ce contexte de forte instabilité, les contradictions entre les classes s’exacerbent. Il y a un risque réel de basculement vers un état autoritaire, s’appuyant sur les réformes législatives des dernières années, la mainmise sur les organes de presse, la gangrène idéologique des forces de l’ordre... Le danger fasciste, dans une forme adaptée à l’état actuel du capitalisme, ne peut être écarté. Macron et son gouvernement font la chasse aux pauvres et aux immigréEs et s’appuient sur les classes moyennes pour continuer à enrichir les capitalistes. Une politique que conduit également Meloni en Italie. D’un autre côté, compte-tenu de la violence des attaques de ce gouvernement et du patronat, de l’inflation, du mépris... il est possible qu’émergent des réactions de contestation forte, voire des explosions sociales violentes, souvent pleines de contradictions, à l’image du mouvement des agriculteurs en cours.

Les débats autour des élections européennes de juin, comme les élections américaines en novembre, pourraient montrer l’accentuation des antagonismes entre les classes sociales autour des enjeux sociaux, écologiques et géostratégiques, mais aussi féministes et antiracistes.  

 

3. Les oppositions, le mouvement ouvrier, la gauche

 

Le mouvement contre la réforme des retraites a marqué un indéniable, et même assez surprenant rebond de la visibilité et de la crédibilité des organisations syndicales. Cela a donné lieu à une remontée limitée mais réelle d’adhésions dans les organisations syndicales et des résultats contrastés aux élections professionnelles pour les CSE qui ont réactivé la concur- rence entre les centrales syndicales (Airbus, AFPA, Orange..). Cette concurrence a également été réactivée dans tous les cadres de « dialogue social » mis en place par le gouvernement (indemnisation des privé.es d’emploi...). Malgré des mobilisations sur les salaires (qui peuvent être dures et obtenir des gains significatifs mais qui ne rattrapent pas l’inflation) et de mobilisations dos au mur contre des suppressions d’emplois et liquidation d’entreprises, le climat est plutôt à encaisser la défaite du mouvement contre la réforme des retraites. D’autant plus qu’en parallèle de cette réforme, le patronat et le gouvernement avaient œuvré à différentes réformes (chômage, convention collective de la métallurgie, éducation...) qui n’ont pas donné lieu à de réelles batailles dans un contexte de concentration des forces en lutte sur une bataille emblématique et centrale.

 

La lutte contre l’extrême droite est très faible. L’appropriation du discours ultra sécuritaire et islamophobe par la droite traditionnelle, la montée en puissance du RN au sein des institutions (assemblée, police, armée...), l’absence d’alternative politique participent à la disparation d’un discours et des mobilisations ciblées contre l’extrême droite et ses idées. Les discours chauvins, autoritaires et islamophobes contaminent les positionnements d’une partie de la gauche institutionnelle, en particulier celui de Roussel mais aussi au sein de la social-démocratie et pas que des anti-NUPES. Les forces syndicales et la gauche radicale n’occupent ce terrain que de manière épisodique, sans en faire un axe en tant que telle de leur politique. Les forces centrifuges à l’œuvre rendent difficile la construction d’un front unique solide et offensif.

 

Les rapports de force dans la gauche politique : ce qui se joue à l’assemblée ou dans les tractations pour les européennes est symptomatique de l’état de la gauche au sens large. Dans un contexte de droitisation générale, la FI est repoussée à l’extrême gauche et incarne de fait l’opposition politique au gouvernement. Il est significatif que lors de la manifestation du 12 novembre, les partenaires de la NUPES aient validé l’exclusion de LFI de l’arc républicain et de fait accepté la présence du RN et de Reconquête. Même le vote de la loi Darmanin n’a pas fait bouger ce positionnement. La gauche libérale peine à trouver un espace dans un contexte où les contradictions sont exacerbées et où Macron tente de flouter les frontières idéologiques dans la continuité de ses campagnes électorales. Ainsi en pleine crise écologique, EELV est complètement inaudible.

 

La dispersion des anticapitalistes et des révolutionnaires au sein d’une multitude d’organisations pèse sur la visibilité de 30 nos idées. Certains groupes comme LO, apparaissent avec un discours intemporel qui n’a pas de prise sur la réalité concrète de la vie de la majorité de la population. D’autres sont en décalage manifeste avec le niveau de conscience et cherchent principalement à découper les éléments les plus radicaux pour construire leur groupe sans pour autant connaître de croissance significative. L’attitude d’une part d’entre eux dans le cadre du mouvement de masse (Palestine, féministe...) est globalement contre-productif et marque une volonté d’instrumentalisation qui parfois rejaillit malheureusement sur nous et nécessite des réponses de notre part. Cela nous oblige à clarifier notre politique unitaire et révolutionnaire et met aussi en lumière les divisions de l’extrême gauche.

