Omar Radi, journaliste marocain, a été mis en détention jeudi dernier pour un tweet datant du mois d’avril, dans lequel il dénonçait une décision de justice à l’encontre des animateurs du Hirak du Rif, condamnés pour certains à 20 de prison. Il évoquait le juge de la cour d’appel en charge du dossier, Lahcen Talfi, en ces termes : « Bourreau de nos frères, souvenons-nous bien de lui. Dans beaucoup de régimes, les petits bras comme lui sont revenus supplier après, en prétendant “avoir exécuté des ordres”. Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité. »
Ce sont ces propos qui ont officiellement mené à sa convocation devant le procureur du roi pour « outrage à magistrat », en vertu de l’article 263 du code pénal, qui prévoit des peines allant de un mois à un an de prison. Il sera jugé le 2 janvier. Omar était surveillé de longue date. Son engagement dans le Mouvement du 20 février en 2011, ses travaux d’investigation sur le système de prédation des carrières de sable, le dévoilement des spoliations immobilières des terres collectives et des passe-droits de certaines grandes entreprises, dévoilaient les agissements de la mafia qui gouverne.
Journaliste engagé, Omar Radi a largement couvert, sans concessions, les mobilisations sociales et démocratiques qu’a connu le pays ces dernières années, leur assurant une couverture internationale gênante pour le pouvoir. C’était le cas particulièrement de la mobilisation du Rif. Il a toujours refusé la cooptation, l’auto-censure, les invitations à s’assagir. Omar Radi est également militant internationaliste, ne cachant pas ses convictions politiques. La semaine dernière, il est allé apporter sa solidarité à nos camarades en Algérie et a animé une mission web où il expliquait les mécanismes d’expropriation des terres au profit des commis de l’État. Est ce la raison de sa convocation alors qu’un premier interrogatoire n’avait donné lieu à aucune poursuite ?
Son arrestation s’inscrit dans un tournant répressif où le pouvoir généralise la criminalisation des mouvements sociaux mais aussi de toute expression critique, notamment de la part des journalistes et artistes. Dans la même séquence, Boudha Ghassan est poursuivi pour outrage au drapeau et atteinte à l’intégrité territoriale, quatre journalistes reçoivent un sursis de 6 mois, un youtubeur, Moul Kasketa, est condamné à quatre ans de prison, le rappeur Gnawi à un an de prison pour sa chanson « Vive le peuple », et la liste est longue.
Il faut dire qu’un vent de révolte s’empare des nouvelles générations, comme en témoigne le succès des chants des ultras dont la radicalité affole les sommets de l’État. La parole qui s’est libérée, irréversible, est l’objet d’une attaque frontale. La campagne pour la libération de Omar Radi et de tous les prisonniers politiques s’organise. Ce combat est le nôtre, face à une dictature qui ne cherche même plus à se doter d’une façade démocratique tant elle sait que les affrontements majeurs se rapprochent. D’autant que la mafia de Mohamed VI est un allié privilégié de l’État français. Le NPA apporte tout son soutien à la lutte qui s’engage pour la libération de notre camarade et de tous les prisonniers politiques et détenus d’opinion.
Montreuil, le 30 décembre 2019