Publié dans Nord Eclair - le mercredi 10 mars 2010 à 06h00
De la CGT, où elle fait partie de la frange des « durs », à sa candidature sous la bannière du NPA, Pascale Montel, ouvrière chez YKK à Seclin, a le goût de l'engagement radical. Les lunettes embuées, les cheveux collés par la pluie, Pascale Montel « tracte » à la sortie du métro Gambetta, à Lille. C'est dimanche matin, nous sommes à deux semaines du scrutin et les abords du marché de Wazemmes comptent un nombre impressionnant de militants politiques au mètre carré. À 52 ans, dont 32 de « militance », la tête de liste du NPA dans le Nord - Pas-de-Calais ne compte plus les journées passées à battre le pavé pour tenter de convaincre, voire « d'élever les consciences ».
Du syndicat à la politique Elle a commencé sous la bannière CGT. Mais attention, la frange dure, celle des métallos, de ceux qui ont tenté de déboulonner Thibault , qu'ils accusent, insulte suprême, de tendre au « réformisme ». Après avoir gravi les échelons syndicaux, elle a voulu passer de l'autre côté. Elle « en avait assez de subir les décisions politiques ». Fil rouge de son engagement, la volonté de se faire porte-parole de « ceux qui travaillent dans les taules », comme elle dénomme les entreprises. Elle dit avoir hésité. À la CGT, elle a « croisé la route de beaucoup de militants » de différentes obédiences, avant, il y a deux ans, de prendre sa carte à la LCR. « Le PC, ils sont bien dans les idées, mais passent leur temps à négocier des places avec le PS ». Quant à LO, ils sont « trop fermés, trop rigides ». « J'ai adhéré à la LCR parce que je savais le NPA en gestation. L'avantage du NPA, c'est qu'il est très à gauche, mais dans un esprit d'ouverture », expose-t-elle. Esprit d'ouverture qui a tout de même ses limites. Le surgissement du débat sur le voile d'une des candidates NPA lui a laissé un goût amer. « Nous trancherons cela au prochain congrès », pose-t-elle. « À la CGT, j'étais responsable du collectif "femmes". Je préfère être de ceux qui se battent pour la liberté des femmes dans le monde ». Un de ses arguments massue de campagne, c'est la gratuité des transports. « Mesure sociale et environnementale ! », insiste Pascale Montel, qui s'emporte contre « la casse du service public » dans les transports comme ailleurs. Sur les transports, elle plaide aussi pour une densification et un service étendu. « Ça crée de l'emploi et ça répond aux besoins : pour ceux qui travaillent en équipe de nuit, actuellement, quel transport les amène au boulot à 4 h du matin ? ». Autre cheval de bataille, « l'interdiction des licenciements... C'est possible dans le public, pourquoi pas dans le privé ? », s'interroge-t-elle, avant de se souvenir de la révision générale des politiques publiques qui prévoit le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux qui part en retraite. Sur le financement de ces mesures, Pascale Montel est directe, voire expéditive : « l'argent, il faut aller le chercher dans la poche des patrons : tout est à nous ». Et si les capitaux fuient avec leurs détenteurs ? « Qu'ils se cassent. On n'a pas besoin d'eux, ce sont eux qui ont besoin de nous ».« Minoritaire » assumée Loin de tout réalisme économique, elle assume. « Dans le système tel qu'il est, ce que nous proposons ne passe pas. C'est pour cela qu'il faut en changer ». Utopiste, colérique, « révoltée », elle se sait « dans le camp des minoritaires », mais croit percevoir, « dans l'élan de solidarité spontanée pour Haïti la preuve que tout n'est pas perdu ». Plus prosaïquement, pour ces régionales, « à 4 ou 5% », elle serait « ravie » et ne se reconnaît qu'« un seul regret : que nous n'ayons pas pu faire alliance avec LO. Sur le terrain, nous sommes capables de faire l'unité ». Dans le petit café de Wazemmes où elle s'est un moment abritée de la pluie, c'est d'ailleurs avec une chaleur visiblement non feinte qu'elle salue Dominique Wailly, numéro 2 de LO dans le Pas-de-Calais, lui aussi en pleine distribution de tracts.
MATTHIEU MILLECAMPS