Les prochaines élections législatives auront un enjeu important. Le premier tour de l’élection présidentielle a hissé au second tour le libéral et autoritaire Macron et le danger mortel qu’incarne Le Pen. Mais il a aussi vu la percée significative de l’Union populaire autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Élément positif de ce premier tour, c’est un facteur important de résistance pour notre camp social qui va avoir à affronter des temps difficiles quel que soit l’issue du second tour.
En ce qui concerne les prochaines élections législatives, le NPA est favorable à des candidatures d’union pour faire face à la droite et à l’extrême droite, sur la base d’un programme de contestation du macronisme et de rupture avec les politiques capitalistes. C’est dans ce cadre que nous avons répondu favorablement à la proposition de rencontre de l’Union populaire, qui s’est adressée la semaine dernière à EELV, au PCF et au NPA en vue d’un rassemblement autour de l’Union populaire pour les élections. Ce rassemblement exprimerait une rupture positive avec les années « gauche plurielle » sous la domination du Parti socialiste.
Après une première rencontre mercredi entre des délégations du NPA et de l’Union populaire, nous tenons à réaffirmer notre volonté d’aboutir à un tel accord national, car cela serait un point d’appui important pour toutes celles et ceux qui ne veulent plus des politiques libérales, une expression unitaire utile aussi aux mobilisations, et le moyen de poser un jalon dans la reconstruction d’un outil politique pour une gauche qui se batte pour construire une alternative au capitalisme.
À l’issue de ce premier échange positif, plusieurs points nécessitent encore discussion.
Nous comprenons l’objectif fixé par l’Union populaire de faire élire le maximum de députés, voire d’avoir une « majorité alternative » de gauche à l’Assemblée nationale, ce qui poserait la question de former un gouvernement. L’élection d’une telle majorité serait l’expression d’une dynamique très positive, mais notre union ne peut pas pour autant se construire autour du seul objectif que Jean-Luc Mélenchon devienne premier ministre. Par ailleurs, au vu de notre rapport aux institutions, de notre conception stratégique quant à la rupture avec le capitalisme, nous ne serions pas d’un éventuel gouvernement issu de cette Union populaire élargie si elle remportait cette élection. Mais cela ne nous empêchera pas de défendre une perspective majoritaire lors de la campagne, et nos éventuels élu.e.s d’avancer de façon solidaire à l’Assemblée nationale sur les orientations de notre programme commun aux élections législatives.
Dans ce cadre, et sans créer de cacophonie, cette campagne ne peut s’envisager que de façon pluraliste, en permettant à toutes et tous d’y prendre leur place avec leur sensibilité. Si nous sommes bien d’accord qu’un label et une profession de foi commune doivent permettre d’incarner ce rassemblement, nous avons aussi la faiblesse de penser que notre diversité est une force et qu’il faut lui permettre d’être visible. Une pluralité qui devra aussi être présente dans l’animation de la campagne, et de ce point de vue, nous enregistrons positivement la proposition que les différentes forces prennent leur place dans le parlement de l’Union populaire et son comité d’animation (où leurs équivalents mis en place pour animer la campagne).
Sur le programme, nous partageons l’idée qu’au vu de la réussite de sa campagne présidentielle, c’est bien l’Union populaire qui a l’essentiel des cartes en main : l’Avenir en commun est le point de référence en la matière et sera la base du « programme partagé ». Nous y sommes prêts, même si nous pensons – comme nous l’avons exprimé dans le cadre de la campagne de Philippe Poutou – qu’une série de questions mériterait des réponses confrontant plus directement le fonctionnement inique du système capitaliste pour répondre aux besoins sociaux : mesures pour une autre répartition des richesses, socialisation des secteurs clés de l’économie, accueil de tous les réfugiés et régularisation de tous les sans-papiers, etc. Mais autant le dire, nous ne faisons pas de nos nuances ou désaccords programmatiques des lignes rouges.
Enfin, nous partageons l’idée que les candidatures doivent refléter la diversité d’un tel rassemblement, autour de représentants des forces politiques partie prenantes, des collectifs militants, de figures du mouvement social prêtes à s’engager… Nous sommes d’accord avec le fait que cette répartition s’appuie aussi avec une certaine souplesse sur des rapports de force tels qu’issus du premier tour de l’élection présidentielle.
Une nouvelle réunion entre le NPA et l’Union populaire doit avoir lieu en tout début de semaine. C’est dans le respect de notre indépendance, mais avec la ferme volonté d’aller jusqu’au bout du processus que nous y serons présents.
Montreuil le samedi 23 avril 2022