Pour la première fois depuis 6 ans, l’armée du criminel de guerre El Assad a été la cible de frappes aériennes. 59 missiles américains ont détruit la base aérienne de Shayrat, d’où auraient décollé les appareils responsables de l’attaque de mardi aux armes chimiques contre les populations civiles de Khan Sheikhoun, qui a fait au moins 86 morts, dont 27 enfants.
Pour nous qui sommes solidaires du peuple syrien insurgé, cette opération surprise de Trump laisse un sentiment d'écœurement. Il y a à peine une semaine, son équipe amplifiait ses positionnements précédents en indiquant qu'une entente avec Bachar Al-Assad était envisagée dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme », comme étaient confortés d'autres pouvoirs oppresseurs comme ceux de Poutine, Sissi ou Nethanyahou. Ces signaux ont été clairement interprétés par le régime syrien comme un encouragement à poursuivre ses turpitudes, et après Obama, Trump a donc sa part de responsabilité dans l'atroce attaque chimique et les morts de Khan Cheikhoun.
Le boucher El Assad avec les armées iranienne et russe ont tué des centaines de milliers de Syriens, bombardant sans cesse les populations civiles et les forces de la résistance à son pouvoir sanguinaire. Ils ont pu se justifier devant une partie de l'opinion en s'appuyant sur la prétendue « lutte contre le terrorisme » et les bombardements des puissances occidentales et régionales au Moyen-Orient.
Le NPA est opposé à toutes les interventions militaires étrangères en Syrie. Elles ont aidé El Assad à se maintenir en place. Nous avons par contre toujours exigé la levée de l’embargo sur les ventes d’armes a la résistance non confessionnelle, embargo qui l’a laissée sans moyens réels de défense, seuls les djihadistes intégristes réussissant à se fournir – et pas en armes anti-aériennes - auprès des pays de Golfe et de la Turquie.
Les militants de la révolution syrienne auraient tort d'espérer que le président américain se soit rangé de leur côté. Nous craignons fort que le « coup d'éclat » militaire de Trump serve de couverture à de prochaines manœuvres diplomatiques opportunistes en alliance avec d'autres puissances oppressives, serve à de nouvelles opérations militaires aventuristes dans le monde - le plus souvent contre-productives -, et à des offensives économiques toutes au détriment des peuples opprimés et du peuple américain lui-même.
Donc, sans apporter le moindre soutien ni entretenir la moindre espérance envers les frappes de l'armée américaine, nous ne rejoindrons pas les protestations des partis en France qui, pour prôner une paix « raisonnable » avec El Assad et ses sbires, ferment les yeux sur les centaines de milliers de morts tués par le dictateur et les millions de déplacés et réfugiés.
Montreuil, le 7 avril 2017