Le parti anti-capitaliste a écrit à l'ensemble des formations de la gauche radicale pour envisager un rapprochement. Trop tard, répondent en substance le Parti de gauche et le parti communiste.
Bien essayé, mais trop tard. C'est en substance le message qu'adressent les principales forces de la gauche radicale, qui ont reçu cette semaine une lettre du Nouveau parti anticapitaliste.
L'objectif ? "Voir comment ensemble on peut créer un bloc contre l'austérité, un front social et politique pour résister à tous les mauvais coups, pour travailler aux revendications que défendent les uns et les autres, pour voir aussi comment on fait pour sortir de l'Europe libérale", dixit Olivier Besancenot sur France 2.
L'organisation Alternative libertaire est pour l'instant la seule à avoir répondu favorablement. Ce qui n'est pas le cas du Front de gauche, une attitude que l'on peut interpréter comme une fin de non-recevoir.
"Pas d'accord avec le terme d'opposition"
Au PCF, on déplore volontiers l'attitude "fermée" du parti d'Olivier Besancenot et Philippe Poutou, lors de chaque élection. Au Parti de Gauche, on ironise sur le côté "décalé dans le temps" de la démarche: "Le NPA rate à chaque fois l'occasion d'une éventuelle union, notamment en vue des élections. Là, ils ont besoin de rebondir, donc ils appellent à l'unité", soupire Eric Coquerel, secrétaire national du parti. "Il y en a qui s'immolent par le feu, le NPA, lui, s'immole par les urnes", pouffe un autre cadre du FDG.
Gérard Piquet, le porte-parole de la Gauche unitaire passé par le NPA, se "réjouit" de son côté qu'Olivier Besancenot s'ouvre enfin après avoir pratiqué "l'isolationnisme". Ce qui ne l'empêche pas de voir clair, selon lui, dans le jeu de son ancien camarade. "Il est dans la posture[...]Peut-être aussi veut-il faire la démonstration que les membres du Front de Gauche sont des "traitres" ralliés à Hollande...Pourtant, l'important, c'est de changer la gauche pour la faire réussir".
Ne pas jouer "les vierges rouges effarouchées"
Mais plus que sur la forme, c'est sur le fond que le bât blesse. "Nous ne sommes pas d'accord avec le terme d'opposition," poursuit Eric Coquerel. Nous préfèrons parler d''autonomie conquérante'. Ce qui veut dire qu'à l'Assemblée, nous voterons pour les réformes qui iront dans le bon sens, et contre celles qui nous semblent injustes."
Patrice Bessac, porte-parole du PCF, ne dit pas autre chose: "Nous voulons être une force constructive et critique, notre but n'est pas de taper sur le PS. Sans être des béni-oui-oui, nous ferons partie d'une majorité de gauche qui n'a pas le droit de décevoir. Notre priorité est l'intérêt de la France, pas de jouer les vierges rouges effarouchées."
Une rencontre entre le NPA et le FDG n'est pourtant pas exclue. "On continuera de s'adresser à eux, comme on l'a toujours fait. Il n'y a pas de problème, on les rencontrera, mais après les législatives, et sûrement pas sur les bases de cette lettre", conclut Eric Coquerel. En clair, l'union la gauche de la gauche, ce n'est pas pour demain.
Par Yann Duvert, publié le 31/05/2012.