Au moment où un attentat vient de faire 14 morts et des centaines de blessés devant un poste de police la nuit dernière dans le nord de l’Egypte, la tentation est grande pour les militaires au pouvoir de se servir de la « lutte contre le terrorisme » comme d’un prétexte pour accentuer la répression contre la population, tout particulièrement contre les organisations qui se battent en faveur des libertés et des droits du monde du travail.
C’est ainsi que dans la nuit du mercredi 18 décembre, la police a fait brutalement irruption dans le local du Centre Egyptien pour les Droits Economiques et Sociaux. Sans présenter le moindre mandat venant du procureur, les forces de sécurité ont détruit et confisqué du matériel, battu un avocat Maître Mahmoud Bilal, arrêté sept personnes. Six ont été relâchées le lendemain matin mais pas Mohamed Adel dont on reste sans nouvelles.
Ce centre est connu pour s’être battu courageusement du temps de Moubarak en faveur des libertés et du droit du monde du travail. Il devait le lendemain de cette intervention organiser une conférence de presse en faveur des salariés de plusieurs entreprises en lutte pour de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires, mais soumis à la répression des forces de l’ordre qui interviennent de plus en plus activement contre le droit de grève et contre le droit de manifester, alors que la contestation est en train de prendre à nouveau une certaine ampleur.
Ces opérations policières interviennent dans un contexte où une nouvelle loi limitant fortement le droit de manifester vient d’être adoptée, prétexte à de nombreuses arrestations dont celles d’un certain nombres d’activistes très connus pour leur participation au soulèvement contre Moubarak en janvier 2011, comme au soulèvement contre Morsi le 30 juin 2013.
Sous prétexte de lutte contre les Frères musulmans, ce sont en réalité toutes celles et ceux qui se battent pour leurs droits démocratiques qui sont aujourd’hui menacéEs par le pouvoir des militaires. Dans le même temps, les deux fils de Moubarak compromis dans de nombreuses affaires de corruption viennent d’être blanchis par la justice !
Le NPA condamne ces arrestations arbitraires et toutes ces mesures d’intimidation contre les organisations du mouvement ouvrier et celles qui se battent pour les droits de l’homme. Il tient à exprimer plus largement sa solidarité avec le monde du travail et avec la population qui se bat courageusement depuis 2011 pour la liberté et de meilleures conditions de vie et de travail, pour la justice et contre toute forme de dictature au service des puissants, que ce soit celle de Moubarak, de Morsi, ou celle des militaires.
Montreuil le 24 décembre 2013