 

Malgré l’atonie du mouvement syndical défait lors de la bataille des retraites, d’autres secteurs ne désarment pas et il faut s’appuyer sur l’actualité et le potentiel de ces luttes politiques. Le mouvement internationaliste contre la guerre en Palestine mais aussi en Ukraine permet une politisation importante sur les rapports de forces et les enjeux dans un monde où la concurrence fait sa loi, il met en lumière les positions ignobles de notre propre impérialisme. La solidarité avec le peuple palestinien en lien avec Les luttes anti-racistes, et contre les violences policières est un vecteur de politisation dans la jeunesse et plus largement la population des quartiers populaires. La réactivité du mouvement féministe a montré́ ses capacités à passer à l’offensive. C’est un enjeu important, comme on l’a vu autour de « l’affaire Depardieu » mais aussi avec l’arrivée au gouvernement des personnalités perméables à l’homophobie, la transphobie ou les mouvements anti-IVG.  

Sans parler des déclarations de Macron et de sa croisière pour un « réarmement démographique » passant par un « grand plan de lutte contre l’infertilité ». Les luttes écologistes sont également des vecteurs de radicalisation et de reconstruction de l’unité de notre camp social et cela malgré leur surface sociale encore trop faible.

 

4. Nos tâches

 

Dans les discussions dans nos organisations syndicales, avec nos collègues de travail, nous devons pousser toutes les discussions autour de la stratégie des mobilisations pour rompre le cycle des défaites. Même si les attaques continuent, se diversifient, visent directement les salarié.es immigré.es (la loi Darmanin aura des implications concrètes à combattre en tant 55 que telles dans la santé, l’éducation, les services publics de proximité), il nous faut sortir de la logique défensive de réaction à l’agenda des agressions patronales et gouvernementales pour tenter de reprendre la main. Nous devons nous rappeler les débuts du syndicalisme, alors que la classe ouvrière était soumise à des conditions d’exploitation sans limites. Le syndicat a construit une conscience de classe autour de l’identification à des revendications qui permettaient de répondre à des besoins immédiats, donc pour lesquels cela valait le coup de lutter, et d’inscrire en perspective un projet de société comme la journée de 8 heures. Et ainsi de projeter une réflexion autour de laquelle ce ne sont pas les patrons tout-puissants qui décident de la vie des salariéEs. Finalement penser par et pour soi-même, collectivement.

 

C’est ce type de dynamique autour duquel construire notre agenda qu’il nous faut essayer de reconstruire. À voir si ce sont des cadres par secteurs professionnels (campagne pour un plan d’urgence de l’éducation dans le 93) ou s’il peut se dégager quelques revendications unifiantes. En parallèle, il ne faut pas négliger les vecteurs de politisation que peuvent représenter des cadres, pour le moment trop peu investis syndicalement comme « Soi- gnant.es avec Gaza », « Journalistes avec Gaza », qui pourraient se décliner en « Éducation avec Gaza », « Travailleurs avec Gaza... ». D’autres cadres existent déjà dans la santé en défense de l’AME et pourraient également se développer contre la loi Darmanin. Enfin il faut prendre à bras-le-corps la discussion, désormais lancée au niveau des directions entre la confédération CGT et la FSU sur la « réunification syndicale ».

 

La mobilisation contre le grand projet inutile et nuisible que sont les Jeux Olympiques est actuellement faible, une bonne partie du mouvement ouvrier traditionnel (CGT, CFDT, PCF, etc.) soutenant les JO. La nomination de la ministre des Jeux Olympiques à la tête de l’Éducation nationale ainsi que sa place centrale dans le discours macronien peuvent aussi politiser cette question et créer une dynamique de mobilisation. Nous devons alimenter cette politisation et être vigilantEs aux possibilités de construction aussi bien dans les organisations syndicales que dans l’ensemble du mouvement social. En particulier autour des sites des JO.

 

La mobilisation anti-impérialiste autour de la Palestine et du mouvement anti-guerre. La bataille sur la Palestine est une 15 question clé de la période. En effet, le combat des PalestinienNEs est soutenu dans le monde entier, il symbolise forte- ment la lutte contre l’impérialisme, il est susceptible de provoquer une nouvelle séquence de révolte dans les pays arabes, et ouvre une possibilité d’auto-organisation des classes populaires dans les pays impérialistes, de reconstruction de la conscience et de la confiance face aux attaques racistes, autoritaires et colonialistes en général.

