L’arrogance et la violence du gouvernement Français vis-à-vis de la population musulmane du pays passe un nouveau cap : c’est sur Twitter, entre deux tweets sécuritaires, que le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mers Gérald Darmanin a annoncé il y a quelques jours son intention d’organiser l’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen. Une provocation de plus, vis-à-vis des musulmanEs comme des règles élémentaires de la justice.
Si la gestion des mesures discriminatoires intentées contre des mosquées sont le quotidien des associations cultuelles et culturelles musulmanes, s’en prendre à l’imam Hassan Iquioussen, qui n’est pas une figure de faible envergure, représente une intensification des pressions sur les musulmanEs de France.
Dire cela n’est évidemment pas exprimer un soutien aux positions défendues par Hassan Iquioussen et à certaines de ses déclarations réactionnaires sur les droits des femmes, les personnes LGBTI, les Juifs. Il s’agit tout simplement de souligner à quel point les obsessions de Gérald Darmanin, confortées par divers dispositifs liberticides comme la loi « séparatisme », représentent un danger majeur pour les libertés démocratiques élémentaires, banalisant l’islamophobie d’État, pour le plus grand plaisir de l’extrême droite.
Si Hassan Iquioussen est coupable des griefs qui lui sont reprochés, pourquoi ne pas « simplement » porter plainte contre lui, dans le cadre d’une procédure judiciaire normale ? Peut-être le gouvernement qui abrite — entre autres — Gérald Darmanin et Caroline Cayeux n’est-il pas très à l’aise avec les questions de racisme, de sexisme et d’homophobie ? Peut-être était-il également opportun de lancer un énième contre-feu réactionnaire alors que la majorité refuse de taxer les super-profits, attaque les 35h et refuse d’augmenter les salaires ? Et que dire, en regard de l’empressement du pouvoir dans cette affaire, de l’impunité dont bénéficient des personnalités de l’extrême droite dont les propos haineux et illégaux se déversent sur certaines chaines d'infos ou sur les réseaux sociaux à longueur de journée ?
C’est en réalité un imam critique de la gestion, par l’État, du culte musulman et des populations musulmanes qui est visé, comme le furent auparavant diverses associations comme le CCIF.
L’usage de la discrimination d’État vis-à-vis des étrangerEs est le premier ressort employé par le gouvernement dans le cas d’Hassan Iquioussen : en s’appuyant sur le fait qu’il ne dispose pas de la nationalité française mais de la nationalité marocaine, l’État a monté un dossier à charge pour le faire passer devant la commission d’expulsion des étrangerEs.
L’action se veut en outre spectaculaire : par l’usage des réseaux sociaux, Gérald Darmanin veut rendre virale l’expression de cette islamophobie d’État, et cliver autour de la figure d’Iquioussen. Ce faisant, il banalise en outre l’usage de la répression extra-judiciaire contre celles et ceux qui ne rentreraient pas dans le « moule républicain ».
Ne nous laissons pas abuser :
Non à l’expulsion d’Hassan Iquioussen et des autres imams menacés !
Solidarité avec les musulmanEs discriminés !
Stop à l’islamophobie !
Montreuil, le 3 août 2022