TOULOUSE, 24 jan 2011 (AFP) - Le procès de trois militants pro-Palestinien jugés par le tribunal correctionnel de Perpignan pour avoir appelé au boycottage des produits israéliens devant une grande surface a été renvoyé lundi au 26 septembre. Le renvoi a été décidé à la demande de la défense et en accord avec les parties civiles et le parquet, dans l'attente d'une décision de la Cour de cassation sur un arrêt de la cour d'appel de Bordeaux dans une affaire similaire. Environ 250 manifestants, dont Alain Krivine, ancien porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire devenue NPA, s'étaient réunis devant le tribunal pour soutenir les prévenus poursuivis pour "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne en raison de son origine ou de son appartenance ou non-appartenance à une ethnie nation, race ou religion déterminée". Le 15 mai 2010, le "Collectif 66 paix et justice en Palestine", qui revendique une cinquantaine d'organisations et dont sont membres les trois prévenus, avait organisé devant un magasin Carrefour proche de Perpignan un "action" dite "de sensibilisation". Des militants avaient appelé la clientèle à boycotter les produits israéliens. Cette action s'inscrivait dans la "Campagne internationale BDS" ("Boycott, désinvestissements, sanctions") lancée par la société civile palestinienne pour lutter de manière non violente contre "l'illégalité" de l'exploitation économique par Israël des territoires occupés après 1967, selon ses promoteurs. Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA), qui affirme être à l'origine de poursuites engagées contre 80 personnes en France pour leurs appels à boycotter les produits israéliens, est partie civile à Perpignan ainsi que la chambre de commerce France-Israël, l'association avocats sans frontières et l'Alliance France-Israël. La défense argue au contraire que les articles de la loi de 1881 sur la liberté de la presse servant de bases aux poursuites sont contraires à la Constitution et à la déclaration universelle des droits de l'Homme. La Cour de cassation devra notamment se prononcer sur la question préalable de constitutionnalité soulevée par la défense à Bordeaux, et évoquée également par les prévenus de Perpignan. "Nous faisons la jurisprudence", a commenté leur avocat Me Antoine Comte. En attendant, les prévenus ont dit que leur détermination restait entière. "Le boycott est un acte politique et nous continuerons tant qu'Israë n'appliquera pas le droit international", a déclaré Bernard Cholet en sortant du tribunal. "Nous boycottons des produits, pas des personnes", a souligné pour sa par Yamina Tadjeur. "Non respect des lois internationales, sanctions contre Israël", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants, parmi lesquels figurait aussi Sakina Arnaud, condamnée en appel à Bordeaux à 1.000 euros d'amende. cor-ev/dbe/DS