Une fois de plus, les gouvernements des USA, de la Grande-Bretagne et de la France se sont arrogé le droit de bombarder au Moyen-Orient. À la suite de Trump ils ont annoncé dans la nuit du 13 au 14 avril le lancement de dizaines de missiles sur des objectifs militaires du gouvernement syrien, suite à des témoignages relatant une nouvelle attaque chimique du régime Assad contre la population de la ville de Douma près de Damas.
Ils affirment vouloir en rester là avec cet avertissement, le gouvernement russe dit qu’il ne restera pas sans réactions, tous prétendent agir pour la paix et contre le terrorisme. Mais c’est un triste jeu qui se déroule entre les puissances mondiales et régionales en Syrie entre les États-Unis, la France, la Russie, l’Arabie Saoudite, l’Iran et la Turquie : un jeu cynique qui se fait sans et contre la population, dont le sort tragique n’émeut que lorsqu’il s’agit d’enclencher les grandes manœuvres diplomatiques et géostratégiques.
Depuis mars 2011 et le soulèvement démocratique contre le tyran Bachar al-Assad, la population syrienne subit en effet une répression féroce et sanglante du dictateur et de ses alliés, au premier rang desquels la Russie de Poutine et l’Iran des mollahs. Les difficultés rencontrées par le soulèvement, la militarisation imposée par le régime et les ingérences intéressées des monarchies du Golfe, ont en outre favorisé le développement de forces intégristes et djihadistes, tandis que les forces démocratiques étaient bien seules face à Assad et aux courants contre-révolutionnaires.
Nous appelons à rejeter la sordide campagne visant à faire douter de la énième attaque chimique criminelle du régime sur des civils, hommes, femmes et enfants à Douma, attestée par tant d'informations venant de citoyens et services médicaux sur place. Mais nous condamnons sans aucune ambiguïté la nouvelle aventure militaire dirigée par Trump en Syrie, et la participation française à cette campagne de bombardements qui veut donner l’illusion que le peuple syrien va être maintenant mieux protégé. Cela ne peut en fait qu’ajouter de la guerre à la guerre, et du chaos au chaos : victimes civiles, rappel d’un passé colonial honni, renforcement de la posture d’Assad comme « rempart » face à l’impérialisme occidental.
La fin de la tragédie syrienne passe au contraire par une désescalade militaire, qui implique la fin de toute intervention étrangère, y compris russe et iranienne, l’arrêt des ventes d’armes aux dictatures de la région, dont la France est l’un des principaux fournisseurs en engins de morts, et la clarté sur la mise à l’écart, dans tout scénario d’avenir, d’Assad et des dirigeants du régime syrien.
Nous continuerons à soutenir les résistances syrienne et kurde contre tous leurs oppresseurs.
Montreuil, le 14 avril 2018