Publié le Mardi 23 septembre 2025 à 19h30.

Palestine : reconnaître les peuples avant les États

La reconnaissance de l’État de Palestine par la France est présentée comme un geste historique. Mais que vaut cette reconnaissance sans fin du génocide, de l’apartheid et de la colonisation ?

Lundi 22 septembre : « Journée historique ». La reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France, après la même démarche, la veille, par le Canada et le Royaume-Uni. Les drapeaux palestinien et israélien sont exposés ensemble sur la tour Eiffel. Des dizaines de mairies célèbrent l’événement en arborant le drapeau palestinien.

Une reconnaissance tardive et hypocrite

On peut noter d’emblée l’hypocrisie d’un État qui, depuis deux ans, fait la chasse aux keffiehs et aux drapeaux palestiniens et où Retailleau, toujours ministre, interdit tout drapeau palestinien sur les mairies pourtant en lien avec une décision de son propre état. La palme revient cependant à la mairie de Paris qui, sans honte, met l’agresseur et l’agressé sur le même plan : le colonisé et le colon, la victime d’un génocide et son bourreau.

Plus de 140 pays reconnaissaient déjà la Palestine. Il ne s’agit donc pas d’une décision si courageuse, après deux ans de génocide. Et cette reconnaissance tardive ne doit rien à un Macron génie visionnaire. Ce dernier est probablement guidé par son souci de laisser une empreinte internationale, après la perte d’influence de la France. Mais il a surtout été contraint d’agir sous la pression de l’opinion publique et du mouvement de solidarité.

Même si nous saluons une décision historique, il y a plusieurs « mais ». 

D’abord, il s’agit de reconnaître un État qui n’existe pas. Les accords d’Oslo ont créé le spectre d’un État en Palestine sans réel pouvoir, ne contrôlant pas son propre territoire, et dont tous les progrès étaient conditionnés à la « sécurité » d’Israël.

Ensuite, il s’agit de reconnaître un État sans reconnaître le génocide perpétré contre son peuple, sans mettre fin aux livraisons d’armes, sans imposer de sanctions. Cette reconnaissance, sans effets concrets sur l’injustice que vit le peuple palestinien, est une manière de masquer l’inaction de la France et de couvrir sa complicité.

Reconnaissance des peuples plutôt que des États ! 

Reconnaître les peuples, c’est d’abord arrêter la déshumanisation : ne pas laisser continuer le génocide et l’arrêter immédiatement est une priorité absolue. Les dénonciations ne suffisent pas. Il faut des sanctions contre l’État d’Israël, des arrestations, Netanyahou et ses acolytes, mais aussi les soldats franco-israéliens impliqués dans des crimes à Gaza. 

Reconnaître les peuples, c’est reconnaître leurs aspirations légitimes, leurs revendications et leurs organisations. En réalité, la reconnaissance actuelle vient surtout réaffirmer le soutien à Israël plus qu’à reconnaître les droits du peuple palestinien.

Pour reconnaître les peuples, il faut enfin soutenir leurs résistances et leurs luttes. Et agir en solidarité. De la flottille du Sumud, à l’Italie – dont l'État ne reconnaît pas la Palestine – une grève importante à eu lieu en soutien à Gaza le 22 septembre. Ces mouvements reconnaissent le peuple palestinien.

Bloquons tout pour Gaza !

 

Montreuil, le 23 septembre 2025

 

Tract en PDF