 

L’enjeu de cette mobilisation est également de faire le lien avec la recrudescence plus globale des guerres, avec le cas très important de l’Ukraine par exemple, mais aussi du renforcement des pouvoirs ultra-autoritaires ou d’extrême droite (en Israël, mais aussi en Argentine, en Russie, etc.), et y compris de la cohérence entre les politiques de classe dominantes en France et leur soutien à Israël.

 

Notre orientation, unitaire et révolutionnaire, combine l’action dans les cartels unitaires, dans les organisations de masse comme les syndicats, et la construction de collectifs de base à l’image d’Urgence Palestine. Ces collectifs ont vocation à construire des activités locales, quotidiennes, des actions pour la bataille politique, le boycott, la solidarité concrète, et à
se coordonner pour construire un mouvement national. Nous avons une responsabilité dans le lancement de tels collectifs car rares sont les organisations qui sont à la fois unitaires et convaincues de l’auto-organisation. Elles peuvent obtenir de réels succès dans les quartiers les plus populaires. La bataille dans les syndicats et auprès des autres organisations doit aussi être renforcée, par des pétitions, des appels, des contributions, car le débat commence à porter ses fruits dans les organisations de masse.

 

Enfin, sans qu’une compréhension plus large aboutisse au gauchisme ou au sectarisme, nous pouvons aider à faire com- prendre des revendications comme le droit au retour des réfugiéEs, la nécessité de détruire l’État d’Israël en tant qu’État raciste pour aboutir à un État unique, binational, laïque et démocratique en Palestine, le lien avec la loi Darmanin, le combat contre Macron, etc.

 

Nous essayons de mettre en place de tels collectifs partout d’ici le prochain CPN et tirerons le bilan à notre prochaine session.

 

Les mobilisations contre l’extrême droite, antiraciste, antifasciste et féministe, sont une priorité à la fois dans notre argumentation globale et dans le travail unitaire. Nous devons résister à une petite musique qui peut s’amplifier dans notre 40 camp social et dans le milieu militant sur l’absence de différence qualitative entre la politique actuelle du gouvernement et celle que mettrait en œuvre l’extrême droite. Le renforcement sur le terrain électoral du RN comme seule « alternative crédible » à Macron est un des éléments permettant d’envisager son arrivée au pouvoir. Nous devons répondre aux anticapitalistes qui pensent qu’être révolutionnaires dans cette période, c’est d’abord se délimiter de la gauche anti-libérale qui constitue à leurs yeux un danger à combattre de manière symétrique au RN.

 

Nous avons besoin de donner à voir ce que pourrait être réellement une rupture d’extrême-droite pour les réfugiéEs, les habitant.es des quartiers populaires, les militantEs du mouvement social. Cela passe aussi par montrer les continuités entre les partis d’extrême-droite postulant au pouvoir et les groupes identitaires violents qui prennent de plus en plus la confiance et posent le problème de l’auto-protection du mouvement social et de ses organisations. Pour cela, nous devons continuer les discussions avec les groupes antifas, sans nous laisser enfermer dans des dynamiques pour lesquelles nous n’avons pas les forces, et en recherchant systématiquement la construction de cadres les plus larges possibles, comme il en émerge dans certaines régions (Bretagne...). Mais aussi bien sûr autour de la loi Darmanin, et de nombre de questions sur lesquelles les réactionnaires sont à l’offensive et trouvent une forte audience.

 

Les mobilisations agricoles expriment la souffrance de paysanNEs qui ont du mal à vivre de leur travail (pauvreté, manque 55 de protection sociale, endettement, conditions et durée du travail pénibles, dépendance à l’égard des aides publiques in- justes...). Elles sont aussi instrumentalisées par la FNSEA, qui cogère la politique agricole à tous les niveaux, pour faire encore reculer les déjà maigres protections environnementales, alors que l’agriculture est à la fois responsable et victime du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité.
 

