Le Nouveau parti anticapitaliste espère récolter un million d'euros, un objectif plus modeste que la souscription lancée le mois dernier par l'UMP.
Par KIM HULLOT-GUIOT
Lancer une grande souscription pour renflouer les caisses du parti, la méthode est décidemment à la mode. Le Nouveau parti anticapitaliste n’a pas vu ses (modestes) comptes de campagne rejetés, mais, comme l’UMP, il a besoin d’argent. Ce mardi matin sur France 2, Philippe Poutou, leader du parti depuis qu’Olivier Besancenot a décidé de se faire plus discret sur le plan médiatique, affirmait: «On n'a plus de financement public suite à nos petits scores électoraux aux législatives de l’année dernière. (...) On lance un appel à la population, aux salariés, au peuple de gauche qui pensent que la voix anticapitaliste doit se faire entendre.»
Joint par Libération, Thibault Blondin, membre du Conseil politique national (CPN) du NPA, explique :«Cette année, nous n'avons plus de financement public, mais nous voulons nous donner les moyens de répondre aux échéances de la rentrée, qu'il s'agisse de la réforme des retraites ou des élections municipales et européennes de 2014».Selon lui, pour ces dernières, le seul matériel officiel (bulletins de vote, affiches et professions de foi) coûte 1,5 million d'euros. Une somme que«les gros partis arrivent à se faire rembourser, quand ils présentent des comptes de campagne valides ; et, sans présumer des discussions qu'on peut avoir avec les autres forces politiques, nous devons assurer le financement de [ce minimum là]»,souligne-t-il.
Tout comme l’UMP, l’argument du NPA pour convaincre de donner, c’est la possibilité d’une déduction fiscale, à hauteur de 7 500 euros, sur les sommes versées aux partis politiques. «Les dons ouvrent droit à une réduction d’impôts égale à 66% de leur montant la limite de 20% du revenu imposable. Tous les dons effectués avant le 31 décembre 2013 seront déductibles des impôts de l’année 2014», peut-on lire sur le site internet du parti.
Un objectif prudent
Le NPA explique sur son site: «La logique destructrice du capitalisme est à l’oeuvre. (...) Le chômage, les politiques d’austérité font des ravages [en Europe], les conditions de vie et de travail se dégradent constamment, la démoralisation gagne le monde du travail en l’absence de perspectives crédibles de la gauche politique et syndicale. C’est elle qui crée le terreau de la prospérité pour le FN et les idées réactionnaires, nationalistes, racistes, homophobes et islamophobes. (...) Il n’y a pas d’issue hors d’une politique anticapitaliste. C’est pourquoi les militant(e)s du NPA se tournent vers vous et en appellent à votre soutien.»
L'objectif — récolter un million d’euros— pourrait paraître prudent ; mais, rapporté aux quelque 2500 adhérents recensés en février 2013, cela représente tout de même 400 euros par tête. Une quête rendue d’autant plus difficile que ce n’est pas la première fois que le parti lance une souscription: à l’été 2012, il avait déjà demandé à ses militants de participer à renflouer ses finances.«Nous faisons une souscriptions tous les ans, précise Thibault Blondin, jusqu'ici nous demandions autour de 200 à 250 000 euros, que nous obtenions toujours».
Ce membre de la direction du parti se veut optimiste :«Quand on voit que certains au PS ou au PC ont donné à l'UMP, on espère que des gens jugeront utile, [qu'ils soient ou non d'accord avec nous] que nous soyions là et qu'on puisse exister.» Et d'insister :«En 2012, nous avons obtenu les 500 signatures de maires alors que le NPA était dans une situation difficile. Parmi eux, il y en avait peut-être deux qui nous les ont donné pour des raisons politiques. Donc imaginer que 1000 personnes donnent 100 euros n'est pas démentiel. Ca me parait jouable.»
Autre difficulté: même sur le site internet du parti, à l’exception d’un discret onglet «souscription» en haut à droite, rien n’évoque les comptes du NPA en difficulté. Au contraire, sur le site de l’UMP, l’annonce du lancement de la souscription était clairement visible en page d’accueil. Et la retape avait été assurée par les caciques du parti, sans relâche. Avec un moindre écho médiatique, le NPA aura la tâche sans doute plus ardue.