MULHOUSE, 25 mai 2009 (AFP) - Yvan Zimmermann, ouvrier et tête de liste dans l'Est du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) aux européennes, mène sa première campagne électorale avec l'ambition de faire résonner au Parlement européen la "parole" et la "colère" des sans-voix "qui subissent la crise".
A 38 ans, ce militant CGT, employé à l'atelier peinture de l'usine PSA de Mulhouse (Haut-Rhin), est un familier des luttes sociales. Mais avec ce scrutin européen, il connaît véritablement son baptême du feu électoral. "Si on se présente, c'est pour dire que ce n'est pas aux gens qui travaillent de payer la crise (...) On veut que cette parole, celle des gens qu'on n'écoute jamais et qui subissent la crise, rentre au parlement" européen où "la question sociale est absente", explique-t-il à l'AFP.
S'il est élu, il fera des propositions sur "l'interdiction des licenciements" ou en faveur d'un salaire minimum en Europe, et cognera sans réserve sur "l'Europe des banquiers" qui "ne propose que des lois libérales". La faute selon lui aux eurodéputés, des "eurocrates" et des "politiciens professionnels" qui vivent "dans le luxe" et "ne travaillent plus depuis longtemps". Sa liste, au contraire, présente des gens "qui mènent une vraie vie" et qui veulent porter la "colère" et la "lutte" sociales au parlement.
La "vraie vie" d'Yvan Zimmermann, c'est celle d'un ouvrier du secteur de l'automobile, employé depuis une douzaine d'années chez PSA mais qui, depuis quelques temps, a dû passer à mi-temps pour cumuler un deuxième emploi. "Comme beaucoup d'employés de PSA", affirme-t-il. "J'ai une grande famille", explique ce Mulhousien, père de quatre enfants et dont l'épouse est sans emploi. "Et un salaire plein ne suffit pas". Alors, pour améliorer l'ordinaire, il fait des travaux d'élagage chez des particuliers ou en sous-traitance pour au final gagner plus qu'un temps plein.
Avant PSA, il s'est frotté à l'intérim, après des études dans un lycée agricole. Ses parents --tous deux infirmiers, soixante-huitards tendance autogestionnaire-- étaient encartés à la CFDT. Adolescent, il fréquente les milieux tiers-mondistes, fait un passage chez Lutte Ouvrière (LO) avant d'être séduit par le "frère ennemi" trotskiste, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) d'Olivier Besancenot, "ancêtre" du NPA.
En 2008, il monte sur Mulhouse Union 68, prélude local au NPA, avant d'être bombardé l'année suivante tête de liste aux européennes: "je suis ouvrier. Le fait que je sois tête de liste, c'est le symbole de quelqu'un qui subit la crise", analyse-t-il.
Dans sa circonscription Grand Est (Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté et Lorraine), il a démarré sa campagne il y a environ trois semaines. Les moyens sont quasi-artisanaux: déplacements en voiture personnelle, hébergement chez des camarades les soirs de meetings... Avec une dizaine de réunions publiques à son actif, le candidat trotskiste se trouve à mi-parcours.
Et, patiemment, continue de labourer un terrain social que la crise a, espère-t-il, rendu réceptif aux discours sociaux musclés. Il multiplie donc les visites aux entreprises en difficulté (Vistéon en Franche-Comté, Johnson Controls en Lorraine...), "là où les ouvriers mènent la bagarre", insiste-t-il. "On ne pourra pas économiser de grosses bagarres dans les rues pour changer les choses", prophétise cet admirateur du LKP antillais, prenant pour exemple "Mai 68" qui a "changé plus de choses que n'importe quelle élection".
dsa/pad/fj Par Damien STROKA