La mobilisation massive de jeudi 5 décembre a été le premier acte de la bataille engagée pour le retrait de la contre-réforme des retraites Macron-Delevoye. Delevoye, dont on « découvre » qu’il était jusqu’à ce jour administrateur d’un organisme de formation de compagnies d’assurances. Assurances qui lorgnent sur le juteux marché des retraites individuelles privées visant à permettre à celles et ceux qui le pourront de compléter les retraites misérables que laisserait la réforme gouvernementale.
Une mobilisation qui tient
Tout le week-end, les salariéEs de la SNCF et de la RATP ont poursuivi la grève. De nombreuses manifestations ont eu lieu samedi, marquant la convergence des combats des chômeurEs, des Gilets jaunes, avec celui contre la destruction de notre système de retraites. Et ce malgré les tentatives policières de briser les rassemblements, les convergences.
Lundi, mardi et mercredi, la forte mobilisation des salariéEs des transports en commun a entraîné une vraie paralysie de l’activité économique, notamment en Île-de-France. Le 10 décembre, second rendez-vous national et interprofessionnel, ce sont de nouveau des centaines de milliers de personnes qui ont défilé aux quatre coins du pays. Des effectifs et des taux de grève globalement moindres que ceux, particulièrement élevés, du 5 décembre, mais une massivité et une détermination toujours bien présentes. Avec, fait notable, de nouveaux secteurs en mobilisation, de nombreuses assemblées générales, par secteurs ou interprofessionnelles.
Déclaration de guerre d’Édouard Philippe
Les annonces d’Édouard Philippe confirment ce que les opposantEs à ce projet destructeur affirment depuis des semaines : le prétendu « système universel » se traduira par une baisse des pensions (avec la prise en compte de l’ensemble des carrières et non des meilleures années), un allongement de la durée de cotisation (avec l’âge dit « pivot » à 64 ans) et une « harmonisation » par le bas avec la destruction des conventions collectives (fin des « régimes spéciaux »).
Malgré un discours mielleux sur la forme, durant lequel Édouard Philippe n’a cessé de répéter – et de galvauder – les mots « égalité », « solidarité », « répartition », « justice », c’est donc bel et bien à une déclaration de guerre, au monde du travail et à toutes celles et tous ceux qui se mobilisent contre ce projet inique, que l’on a assisté.
Amplifier la mobilisation
Face à cette déclaration de guerre et aux manœuvres du pouvoir, qui tente de diviser les salariéEs en mettant en concurrence les générations, les différents régimes, le public et le privé, la riposte doit être unitaire, massive et déterminée. Il s’agit de massifier le mouvement de grève reconductible et de l’étendre à toujours plus de secteurs, en s’appuyant sur les journées de mobilisation appelés par les organisations syndicales. Les appels au 12 et au 17 décembre ne doivent pas se résumer à des « journées saute-mouton », tactique qui n’a pas fonctionné ces dernières années : elles doivent permettre aux secteurs difficiles à mobiliser, en particulier dans le privé, de rejoindre le mouvement quotidien indispensable à la victoire.
Le pouvoir a fait le choix de l’épreuve de force en affichant, une fois de plus, son mépris du monde du travail. Le niveau du rapport de forces à construire face à lui est celui d’une grève de masse, qui regroupe tous les secteurs du monde du travail, vers un blocage du pays. Faire reculer le gouvernement sur la réforme des retraites, ce serait remporter une victoire sur les politiques de régression sociale, et ouvrir la possibilité d’une contre-offensive des classes populaires pour construire une autre société. Tout est possible.
Le 11 décembre 2019