MONTREUIL, 12 fév 2011 (AFP) - Le NPA a débattu samedi du foulard islamique, semblant s'orienter, malgré ses divisions, vers le refus de voir des femmes voilées candidates aux élections, tout en reconnaissant leur droit à militer dans ce parti à la tradition trotskiste, laïque et féministe.
Réuni à Montreuil pour son premier congrès depuis sa fondation en février 2009, le parti d'Olivier Besancenot s'est à nouveau penché sur la question perturbé depuis des mois par la candidature aux dernières régionales d'une jeune femme voilée en Provence-Alpes-Côte d'Azur qui avait été imposée par le comité local du Vaucluse, sans l'accord de la direction nationale.
Depuis, Ilham Moussaïd et plusieurs militants du Vaucluse ont quitté le NPA, tout comme de nombreux adhérents opposés, eux, au voile, mais le sujet reste clivant.
"Ca concerne encore peut-être deux, trois femmes voilées au NPA", minimise Alain Krivine, un des fondateurs de la Ligue communiste révolutionnaire (devenue NPA), assurant que "si la question se repose localement, il y aura alors une décision nationale".
Une commission du congrès travaillait toujours samedi en fin de journée un texte de synthèse pour concilier les positions, sans que l'on sache quand elle pourrait rendre ses conclusions.
Auparavant lors des congrès locaux, la motion de la direction ("parti ouvert aux personnes croyantes ou non croyantes" mais qui "ne peut pas être représenté par ce symbole qu'est le foulard islamique") avait recueilli un majorité de 55,4% des votes exprimés.
Le texte des "camarades" d'Avignon intitulé "pour un parti de masse égalité", a obtenu plus d'un quart des voix (27,7%). Leur ligne qui consiste à "rentrer dans les quartiers par la religion" a été "désavouée", s'est félicité à la tribune Ingrid Hayes qui portait le texte "religion, émancipation laïcité" de la direction.
Militant d'Istres, Adil Fajry a dénoncé, devant les délégués, "l'intégrisme laïcard qui règne et qui est pesant" au NPA. Pour lui, il est "paradoxal d'"applaudir les révolutions en Tunisie et en Egypte, de soutenir (les émeute dans) les quartiers en 2005" et de ne rien faire pour qu'on ouvre les portes à ces gens-là".
"Ils ont des convictions religieuses et on ne peut pas le nier ça!", a-t-i lancé, soulignant qu'"il ne faut pas confondre l'islam comme on le connaît avec tous ces fadas" d'islamistes. Se disant "plus proche d'un militant d'Emmaüs que d'une espèce de Saoudien", il a plaidé pour "accepter ces gens qui veulent se fédérer pour combattre le capitalisme parce qu'ils en souffrent tous les jours".
Certains ont également dénoncé la "discrimination" que pourraient subir des militantes voilées aux droits inégaux, étant acceptées dans le parti sans toutefois pouvoir le représenter aux échéances électorales.
Dans un parti qui lorgne l'électorat des quartiers populaires et qui dispose de comités locaux bien implantés, notamment dans les quartiers nord de Marseille, ceux de Grenoble, ou en Seine-Saint-Denis, "l'intervention du NPA ne doit pas se faire sous l'angle de la religion mais sous l'angle social" plaide un militant.
Au NPA, les partisans d'une laïcité stricte et ceux pour qui la lutte anti-raciste doit primer sur la lutte féministe s'affontent donc toujours.
"C'est compliqué de croiser l'anti-racisme et le féminisme", reconnaît Pierre-François Grond de la direction, souhaitant que les croyances soient "laissées à la porte du parti". "Satisfait" du débat au sein du NPA, il veut croire que le parti "prend de l'avance" sur les autres car "ce débat va exister de plus en plus" dans le pays.
jud/rh/cm Par Julie DUCOURAU