Interview dans Le 13 du mois. Guillaume Biojout, 25 ans, a été désigné pour représenter le parti fondé par Olivier Besancenot dans l'arrondissement. Sans union avec le Front de gauche, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) mènera la bataille seul. Conscient des difficultés d’atteindre un score significatif, ce cheminot à la gare d'Austerlitz souhaite avant tout faire passer des messages.
Le 13 du mois : La première question sera simple. Qui êtes-vous ?
Guillaume Biojout : Je milite depuis une dizaine d'années, d'abord à la LCR puis au NPA. Je suis cheminot à la gare d'Austerlitz, syndicalement et politiquement sur le 13e depuis cinq ans, mais je n'y réside pas.
Pourquoi avez-vous décidé d'être tête de liste du NPA ?
On voulait déposer une liste qui fasse penser la politique d'une autre manière, avec des travailleurs, des salariés, des étudiants, des habitants qui se sont mobilisés sur certaines luttes. Ça ne me dérange pas de le faire, mais ce n’était pas vraiment un choix personnel. On m'a proposé et j'ai accepté. C'est moi ici, quelqu'un d'autre ailleurs.
Quelles sont vos priorités pour le 13e ?
L’axe principal est le logement. Paris est la vitrine du luxe, de la finance, une ville bourgeoise. En dix ans, les prix ont doublé et la politique du logement social est clientéliste, à l’image de personnes comme Frigide Barjot, qui y accèdent alors qu’elles n'y ont pas droit. La politique menée par la municipalité est insuffisante et inefficace. Il y a presque autant de gens en attente d'un logement social que d'appartements vides à Paris ! Il faut une politique qui s'attaque aux logiques de propriété. Le logement devrait être entièrement public.
Figure justement dans votre programme la réquisition des logements vacants...
Nous sommes des militants révolutionnaires, anticapitalistes. Mais il y a une mesure, bien légale, qui existe depuis 1945 et qui permet justement ces réquisitions. Cette loi n'est jamais appliquée, alors il faut changer cela. Mais nous avons aussi d'autres revendications sociales : sur la question du service public, nous nous insurgeons contre la fermeture de certains services du centre de santé du Moulinet ou la restructuration foncière à la Pitié-Salpêtrière. Pour les transports, nous défendons l'idée d'un pass Navigo gratuit pour tous. Nous militons aussi en faveur du droit de vote pour les étrangers, une promesse oubliée de François Hollande.
Dans votre programme, vous parlez de renversement du capitalisme, d'autogestion, d'antiproductivisme. Est-ce que ces thèmes sont vraiment dans l'air du temps ?
Quand on voit les limites du système actuel, oui, et même de plus en plus. La crise a révélé l'ampleur des écarts de richesse et le gouvernement actuel refuse toute politique de réforme en faveur des salariés. On est dans un système qui ne peut pas être réformé, il faut donc le renverser, abattre les logiques de profit et de propriété privée. Mais ce n'est pas le NPA qui va changer la vie, ce sont les salariés, en se bougeant ensemble. Nous cherchons à reconstruire cette perte de confiance en l'action collective. La grève et la rue sont des instruments déterminants du changement social.
Espérez-vous vraiment intégrer le conseil municipal ?
Si nous obtenons des élus, c'est bien, mais le but est de faire passer un message clair : si on veut un Paris populaire, il faut un Paris anticapitaliste, contrairement à ce que fait la majorité actuelle et contrairement à ce qu'a fait la droite avant elle.
Natacha Larchet, de la LCR, avait fait 3,81% en 2008. Pensez-vous faire mieux ?
On ne mise pas particulièrement sur la victoire. Plus on aura de voix, plus il y aura de gens qui porteront leur vote sur une liste clairement indépendante de la majorité municipale, et plus on s'en réjouira. Mais on n'a pas d'objectif chiffré.
Vous auriez pu rejoindre le Front de gauche afin de présenter le visage d'une gauche radicale rassemblée. Le rapprochement s'est fait ailleurs, pourquoi pas dans le 13e ?
Nous avons eu des discussions au niveau parisien et sommes en désaccord avec eux sur le bilan des mandatures Delanoë. Le Parti de gauche nous a dit vouloir fusionner avec la liste socialiste au second tour s'il fait le score nécessaire. Nous, nous le refusons car nous voulons être en totale indépendance vis-à-vis du PS.