On sait combien l’heure est grave : des attaques sociales au bulldozer, une extrême-droitisation mortifère, une banalisation du racisme entérinée et relayée par certains grands médias privés et publics, des inégalités qui ne cessent de se creuser pendant que les dividendes aux actionnaires continuent d’atteindre des sommets indécents et insensés… Le capitalisme est parvenu à un stade d’expansion tel que l’imposition de la logique marchande, l’exploitation et la compétition affectent désormais chaque sphère de nos existences. Ce mode de production sans limites et sans éthique, fondé uniquement sur la recherche du profit et la pulsion d’accumulation, fait courir l’humanité à sa perte. L’humanité, mais aussi plus globalement le vivant : un véritable biocide est en cours, une destruction. Face à nous, extrême droite et extrême centre qui rivalisent de surenchère sont bien organisées et avancent, non sans contradictions et divergences, mais en rangs serrés pour frapper le monde du travail, les plus défavorisé·es, les plus fragiles, les « minorités » et pour saccager la planète.
Et nous ? Depuis plusieurs années, nous constatons que le capitalisme est de plus en plus interrogé, mis en cause et critiqué. De plus en plus de personnes tentent d’échapper à sa logique en produisant, en consommant ou en vivant autrement, par l’auto-organisation et diverses formes d’autogestion. Il n’est plus possible d’affirmer sans ciller qu’il n’y a pas d’alternative. Mais pour arriver à la nécessaire rupture avec le système capitaliste, nos forces sont dispersées, nos luttes trop souvent cloisonnées, nos collectifs émiettés. Travaillons ensemble, luttons ensemble, rejoignons-nous, fédérons-nous. Nous pensons qu’il est urgent de former une « maison commune », un espace commun, coopératif et pluraliste qui préserverait absolument l'autonomie de chaque collectif et organisation mais pourrait constituer une force décuplée, attirer largement bien au-delà des organisations existantes, parler parfois d’une même voix en popularisant et médiatisant non seulement l'anticapitalisme et nos luttes locales, nationales, internationales, mais également nos alternatives tangibles. Nous savons qu’il y a déjà eu des tentatives en ce sens et qu’elles n’ont pas toujours été probantes : recherchons-en les raisons, en mêlant l’enthousiasme et la lucidité. Il est temps de faire de nos éventuels désaccords et divergences une richesse et non un sujet de division.
Nous proposons un premier pas avec une assemblée de discussion le jeudi 11 novembre – en visio pour que nous puissions y prendre part quel que soit l’endroit où nous vivons. Ce sera l’occasion d’évoquer non seulement la situation, mais surtout ce que signifie à nos yeux un anticapitalisme conséquent et plus encore de véritables alternatives car nous ne sommes pas d’abord des « anti » : cette assemblée est principalement destinée à mettre en partage ce qui forge un horizon, un espoir de s’organiser et de vivre autrement.
Signataires : Association des communistes unitaires, Autogestion et Émancipation (courant d'Ensemble), Cerises la coopérative, Émancipation collective, Émanciper, L’offensive, Maison commune de la décroissance, PEPS (Pour une écologie populaire et sociale), Plein le dos, Nouveau Parti Anticapitaliste, Rejoignons-nous, Réseau 3AEF (Autogestion, Alternatives, Altermondialisme, Écologie, Féminisme), Se fédérer
Adresse du NPA à l'assemblée anticapitaliste du 11 novembre 2021