BOBIGNY, 27 oct 2008 (AFP) - Une quarantaine de personnes ont manifestélundi à l'entrée du tribunal de Bobigny pour réclamer que les familles de Zyed Benna et Bouna Traoré, morts il y a trois ans jour pour jour dans untransformateur électrique, soient reçues par le procureur, a constaté unejournaliste de l'AFP.
Le père de Zyed, Amor Benna, et deux soeurs de Bouna, Bana et Ramata, ontété reçus vers 16H00 par un représentant du parquet. Ils ont obtenul'assurance d'être reçus par la juge d'instruction en charge du dossier lasemaine prochaine. Les familles des victimes et leurs soutiens s'interrogent sur les progrèsde la procédure pénale, qui vise à éclaircir les responsabilités dans la mortdes deux adolescents, et les graves brûlures subies par un troisième, MuhittinAltun. Les trois jeunes s'étaient réfugiés dans un transformateur EDF pouréchapper à la police. Deux policiers ont été mis en examen en février 2007 pour non-assistance àpersonne en danger.
Le dossier qui avait été clos il y a 20 mois par le juge Olivier Géron a été "rouvert" par la juge qui en a hérité. Elle devrait organiser le 7 novembre un nouveau transport sur les lieux. Les manifestants se sont réunis vers 14H00 à l'appel du collectifAC-le-feu, sur le parvis du tribunal, avant d'entrer dans le hall, scandant àtue-tête: "Justice pour Zyed et Bouna".
Parmi les manifestants se trouvaient le porte-parole de la Ligue communisterévolutionnaire (LCR) Olivier Besancenot, le président du groupe communiste auConseil général Gilles Garnier, ainsi que des membres de l'association Au-delàdes mots (ADM) et du Mouvement de l'immigration et des banlieues (MIB). "Les parents ont besoin de connaître les tenants et aboutissants de cettehistoire. Si on veut nous faire croire que la justice est équitable il fautqu'elle se fasse", a déclaré le président d'Ac-le-feu Mohamed Mechmache. "On apprend aujourd'hui qu'un nouveau juge a été nommé.
Est-ce qu'on essayede gagner du temps ? Est-ce qu'on essaye de retourner l'histoire ? Est-ce queles choses prennent une tournure politique ?", s'est-il interrogé. Plusieurs manifestants portaient des pancartes, sur lesquelles on pouvaitpar exemple lire "A quand la justice et la vérité, Mme Dati?" en référence à la ministre de la Justice. Les avocats des familles Mes Jean-Pierre Mignard et Emmanuel Tordjmanavaient déjà protesté lundi matin contre la lenteur de la justice, au coursd'une conférence de presse organisé à l'issue d'une cérémonie en hommage auxdeux adolescents.