Quelques jours avant le dixième anniversaire des soulèvements arabes de l’hiver 2010-2011, Emmanuel Macron a choisi d’accueillir en grande pompe le dictateur égyptien Abdel Fattah al-Sissi, l’un des acteurs les plus brutaux de la contre-révolution qui s’est abattue sur les aspirations des peuples de la région Moyen-Orient Afrique du Nord. Sissi, symbole de la répression violente de toute opposition politique et sociale, de l’enfermement systématique des critiques de son régime et des militants des droits humains, à l’instar de Ramy Shaath, acteur du soulèvement de 2011 et cofondateur du mouvement BDS en Égypte, incarcéré depuis plus d’un an et demi.
Mais que représentent des milliers de morts et des dizaines de milliers de prisonniers politiques lorsqu’il s’agit de parler de gros sous et d’alliances stratégiques ? Macron l’a d’ailleurs déclaré lundi 7 décembre : « Je ne conditionnerai pas notre coopération en matière de défense comme en matière économique à des désaccords [sur les droits humains] ». Voilà qui a le mérite d’être dit, même si cela ne nous étonne guère, tant Macron marche sur les pas de son prédécesseur François Hollande qui peut se targuer d’avoir fait passer la France, en 2013 — l’année du coup d’État de Sissi —, au premier rang des fournisseurs d’armes à l’Égypte.
Une fois de plus, c’est la « lutte antiterroriste » qui est brandie par le gouvernement français pour justifier l’injustifiable. Macron a ainsi déclaré : « Il est plus efficace d’avoir une politique de dialogue exigeant qu’une politique de boycott qui viendrait réduire l’efficacité d’un de nos partenaires dans la lutte contre le terrorisme et pour la stabilité régionale ». Un « dialogue exigeant » qui n’a pas l’air d’inquiéter Sissi, tout à son aise de se voir dérouler le tapis rouge et d’obtenir de nouvelles garanties quant au soutien militaire français.
Une fois de plus, on constate à quel point les ennemis des peuples se reconnaissent entre eux : la mise en scène lamentable du copinage de Macron l’autoritaire avec Sissi le dictateur est l’occasion pour nous d’exiger la libération de tous les prisonniers politiques en Égypte, l’arrêt immédiat de tout vente d’armes au régime Sissi, et de réaffirmer notre solidarité totale avec le peuple égyptien. À ce titre, le NPA sera présent lors du rassemblement organisé ce mardi à 18h place Édouard-Herriot, à proximité de l’Assemblée nationale, à l’initiative de nombreuses ONG et associations de défense des droits humains.
Montreuil, le 8 décembre 2020