Seules des mesures de justice sociale (aucun revenu ou salaire inférieur au SMIC, des prix justes et stables, un moratoire sur les dettes), d’accès à la terre (zéro artificialisation, accès à l’installation et à l’usage, baux protecteurs, des formes coopératives, communs municipaux ou régionaux... ) peuvent répondre à la crise. Au-delà, il faut passer à une agro-éco- logie, bio, en circuits courts éliminant le gaspillage... donc rompre avec le modèle agricole dicté par l’agrobusiness, la grande distribution, les banques, les accords de libre-échange. Nous défendons une sécurité sociale de l’alimentation pour un accès à une alimentation saine pour touTEs et une agriculture protectrice de l’environnement comme des paysanNEs. L’extrême-droite tente d’orienter la colère légitime vers des réponses nationalistes, anti-écologiques et antisociales. Nous soutenons toutes les initiatives du mouvement social, écologiste ou syndical visant à tisser des liens autour d’exigences communes écologiques et sociales. Nous popularisons nos réponses émancipatrices, écosocialistes de rupture avec l’agriculture capitaliste.

 

Des mobilisations centrées sur les salaires face à l’inflation auront lieu dans les finances publiques le 29 janvier, l’énergie le 30, l’éducation le 1er février et dans les technicentres SNCF en reconductible à partir du 6 février. Nous militons pour faire converger ces mobilisations avec celle des travailleurs/euses paysans et construire un toutes et tous ensemble contre Macron et le patronat !  

 

Les premières concessions lâchées par Attal illustrent que la détermination peut payer. C’est ce que nous défendrons pour réussir la grève du 1er février de l’éducation et en faire le point de départ d’une mobilisation de l’ensemble de la jeunesse scolarisée et étudiante, et de tous les personnels de l’Education pour imposer la démission de la ministre médaille

olympique du mépris social. Pour le retrait de tous les projets de casse du collège et des lycées professionnels. Pour la mise à la poubelle de tous les plans destinés à enrégimenter la jeunesse, par le port de l’uniforme ou le SNU. Pour débloquer les moyens de répondre aux besoins de la jeunesse en créant des milliers de postes d’enseignantEs, d’AESH, de vie scolaire et de personnel médico-social. S’il y a besoin de milliards, il faut les prendre sur l’enseignement privé : l’argent public, pour l’école publique. Alors que l’inflation continue de faire basculer un plus grand nombre de salariéEs dans la pauvreté, nous défendrons la perspective d’augmentations générales des salaires et de leur indexation sur les prix.  

 

Les mobilisations écologiques continuent d’être les cibles de la répression parce qu’elles sont un des principaux cadres d’investissement de la combativité de la jeunesse, mais pas que. Non seulement ces luttes remettent en question des intérêts financiers importants, mais elles démontent l’argumentation idéologique de la start-up nation autour du capitalisme vert. Au-delà de l’urgence de s’opposer aux conséquences de la catastrophe climatique en cours, les luttes écologiques posent la question du projet de société alternatif, écosocialiste, mais aussi des moyens stratégiques et tactiques pour le porter. C’est en particulier une priorité largement partagée dans la jeunesse qui y intègre ses préoccupations féministes, antiracistes et inclusives par rapport aux discriminations de genre, de validisme. Dans les syndicats, nous devons être porteur de l’importance des enjeux environnementaux, de la nécessité d’élaborer des revendications écologiques et populaires.

 

À propos de la centralité de la stratégie unitaire : la difficulté de dessiner de nouvelles perspectives de classe pour notre camp social est réelle principalement dans un contexte de reflux, d’atomisation et d’affaiblissement du mouvement ou- vrier. Contre l’ensemble des attaques et des menaces qui pèsent sur notre camp social, la construction de l’unité de la base au sommet reste une priorité pour peser sur les rapports de force mais également reconstruire la conscience de classe. Sur le terrain des luttes, nous sommes confrontés à des cadres unitaires différents et parfois en tension, l’un plus institutionnel, l’autre plus militant et radical. C’est le cas sur la lutte de solidarité avec le peuple Palestien (Collectif national/Urgence Palestine) et sur la loi Darmanin (Intersyndicale/Collectifs de sans-papiers, marche des solidarités) qui a conduit aux deux dates de mobilisation du 14 et du 21 janvier. Nous essayons de maintenir l’unité d’action entre ces cadres. Dans un même objectif d’ouverture et d’unité, nous avons tenté de construire les forums anticapitalistes, et au-delà, nous nous adressons à toutes celles et ceux qui partagent notre volonté d’unifier notre classe, de regrouper celles et ceux qui veulent une rupture révolutionnaire avec le capitalisme pour construire une alternative politique. C’est aussi dans cet objectif que nous nous sommes récemment adressés à la France Insoumise dans le cadre des élections européennes pour que s’exprime une voix radicale face à Macron et à l’extrême droite.