Après son décès, Simone Veil est saluée par un concert de louanges unanimes, à commencer par ceux (anciens dirigeants du RPR et de l’UDF, du FN ) qui l’ont combattue de la plus indigne des manières, lorsqu’elle a défendu la loi de légalisation de l’IVG en 1974.
Le NPA ne participe pas à cette unanimité même si nous respectons le courage de cette survivante des camps nazis qui a eu le cran de défendre une loi qu’aucun dirigeant de son parti ne voulait assumer et qu’à peu près tous combattaient. Mais le courage de Simone Veil ne nous fait pas oublier que cette loi de légalisation de l’IVG, nous la devons à une mobilisation des femmes et des hommes qui organisaient des manifestations de masses pas seulement en France mais partout en Europe, aux Etats Unis et en Amérique Latine pour le droit des femmes à disposer de leur corps.
On ne doit pas non plus oublier le courage des signataires du Manifeste dit des 343 Salopes déclarant avoir avorté, les pétitions de médecins ayant pratiqués des avortements, les comités de soutiens à des femmes poursuivies pour avoir aidé ou subi un avortement comme le procès de Bobigny, la dénonciation des centaines de milliers d’avortements clandestins pratiqués chaque année et la mise en danger de la vie des femmes.
C’est cette vague de mobilisation bouillonnante et multiforme qui a imposé au gouvernement Giscard-Chirac qui n’y était pas du tout favorable une loi de légalisation de l’IVG en 1974. Et le respect pour son engagement commence par ne pas travestir le combat qui a été le sien : ce n’est pas en tant que féministe défendant les droits des femmes à disposer de leur corps que Simone Veil a défendu cette loi mais en tant que ministre de la Santé refusant les risques sanitaires que l’interdiction de l’avortement faisait courir aux femmes.
Alors pour nous saluer le courage avec lequel Simone Veil a affronté le déchainement misogyne des députés, de son propre parti, c’est aussi nous souvenir que lorsqu’un mouvement social utilise toutes les ressources créatrices de la mobilisation il peut s’imposer et trouver des relais, y compris parmi celles et ceux qui ne partagent pas ce combat.
Montreuil, le 30 juin 2017