Agent du service public, syndicaliste et militant révolutionnaire, Daniel a toujours été sur le pont. Malgré tout le sérieux qu’il a mis dans son militantisme, il a néanmoins gardé un certain sens de l’humour et ceci jusqu’à son dernier souffle. Il vient de nous faire un ultime poisson d’avril : il a quitté ce bas monde le 1er avril 2020 à l'âge de 75 ans. C’est le coronavirus qui l’a emporté et avec Daniel, Covid-19 rime avec 19e arrondissement. Et oui, c’est dans ce quartier populaire de Paris qu’il a vécu et qu’il a milité pendant des décennies.Fonctionnaire au Ministère des Finances, il s’est syndiqué à la CFDT quand cette centrale a paru comme une alternative à un syndicalisme complètement verrouillé par la machine stalinienne à la CGT avant que le PCF ne perde son hégémonie dans le mouvement ouvrier. Fidèle à ses camarades de combat dans la CFDT, il y est resté jusqu’à la fin. Y compris après sa retraite, prenant des responsabilités dans la section des travailleurs retraités de cette centrale.
De tous les combats de la LCR au NPA
Le retraité qu’il était a consacré beaucoup de son temps à la LCR, où je l’ai connu dans un premier temps dans les années 1990. Daniel était volontaire pour le poste de trésorier de notre comité, nous prélevant nos cotisations comme il prélevait les impôts des contribuables quand il était au travail à Bercy. On ne se refait pas. Fidèle au poste (son ordinateur personnel cette fois-ci), il ne manquait jamais de faire parvenir aux camarades les documents internes de la LCR, puis du NPA après la fondation du parti en 2009. Habitant Paris intramuros (très bien lotie en transports publics) Daniel n’avait pas vraiment besoin de sa voiture mais il l’a toujours gardé au chaud dans le garage de son immeuble. Elle avait des dizaines de milliers de kilomètres au compteur pour avoir conduit les colleurs d’affiches dans les rues de l’arrondissement, transportant militants, seaux, brosses et affiches de campagne. Tantôt sa bagnole a servi pour rouler en faveur de nos campagnes, tantôt à la campagne elle-même. Et quand ce n’était pas pour conduire droit vers notre université d’été, c’était pour sillonner les routes rurales à la recherche des signatures des maires de petites communes en faveur de nos candidats aux présidentielles, d’Alain Krivine à Olivier Besancenot et Philippe Poutou.
Depuis quelques années, il avait rejoint une maison de retraite à Nanterre. Il y avait mené une bataille presque syndicale pour pouvoir braver le règlement intérieur de cet Ehpad et ainsi continuer à assister avec assiduité aux réunions du comité NPA de Nanterre.
C’est son sourire, son énergie et sa détermination que nous garderons en nous, mais nous n’oublierons pas et nous ne pardonnerons pas. Nous savons qu’il a été emporté trop tôt et qu’il a payé le prix du manque de moyens dans les hôpitaux, de la situation indigne des Ehpad.
Les ravages que le capitalisme fait sur les écosystèmes et la biodiversité ont provoqué maintes calamités, allant du réchauffement climatique, des canicules, des sécheresses et d’autres catastrophes qui n’ont rien de naturelles. Des épidémies à la chaîne en font partie et celle qui a mis le monde à l’arrêt a déjà emporté des dizaines de milliers de victimes, dont notre camarade Daniel Lavergne. Le meilleur hommage qu’on peut lui rendre est de continuer le combat qui était le sien contre le capitalisme, contre la lente destruction de notre planète et de ses habitants.